Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple
Posté par diaconos le 4 novembre 2020
# L’exégèse contemporaine concernant le personnage de Jésus confronte les éléments de la vie de Jésus de Nazareth présents dans les textes antiques, essentiellement chrétiens, avec les connaissances historiques générales modernes. Elle soumet donc, depuis le XIXe siècle, les textes du Nouveau Testament à l’analyse dans le but de faire la part de ce qui est compatible avec l’histoire et ce qui ne l’est pas. Les débuts de la recherche historique sur la vie de Jésus sont traités dans l’article Quêtes du Jésus historique. Les thèses contestant son historicité sont regroupées dans l’article Thèse mythiste.
Dans les milieux gréco-romains, on lui donne très tôt le titre de Christos, ce dont témoignent quelques sources païennes ou gréco-romaines. Vers 116, dans ses Annales, l’historien romain Tacite parle de sectateurs de « Christos, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate. Suétone vers 120, mentionne dans la Vie de Claude un Chrestos , dont il est généralement admis qu’il désigne Jésus-Christ qui, selon Suétone aurait été présent à Rome dans les années 4027 lors des troubles « messianistes à caractère politique et anti-romain27 » qui auraient agité la communauté juive de Rome, à l’encontre de laquelle Claude promulgue un édit d’expulsion.
De l’Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.
Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ?
Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui : “Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !” Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ?
S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix. Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14, 25-33)
Conditions nécessaires pour suivre Jésus
De grandes foules firent cortège à Jésus. Jésus les prévint que pour être son disciple, il fallut être capable de haïr les siens, et porter sa croix en le suivant. Jésus raconta deux paraboles destinées à enseigner la prévoyance.
- L’homme qui bâtit une tour: Jésus invita ceux qui voulurent bâtir une tour, qui calculèrent d’abord la dépense, de peur de s’attirer les moqueries, s’il ne purent venir à bout de leur entreprise.
- Que les rois qui firent la guerre fussent prudents, comme un roi qui n’entreprit la guerre que s’il se sentit de force à vaincre.
En conclusion, Jésus s’appuya d’une comparaison qui montra l’importance du rôle des disciples . Celui qui ne renonce pas à tout ne peut être un disciple de Jésus. Les disciples ont un beau rôle, celui du sel, mais s’ils ne le remplissent pas, leur condition sera misérable. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende !
Aimons notre prochain, nos ennemis mêmes, à plus forte raison nos proches. « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. » (Mt 10, 37). Jésus supposa que ces affections de la famille, entrant en conflit avec l’amour que nous lui devons, sont devenues un obstacle à notre communion avec lui et nous empêchent de devenir ses disciples.
Nous devons haïr ce mal, cet éloignement de Dieu sous peine de renoncer à l’amour de Jésus :« 53 Le père sera contre le fils et le fils contre son père ; la mère contre sa fille, et la fille contre sa mère : la belle-mère contre sa belle-fille, et la belle-fille contre sa belle-mère. » (Lc 12, 33) C’est exactement par le même principe que toute personne qui souhaite devenir disciple de Jésus doit haïr sa propre vie, sa personnalité, son moi, dès que l’amour de lui-même s’oppose à l’amour de Dieu.
Enfin, il est évident, d’après ces paroles, que tout chrétien doit être prêt à sacrifier sa vie terrestre tout entière pour la cause de Jésus. Mais qui est-il donc, ce Jésus, qui se pose ainsi comme l’objet de l’amour suprême de tous ses disciples ?
Ainsi le renoncement absolu que Jésus prescrivit ne suffit pas pour faire d’un homme son disciple ; il n’y a pas seulement des affections et des biens à sacrifier, il y a des souffrances à endurer dans cet esprit d’obéissance et d’amour dont Jésus lui-même futt animé, et dont il dut donner l’exemple jusqu’à son dernier soupir.
Ces souffrances ont pour emblème l’instrument qui servit au supplice de Jésus. Comme Jésus, chaque disciple a sa propre croix, qu’il doit porter en le suivant. Or, la croix est toujours et pour tous un instrument d’ignominie, de souffrance et de mort. « Cet homme a commencé à bâtir, et n’a pu achever » (Lc 14 31) Le but de cette parabole, comme de la suivante,fut de motiver l’exhortation à s’examiner soi-même pour voir si l’on est capable de remplir ces sévères conditions.
Être disciple de Jésus, le suivre, l’imiter en toutes choses, jusqu’à la croix, jusqu’à la mort, est une tâche difficile, bien plus au-dessus de nos forces que bâtir une tour ou une forteresse n’est au-dessus de la fortune d’un pauvre ; ce n’est donc pas avec l’enthousiasme éphémère d’une première émotion religieuse qu’on doit s’engager dans cette difficile carrière.
Il faut s’asseoir, se recueillir, calculer la dépense, avant de faire hautement profession d’être disciple de Jésus. Sans cette précaution, on court le risque de provoquer les moqueries du monde et de devenir une cause d’opprobre pour l’Évangile.
La seconde parabole a le même sens que la première, avec cette nuance que la vie chrétienne n’est plus comparée à une tour dont la construction exige une grosse dépense, mais à une guerre périlleuse contre un ennemi dont les forces sont bien supérieures à celles que nous pouvons lui opposer par nous-mêmes. Mieux vaudrait rester en paix avec cet ennemi, que de s’exposer à de honteuses défaites.
Plutôt rester un honnête homme religieusement obscur, que de devenir ce qu’il y a de plus triste au monde, un chrétien inconséquent. (Godet)
Il y a quelque chose de saisissant dans ce mot répété pour la troisième fois : ne peut être mon disciple. Telle fut la conclusion de tout ce discours.
Diacre Michel Houyoux
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