Fête de tous les saints — Solennité
Posté par diaconos le 28 octobre 2020
Fête de tous les saints — Solennité
De l’Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 1-12 a)
Le Christ enseignant
Jésus étant monté sur un plateau élevé de la montagne, commença à enseigner les foules rangées autour de lui. Dans huit béatitudes, il proclama le bonheur et indiqua les qualités des gens qui auront part au royaume des deux. Ce sont d’abord ceux qui aspirent aux biens spirituels de ce royaume : les pauvres en esprit, que leur humilité met en possession du royaume ; ceux qui pleurent et qui trouveront la consolation ; ceux qui sont doux et qui par leur douceur gagneront la terre ; ceux qui ont faim et soif de la justice et qui verront leur ardent désir satisfait. Ce sont ensuite ceux qui possèdent les dispositions et sont dans la condition des membres du royaume : les miséricordieux, qui obtiendront miséricorde ; ceux qui ont le cœur pur et qui verront Dieu ; ceux qui procurent la paix et seront appelés fils de Dieu ; ceux qui sont persécutés pour la justice et dont la récompense sera grande.
La vocation des enfants du royaume est d’être le sel de la terre, qui ne doit jamais perdre sa saveur, la lumière du monde, qui ne doit jamais être cachée. La lumière du monde ne doit jamais être cachée. Que cette lumière luise donc à la gloire de Dieu !
Les foules furent celles que Matthieu décrivit au chapitre quatre, et qui, attirées par les guérisons que Jésus opéra et par la puissance de sa parole, le suivirent de toutes les contrées d’alentour, même de Jérusalem et de la Judée. Les guérisons et les actes miraculeux, dont elles furent témoins les préparèrent à recevoir les paroles étonnantes qu’elles entendirent.
Comment auraient-elles pu croire heureux ceux que l’expérience et le bon sens proclament malheureux, si elles n’eurent contemplé les merveilleuses délivrances que Jésus tint en réserve pour eux ? La montagne, malgré l’article, ne désigne aucune sommité particulière, mais en général la hauteur, par opposition à la plaine. C’est ainsi que les habitants des vallées dirent : aller à la montagne, sans indiquer par la un point spécial du lieux.
La tradition a été plus précise que les évangélistes ; elle place la montagne des Béatitudes non loin de la ville de Tibériade, située sur le bord du lac de ce nom. Derrière la montagne qui domine Tibériade est un large plateau, montant en pente douce du coté d’un rocher qui en forme le sommet. C’est sur ce rocher que Jésus passa la nuit en prières et qu’au point du jour il appela ses disciples et choisit ses apôtres.
Puis il descendit près de la foule qui l’attendit sur le plateau, et ce fut de cet endroit qu’il enseigna le peuple. Selon Matthieu, Jésus descendit, et c’est dans une plaine qu’il prononça son discours. Selon Matthieu, il serait monté sur une montagne avec le peuple. Luc rapporta un détail de plus, Jésus monta d’abord au sommet, puis redescendit sur le plateau.
Au pied d’un rocher, au haut du plateau, il y avait une petite plate-forme, une sorte de chaire naturelle, d’où l’on peut aisément être vu et entendu d’une grande multitude. C’est de là que jésus donna son enseignement. Ce discours exposa les principes spirituels et sublimes du royaume que Jésus vint de fonder, il ne put être compris de tous, comme il ne put être mis en pratique que par les personnes qui furent animées de l’esprit de ce royaume ; mais Jésus parla et enseigna en vue de l’avenir.
Sa parole fut une révélation, et quand son œuvre sera achevée, cette parole deviendra lumière et vie dans le cœur de ses rachetés. « Ouvrant sa bouche », est un hébraïsme qui indique la solennité de l’action, la sainte liberté de la parole : « Priez pour moi afin que, lorsque j’ouvre la bouche, la parole me soit donnée pour faire connaître avec assurance le mystère de l’Évangile. » (Ep 6, 19)
Là, l’évangéliste fait avec éclat une préface pour montrer comment Jésus s’apprête à la prédication : il monte sur une montagne il s’assied, il ouvre la bouche ; c’est pour faire sentir le sérieux de son action. — Luther
La manière dont Matthieu introduisit cette prédication, montra qu’il rapporta un discours solennel et prolongé de Jésus. Et ne fut-il pas dans la nature des choses que Jésus, tout en guérissant les malades, en consolant les affligés, exposa à ces foules qui le suivirent les grands et éternels principes moraux de son règne ? Il le fit avec la liberté d’allure qui convint à une instruction improvisée, coulant de source, mais qui, dans son ensemble, ne manqua pas d’une grandiose unité.
Ainsi commence le Sauveur. C’est là une entrée belle, douce, pleine d’amour, dans sa doctrine et sa prédication. Il ne procède pas, comme Moïse ou un docteur de la loi, par des ordres, des menaces, des terreurs, mais de la manière la plus affectueuse, la plus propre à attirer les cœurs, et par de gracieuses promesses. (Luther)
Toutefois, cet amour recouvre un profond sérieux, car ceux que Jésus déclara heureux furent bien misérables aux yeux du monde. Ils ne furent heureux qu’à cause de la promesse qui accompagne chacune de ces déclarations et qui la motive. Les pauvres en esprit sont les gens qui se sentent pauvres dans leur vie intérieure, moralement et spirituellement pauvres, et qui, par là même, soupirent recevoir les vraies richesses de l’âme.
L’esprit désigne la faculté par laquelle nous entrons en relation avec Dieu et réalisons la vie morale : « Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible. »(Mt 26, 41) Ce sentiment de pauvreté devant Dieu n’est pas encore la repentance, mais une humilité profonde, douloureuse, qui y conduit (comparer : « Car ainsi parle le Très Haut, Dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint : J’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté ; Mais je suis avec l’homme contrit et humilié, Afin de ranimer les esprits humiliés, Afin de ranimer les cœurs contrits. » (Is 57, 15) Cette parole désigna la pauvreté temporelle réalisée en pensée, sinon de fait.
« Les pauvres en esprit sont tous ceux qui ont l’esprit détaché des biens de la terre » (Bossuet), et il ajouta : « Ô Seigneur ! Je vous donne tout : j’abandonne tout pour avoir part a ce royaume ! Je me dépouille de cœur et en esprit, et quand il vous plaira de me dépouiller en effet, je m’y soumets (Méditations sur l’Évangile). »
Ainsi comprise la première béatitude de Matthieu répond exactement a la première béatitude de Luc et n’a pas un sens presque identique a celui de la quatrième béatitude : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice ». Qu’il s’agisse de pauvreté spirituelle ou de pauvreté temporelle, d’humilité ou de détachement, ou de tous les deux a la fois, a une telle situation répond la promesse ou plutôt la déclaration positive et actuelle : parce qu’à eux est le royaume des cieux.
Ceux qui pleurent, ou qui sont dans le deuil, la tristesse, ne s’applique pas exclusivement a ceux qui pleurent sur leurs péchés : il y a en ces affligés le sentiment humiliant de leur pauvreté morale, leur tristesse produit une repentance à salut : « En effet, la tristesse selon Dieu produit une repentance à salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort. » (2 Co, 7-10) Aussi seront-ils consolés, parce que cette tristesse les amène a la source du pardon, de la paix, de la vie.
Heureux ceux qui sont doux, parce qu’ils hériteront la terre. Cette douceur, cet abandon à la volonté de Dieu, en présence des violences, de l’injustice et de la haine, est produit en eux par le sentiment humble et attristé de ce qui leur manque. Elle implique le renoncement aux avantages et aux joies de ce monde ; mais, par une magnifique compensation, ceux qui la pratiquent hériteront la terre.
La terre de la promesse, Canaan, est prise dans son sens spirituel, et signifie la patrie d’en haut, le royaume de Dieu, dont la possession est assurée à ceux qui sont doux : « Craignons donc, tandis que la promesse d’entrer dans son repos subsiste encore, qu’aucun de vous ne paraisse être venu trop tard. » (He 4, 1) Bien que cette promesse ne doive être réalisée dans sa plénitude qu’au dernier jour.
Les miséricordieux sont les personnes qui ne pensent pas seulement a leur propre misère, mais qui compatissent a la misère de des autres. Il faut avoir senti sa propre misère, avoir souffert soi-même, pour pouvoir sympathiser avec la souffrance d’autrui. Il faut avoir été soi-même l’objet de l’amour infini de Dieu pour pouvoir aimer les autres et pratiquer à leur égard la charité.
Telle est la double pensée qui rattache cette béatitude aux précédentes. Elle est liée à elles aussi par cette considération que ceux que Jésus appela au bonheur de ses disciples auront besoin encore d’obtenir miséricorde au jour du jugement suprême, car bien qu’assurés du royaume des cieux, bien que consolés et rassasiés de justice, il restera dans leur vie beaucoup de manquements et d’imperfections à couvrir.
Il leur sera pardonné et fait miséricorde selon qu’ils auront fait miséricorde. Le cœur est, selon l’Écriture, l’organe de la vie morale. Être pur de cœur, c’est, par opposition à des œuvres extérieures, être affranchi de toute souillure de toute fausseté, de toute injustice, de toute malice dans ce centre intime des pensées et des sentiments. Tel n’est pas l’état moral de l’homme : « Car c’est du cœur que proviennent les pensées mauvaises : meurtres, adultères, inconduite, vols, faux témoignages, diffamations’ (Mt 15, 19)
Comment parviendra t-il à cette pureté ? Après que Jésus eut accompli son œuvre de rédemption. Chaque promesse répondant parfaitement à la disposition décrite dans chacune de ces béatitudes, ceux qui sont purs de cœur sont heureux, parce qu’ils verront Dieu. C’est-à-dire qu’ils vivront dans sa communion, et le contempleront un jour immédiatement dans la beauté suprême de ses perfections, source intarissable de la félicité du ciel.
Ceux qui font la paix. Ceux qui non seulement sont paisibles eux-mêmes, mais qui, après avoir trouvé la paix, s’efforcent de la procurer à d’autres et de la rétablir parmi les hommes, là où elle est troublée. Ils sont heureux, parce qu’ils seront appelés de ce doux et glorieux titre : fils de Dieu. Ce titre exprime une réalité profonde ; car en tant que ces fils de Dieu procurent la paix, ils ont un trait de ressemblance avec leur Père qui est le Dieu de paix
À cause de la justice n’est donc pas différent de cet autre terme : à cause de moi. Christ est le représentant, le possesseur, le dispensateur de la justice. Ceux qui sont persécutés à cause de Jésus sont heureux, parce qu’à eux est le royaume des cieux. Dans la huitième béatitude, Jésus revint à la première .Jésus termina ainsi un cycle harmonieux d’expériences et de promesses. Les quatre premières concernent ceux qui cherchent dans leurs profonds besoins, les quatre dernières, ceux qui ont trouvé et qui déjà développent une certaine activité dans le règne de Dieu.
Chaque promesse, source du bonheur (heureux !) répondant exactement et abondamment à chaque état d’âme décrit, fait resplendir un rayon de la gloire du royaume des cieux : aux affligés ; la consolation ; aux doux, la possession de la terre ; aux affamés, le rassasiement aux miséricordieux, la miséricorde ; aux purs de cœur, la vue de Dieu ; à ceux qui procurent la paix, le beau titre d’enfants de Dieu. Mais dans la première et la dernière béatitude, Jésus, qui est le Maître du royaume des cieux, le dispense tout entier aux pauvres et aux persécutés ; et là seulement il parle, non au futur, mais au présent : ce royaume est à eux.
La récompense, qui n’affaiblit en rien la vérité du salut par grâce, par la foi est grande en proportion de la fidélité et de l’amour avec lesquels les disciples de Jésus souffrirent pour Lui. Toutefois, nul chrétien ne cherche cette récompense en dehors de Dieu et du bonheur de le servir, sans cela, il perdrait ce qui en fait la grandeur et la douceur. Jésus montra à ses disciples persécutés un sujet de joie dans la pensée car ils eurent ce trait de ressemblance avec les prophètes qui les précédèrent : « Et Élie dit au peuple : Je suis resté seul des prophètes de l’Éternel, et il y a quatre cent cinquante prophètes de Baal. » (1 R 18, 22)
Diacre Michel Houyoux
Compléments
◊ Diacre Michel Houyoux : cliquez ici pour lire l’article → Solennité de la Toussaint (premier novembre)
◊ Diacre Michel Houyoux : cliquez ici pour lire l’article → Le premier novembre, nous fêtons tous les saints
◊ Diacre Michel Houyoux : cliquez ici pour lire l’article → La fête de tous les saints
Liens avec d’autres sites chrétiens sur Internet
◊ Paperblog : cliquez ici pour lire l’article → Homélie pour la Solennité de Tous les Saints
◊ Église catholique en France : cliquez ici pour lire l’article → D’où vient la fête de la Toussaint que nous fêtons le premier novembre
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