Nous, c’est qui ?
Posté par diaconos le 28 février 2019

Homélie de frère Antonio-Ryo Sato
« Celui qui n’est pas contre nous est pour nous », dit Jésus. Ici, qui est-ce que le mot « nous » signifie ? D’autre part, un de ses disciples dit : « [Quelqu’un] n’est pas de ceux qui nous suivent. » Qui ce disciple indique-t-il par le même mot « nous » ?
Jésus s’appelle lui-même « nous » avec ceux et celles qui marchent avec lui, d’un côté. De l’autre côté, il y a des disciples qui veulent se distinguer des autres qui n’appartiennent pas à leur groupe.
Pour Jésus, « nous », ce sont toutes et tous qui s’efforcent à vivre avec lui pour réaliser la volonté du Père. Pour certains de ses disciples, « nous », ce sont les membres de leur propre parti.
Pour Jésus, « nous », c’est ouvert ; pour ceux qui passent pour ses disciples, « nous », c’est fermé et exclusif. Ceux-ci ne pensent pas vraiment à suivre le chemin de leur maître, mais ils sont plutôt fiers d’être un entourage de quelqu’un de célèbre et ils aiment préserver leurs privilèges pour eux-mêmes.
Alors, à ce propos, comment notre Église est-elle ? Nous souhaitons évidemment qu’elle soit ouverte ; que nous soyons ouverts pour que personne ne soit empêché de rencontrer Christ, notre Maître. Oui, nous le souhaitons. Si notre Église est comme un groupe de ceux et celles qui prétendent monopoliser le nom du Christ de manière qu’elle soit fermée et exclusive sous la direction de soi-disant disciples suffisants et autoritaires, qu’est-ce qui lui arrive ? – à l’intérieur, des violences cachées et des victimes opprimées ; à l’extérieur, des vanités et des mensonges. Elle ne gagnera aucune confiance de nulle part.
Mais, malheureusement, cela nous paraît comme réalité ces jours-ci – nous devons entendre, jour après jour, scandales sur scandales, dénoncés de l’intérieur et reprochés de l’extérieur de l’Église. Dans ces circonstances, nous sommes poussés à prier pour « notre » Église. Pourtant, je suis tenté de me demander. Quand nous disons, par exemple, : « Seigneur, nous te prions », ou « Saint Martin priez pour nous », qui sommes « nous » ?
Quand nous disons « nous » dans notre oraison, pour moi, pour chacun de vous et pour nous tous ici ensemble, « nous » c’est qui ? Avant tout, ce que nous appelons « nous », ce sont les enfants de l’Église une, sainte, catholique et apostolique : les frères et les sœurs dans la communion universelle au nom du Christ. Cependant, ces chrétiens catholiques sont fortement exhortés par le Christ lui-même à être ouverts à toutes et tous qui sont appelés de l’humanité entière à être sauvés par l’Évangile.
En particulier, nous nous appelons « nous » pour être solidaires surtout des gens qui ont besoin de guérisons, de protection et de délivrance du mal de ce monde, à savoir des victimes des violences humaines. Aujourd’hui, tout d’abord, nous devons recommencer par penser à ceux et celles qui ont été gravement blessés, dans notre Église Catholique, par ses ministres pervertis. Sinon, comment l’Église pourrait-elle marcher encore comme le corps du Christ ? En appelant l’Église « nous », il nous faut nous ouvrir à la fois au monde et aux gens qui souffrent dans l’Église.
Nous venons d’entendre dans la première lecture le Sage dire : « Aimer [la sagesse], c’est aimer la vie » ; aussi dit-il : « si [quelqu’un] s’égare loin de de [cette sagesse], [celle-ci] l’abandonnera et le laissera aller à sa perte. » Voilà le principe pour que nous soyons l’Église ouverte en sagesse ; respecter les uns les autres pour que chacun et chacune vive sa vie en dignité parmi nous-mêmes, en sorte que ce respect soit manifesté au monde entier.
S’il y a des frères et des sœurs blessés dans l’Église, c’est nous tous qui sommes blessés, ainsi que le Christ lui-même. Et quand nous nous appelons sincèrement « nous », nous sommes aussi avec ceux et celles qui ont été offensés et meurtris dans le monde. Alors, demandons à Dieu de nous donner de la sagesse pour respecter la vie de tous les êtres humains et pour être l’Église ouverte à nous-mêmes et à qui nous rencontreront.

Antonio-Ryo Santo exerce tous les jours le service liturgique en tant que ministre de l’Église Catholique. Il est chargé de prêcher à la messe dominicale et à des réunions de fidèles. D’autre part, il travaille comme chercheur de la philosophie de la religion, surtout sur la pensée des auteurs japonais modernes et contemporains sur ce domaine ; par exemple, KIYOZAWA Manshi, HATANO Seiichi, NISHITANI Keiji, IZUTSU Toshihiko. Et il s’occupe de mettre leurs œuvres en dialogues avec celles des grands penseurs catholiques de nos jours ; H. de Lubac, K. Rahner, Y. M.-J. Congar, H. U. von Balthasar, E. Schillebeeckx, P. Theilard de Chardin, M. Zundel, T. Merton, H. J. M. Nouwen etc.
Contact → Antonio-Ryo Sato
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