Tu as été fidèle pour peu de choses, entre dans la joie de ton seigneur
Posté par diaconos le 29 août 2020
De ‘Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « Un homme qui partait en voyage appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.
Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi
et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre.
Le voici. Tu as ce qui t’appartient.” Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !” (Mt 25, 14-30)
La parabole des talents
Le royaume des cieux est comparé à ce que fit un homme qui, s’en allant en voyage, remit ses biens à ses serviteurs. Il donna à l’un cinq talents, à l’autre deux, à l’autre un. Aussitôt celui qui reçut cinq talents se mit à l’œuvre et en gagna cinq autres ; de même aussi celui qui en reçut deux. Mais celui qui n’en eut qu’un talent, l’enfouit dans la terre. Longtemps après, le maître revint et fit rendre compte à ses serviteurs. Celui qui eut reçu cinq talents en produisit cinq autres qu’il eut gagnés ; de même aussi celui qui en eut reçu deux. Alors le maître, louant leur fidélité, les admit à partager sa joie.
Mais celui qui n’en eut reçu qu’un talent vint et dit : « Seigneur, je savais que tu es un homme dur et injuste ; j’ai craint et j’ai enfoui ton talent dans la terre : voici ce qui est à toi. » Mais son maître lui répondit : « Méchant serviteur, si tu savais que je suis un homme dur et injuste, tu devais remettre mon argent à d’autres, qui me l’auraient rendu avec intérêt. Ôtez-lui le talent, donnez-le à celui qui en a dix, et jetez le serviteur inutile dans les ténèbres du dehors
Luc (Luc 19.12 et suivants) rapporte une parabole qui a des traits de ressemblance avec celle-ci, mais qui, à d’autres égards, en diffère profondément. Plusieurs interprètes, considérant ces deux récits comme une seule et même parabole, diversement modifiée par la tradition apostolique, se demandèrent auquel des deux appartient la priorité et l’originalité. Mais pourquoi ne pas admettre plutôt que Jésus a employé deux fois une forme si frappante d’instruction, en la modifiant de manière à exprimer deux idées différentes ? C’est le résultat auquel conduit une étude attentive des deux paraboles.
Dans la parabole rapportée par Luc, tous les serviteurs reçurent la même somme à faire valoir. Ici les dons confiés furent individualisés selon la capacité et les moyens de chacun. Ayant ainsi confié ses biens, le maître partit aussitôt. Aussitôt il s’en alla et fit valoir ses talents ; il ne perdit pas un moment, sentant sa responsabilité, et combien le temps fut précieux. Dès cet instant il travailla, opéra avec les talents et fit cinq autres talents. Il ne revint qu’après un long temps, ayant laissé à ses serviteurs le temps nécessaire pour leur travail. Et comme ce retour du maître représenta la seconde venue de Jésus, Jésus ne l’annonça pas dans un avenir si prochain que le veut une certaine exégèse.
Les cinq talents confiés ne furent pas peu de chose ; mais le maître les désigna ainsi en comparaison de ce qu’il confiera encore de ses immenses richesses à ce serviteur qui se montra bon et fidèle. Que signifie dans la parabole, ce mot : la joie de ton seigneur ? Les uns pensèrent à la satisfaction que le maître éprouva au sujet de ce bon serviteur, d’autres à quelque banquet ou quelque fête qu’il voulut faire pour célébrer son retour. Ici, Jésus passa tout à coup de l’image à la réalité, et que cette joie, fut la félicité et la gloire dont il jouit, et dans laquelle il introduisit son fidèle serviteur : « Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui » (Rm 8, 17)
Le langage de ce méchant serviteur fut emprunté aux usages de l’agriculture. Il exprima même, sous deux formes différentes, son accusation contre son maître : vouloir moissonner sans avoir semé, et ramasser sans avoir répandu. Cette dernière image est empruntée à l’usage de battre le blé, dont on disperse les épis sur la terre, pour ramasser ensuite le grain dans le grenier. Le serviteur voulut prouver à son maître qu’il fut un homme dur, trop exigeant, injuste. Mais lui-même trahit le fond de son cœur, où il n’y eut que de la crainte et pas de confiance, pas d’amour, pas de sollicitude pour les intérêts de son maître. Il se plaça vis-à-vis de lui sur le terrain de la propre justice. Il lui fit aussi le reproche sous-entendu de lui avoir trop peu confié.
Méchanceté et paresse, tels sont les deux vices que le maître vit dans le cœur et dans la conduite de son serviteur. Celui-ci les eut abondamment dévoilés, soit dans sa manière d’agir, soit dans ses sentiments envers son maître. Ce maître ne réfuta pas l’accusation portée contre lui, il l’admit , et il y a dans cette admission une ironie pleine de tristesse, mais pour en tirer aussitôt une conclusion toute opposée à la conduite du serviteur. Même s’il fut un homme dur et injuste, qui ne pût inspirer à son serviteur que de la crainte, celui-ci aurait dû, par cette crainte seule, faire valoir l’argent de son maître par des banquiers : séparant ainsi son bien de celui de son maître, il n’aurait pas fait de tort à celui-ci ; il aurait au moins réalisé cette justice à laquelle il en appela. D’autres encore virent dans l’acte de porter l’argent aux banquiers, le renoncement à la profession chrétienne qui est commandé à ceux qui n’ont pas dans le cœur la foi et l’amour de Jésus.
Le trésor divin, et l’acte de dépôt, réclamé du serviteur, un état de prière dans lequel le serviteur, qui se croit incapable d’agir lui-même pour la cause de Christ, peut au moins demander à Dieu de tirer de lui et de sa connaissance chrétienne le parti qu’il trouvera bon. (M. Godet)
Quand Jésus ôte à un homme le talent qu’il lui confia, il lui retranche par là tout moyen de travailler encore pour lui. Là commence le jugement : « Car à tout homme qui a, il sera donné, et il sera dans l’abondance ; mais à celui qui n’a pas, on lui ôtera même ce qu’il a. » (Mt 25, 29)
Explication de cette parabole
L’homme qui confie ses biens avant de s’absenter, c’est Jésus lui-même qui bientôt allait se séparer de ses disciples. Les serviteurs sont les disciples d’alors et les rachetés de tous les temps, quelles que soient leur position ou leurs fonctions dans l’Église. Les talents représentent tous les dons de Dieu, avantages naturels et grâces spirituelles, et en particulier l’effusion de son Saint-Esprit qui allait être accordée à l’Église, pour y créer une vie nouvelle et y vivifier tous les autres dons.
Ces talents sont répartis à chacun selo→formément à la souveraine sagesse de celui qui sonde les cœurs, mesure les forces morales et intellectuelles et connaît le degré de réceptivité de chaque âme. Il s’agit pour tous d’augmenter ces talents en les faisant valoir. De même, en effet, que des capitaux s’augmentent par les intérêts, par le travail, de même toutes les grâces de Dieu se multiplient par leur emploi fidèle dans la vie quotidienne.
Le retour du maître qui vient régler compte avec ses serviteurs, c’est l’avènement solennel, au dernier jour, de Jésus devant qui seront manifestés tous les secrets des cœurs et tous les fruits du travail de chacun. Le bonheur des serviteurs fidèles qui entrent dans la joie de leur Seigneur, aussi bien que l’inexprimable malheur du serviteur méchant et paresseux qui se voit dépouillé de son talent et jeté dans les ténèbres du dehors ce dénouement si grand, si tragique de la parabole, s’explique de lui-même.
Diacre Michel Houyoux
Complément
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