Nous ne sommes pas les enfants d’une servante, nous sommes ceux de la femme libre
Posté par diaconos le 12 octobre 2020
Nous sommes les enfants de la femme libre
De la lettre de saint Paul apôtre aux Galates
Frères, il est écrit qu’Abraham a eu deux fils, l’un né de la servante, et l’autre de la femme libre. Le fils de la servante a été engendré selon la chair ; celui de la femme libre l’a été en raison d’une promesse de Dieu. Ces événements ont un sens symbolique : les deux femmes sont les deux Alliances. La première Alliance, celle du mont Sinaï, qui met au monde des enfants esclaves, c’est Agar, la servante. tandis que la Jérusalem d’en haut est libre, et c’est elle, notre mère. L’Écriture dit en effet : Réjouis-toi, femme stérile, toi qui n’enfantes pas ; éclate en cris de joie, toi qui ne connais pas les douleurs de l’enfantement, car les enfants de la femme délaissée sont plus nombreux que ceux de la femme qui a son mari. Dès lors, frères, nous ne sommes pas les enfants d’une servante, nous sommes ceux de la femme libre. C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. Alors tenez bon, ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage. (Ga 4, 22-24.26-27.31 – 5, 1)
Allégorie des deux alliances
Abraham eut deux fils ; l’un d’une femme esclave, et l’autre d’une femme libre. Celui de l’esclave naquit selon la chair ; et celui de la femme libre, en vertu de la promesse divine. Abraham et Sara ne purent plus avoir d’espérance de voir cette promesse se réaliser. Ces choses allégorisées , ont un sens profond renfermé sous les faits historiques.
Si l’on a pu dire de l’histoire profane, avec une entière vérité, que chaque événement porta en lui l’enseignement qui ressortit de tout l’ensemble de l’histoire ; à plus forte raison en fut-il ainsi dans l’histoire du règne de Dieu. Ce règne se développa graduellement, d’une manière organique, sous la direction de Dieu, de sorte que les faits les moins importants en apparence reflétèrent les plus grands événements ou plutôt les renfermèrent en germe, comme le chêne majestueux fut pendant un temps caché dans le gland qui lui donna naissance : « Il leur proposa une autre parabole, et il dit: Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et semé dans son champ. (Mt 13, 31-
Tous les faits du règne de Dieu sont à la fois histoire et prophétie. Il est donc légitime de rechercher dans les Écritures de l’Ancien Testament ces grains de semence qui contenaient la riche moisson du Nouveau Testament ; mais il faut bien prendre garde à la position qu’occupe dans l’ensemble de l’histoire chaque événement particulier et ne jamais le détacher de cette liaison naturelle et organique, qui seule en indique le sens.
L’erreur de tant d’interprétations allégoriques vient de ce que, perdant de vue le cours général de l’histoire, abandonnant le terrain des faits, on a voulu rattacher ces interprétations à des ressemblances fortuites, à des analogies arbitraires ; de sorte qu’au lieu d’expliquer l’histoire véritable, on se créa à côté de celle-ci une histoire fantastique, et alors il n’y eut plus de bornes aux aberrations de l’imagination. Telles furent les interprétations allégoriques fort en usage dans la littérature juive au temps de Paul.
En recourant à l’allégorie, Paul fut sûr d’être bien compris de ses premiers lecteurs. Mais put-on dire qu’il eut évité tous les écueils du genre et ne fut pas tombé dans l’arbitraire en appliquant aux deux alliances l’exemple d’Agar et de Sara ? Ce rapprochement forcé n’ajouta rien à sa démonstration.
Par le moyen des allégories on ne peut rien fonder ni rien prouver d’une manière certaine ; mais elles servent à orner, à éclairer, à rendre plus intelligible une thèse bien démontrée d’autre part. Si Paul n’avait pas commencé par établir à force d’arguments solides que nous ne sommes pas justifiés devant Dieu par les œuvres de la loi, mais par la foi seule, il n’aurait rien prouvé par cette allégorie. Mais après avoir fondé cette vérité sur l’expérience des croyants, sur l’exemple d’Abraham, sur les témoignages et les déclarations de la sainte Écriture, il ajoute finalement cette allégorie pour agrémenter sa démonstration. Comme un tableau orne une maison qui a été auparavant bâtie sur de fermes assises et lui donne bonne apparence, ainsi l’allégorie embellit une solide argumentation. (Luther)
Paul vit dans Agar et Sara une image des deux alliances, ou des deux testaments, d’où furent issus deux peuples différents.
D’une part, Agar, esclave, qui enfanta, non selon la promesse, mais selon la chair, représenta le Testament de Sinaï qui ne produisit que l’esclavage. Elle correspondit à la Jérusalem d’à présent, le centre théocratique de ce peuple juif qui s’obstina à vouloir rester dans la servitude de Sinaï, en repoussant la liberté de la grâce ; à vouloir obtenir par la chair ce qui ne s’obtint que par la promesse.
Sara, la femme libre, de qui descendirent les enfants de la promesse, représenta le Testament de la grâce, la vraie Église de Dieu, la Jérusalem d’en haut, qui fut la mère des croyants, puisqu’ils naquirent de nouveau dans son sein, et par les moyens de grâce dont elle fut dépositaire, puisqu’elle renferma tous ceux que le Fils eut affranchis et rendus fils de Dieu, ses vrais héritiers.
Ainsi Paul, voulant caractériser les différences des deux Testaments par des types historiques, mit en contraste : Agar et Sara, la chair et la promesse, l’esclavage et la liberté ; et, dans le développement de cette comparaison, une autre image s’offrit à lui pour rendre la même pensée, et il opposa : Sinaï et la Jérusalem terrestre à la Jérusalem d’en haut, ou à la vraie Église de Dieu.
Paul voulut rappeler la patrie des descendants d’Ismaël, dont plusieurs tribus habitèrent l’Arabie, et qui furent les enfants d’Agar. Paul chercha à compléter ainsi et à rendre plus frappant le parallèle établi dans tout ce passage entre Agar et Sina. Paul appliqua à Agar et à Sara, ainsi qu’à leur postérité respective, l’une selon la chair, l’autre selon la promesse, les paroles du prophète, qui furent le commencement d’une magnifique description de l’état prospère du peuple de Dieu sous la nouvelle alliance.
Dans le passage prophétique, il n’est pas directement question de Sara ; Isaïe s’adressa au véritable Israël, auquel il promit un glorieux avenir. Mais Sara pouvait, à bon droit, être considérée comme la mère de ce peuple de Dieu. Sa longue stérilité, suivie de la naissance d’Isaac, était une juste image de la stérilité spirituelle du peuple d’Israël, suivie de la plénitude de bénédictions qu’il devait recevoir en Jésus-Christ. (Olshausen)
Tenez-vous fermes dans la liberté en Christ, et gardez-vous des séducteurs
La liberté par Christ et en Christ, la servitude sous la loi et dans toute propre justice de l’homme, voilà le contraste qui fit le mieux comprendre l’Évangile de la grâce de Dieu. Ces paroles furent à la fois la conclusion de tout ce qui précéda, et une transition naturelle à l’exhortation suivante.
Diacre Michel Houyoux
Complément
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