Il est spacieux le chemin qui mène à la perdition
Posté par diaconos le 15 décembre 2020
Le diacre Michel Houyoux enseigna la biologie, la chimie et la physiquen dans différents instituts et collèges en Belgique et à l’étanger. Par arrêté royal du 26 novembre 1993, il reçut la décoration de Chevalier de l’Ordre de la Couronne en récompense de plus de tente ans de bons et loyaux services dans l’enseignement
« Large est la porte et spacieuse la voie qui mènent à la perdition, et nombreux sont ceux qui y passent ! » (Mt 7, 7a) Ce chemin est nommé ainsi parce qu’il est le plus facile à suivre : c’est le chemin de la vie sans Dieu, vouée aux choses périssables, aux jouissances, aux passions, au bonheur terrestre. La large porte symbolise le monde. On la franchit facilement. Il n’y a aucun obstacle pour nous en bloquer l’accès. Tout le monde peut la franchir sans contrainte.
Il n’y a qu’à faire un pas en avant pour la franchir et se retrouver sur le chemin spacieux. Les personnes qui la franchissent font ce qu’elles veulent et adhèrent aux idées qui leur conviennent. Ce chemin facile mène à la perdition, c’est le chemin de la mort. La déchéance d’Adam et Ève Selon le livre de la Genèse, il y a six mille ans qu’Adam partit sur ce chemin, et après neuf cent trente ans il en atteignit l’extrémité : la mort.
Dieu le créa à son image et le constitua dans son amitié. Adam ne pouvait vivre cette amitié que sur le principe de la libre soumission à Dieu. C’est ce qu’exprimait la défense que Dieu lui fit de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin ; mais quant à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, le jour où tu en mangeras, tu seras condamné à mourir. » (Gn 2, 17)
Cet arbre de la connaissance du bien et du mal est le symbole de la limite infranchissable qu’Adam et Ève devaient accepter et respecter avec une totale confiance en leur créateur. Tentés par le démon, symbolisé par le serpent Adam et Ève laissèrent mourir dans leur cœur la confiance qu’ils avaient mis en Dieu. En abusant de leur liberté, ils désobéirent à son commandement.
Le serpent dit à la femme : « Alors, Dieu vous a dit : vous ne mangerez le fruit d’aucun arbre du jardin » La femme lui répondit : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour celui qui est au milieu du jardin, Dieu nous a dit : ‘Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.’ « Le serpent répliqua : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. »
Ève s’aperçut que le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il avait un aspect agréable et qu’il était désirable, puisqu’il donnait l’intelligence. Elle prit de ce fruit, et en mangea. Elle en donna aussi à son mari qui en mangea. (Gn 3, 1-6) Source : Bible de la liturgie – Textes liturgiques © AELF, Paris En commettant cette faute, Adam et Ève se préférèrent à Dieu et d’une certaine manière, ils le méprisèrent.
Ils firent le choix de leur personne contre Dieu. C’est en cela que consista le premier péché de l’homme. Le livre de la Genèse nous raconte les conséquences dramatiques de leur choix : ils perdirent immédiatement la grâce de la sainteté originelle : » Tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu, » (Rm 3, 23) Plutôt que de croire en ce que Dieu leur avait dit, ils préférèrent écouter la voix du démon, ce qui les conduisirent à tout perdre ce que Dieu avait préparé pour eux.
De plus, ils durent en subir la mort en retournant dans la poussière : » C’est à la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont tu proviens ; car tu es poussière, et tu retourneras à la poussière. » (Gn 3, 19) Les conséquences de leur faute ne s’arrêtèrent pas là. Toute leur descendance, jusqu’à la fin du monde, hérita du même sort dont Dieu mit en garde Adam.
La malédiction du sol, l’effort pour en tirer de la nourriture, les douleurs de l’enfantement, les maladies, la mort physique et la mort spirituelle en furent les fruits. Par la désobéissance d’Adam, la multitude fut constituée pécheresse. Depuis ce premier péché, une véritable invasion du péché inonda le monde : le fratricide commis par Caïn sur Abel ; la corruption universelle à la suite du péché ( Gn 6, 5. 12 ; Rm 1, 18-32)
Dans l’histoire d’Israël, le péché se manifesta fréquemment, surtout comme une infidélité au Dieu de l’alliance et comme transgression de la Loi de Moïse ; après la Rédemption du Christ aussi, parmi les chrétiens, le péché se manifeste de nombreuses manières (1 Co 1-6 ; Ap 2-3). L’Écriture et la Tradition de l’Église ne cessent de rappeler la présence et l’universalité du péché dans l’histoire de l’homme. (Catéchisme de l’Église catholique : le premier péché de l’homme)
L’œuvre de justice du Christ procure à tous une justification qui donne la Vie. (Rm 5, 18) L’acte de justification est l’œuvre de la grâce divine déclarant juste toute personne qui croit en Jésus. La justification individuelle qui en résulte met le croyant en possession de la vie éternelle, dans laquelle il vivra. Choisis le chemin de vie ! Le Christ l’a dit clairement : » Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jn 14, 6)
Malheureusement bien des gens refusent cette option et ont inventé toutes sortes de chemins pouvant conduire au but ultime de la vie : le pluralisme. Et au milieu de ce pluralisme la parole de Jésus retentit : » Je suis le chemin ! » Une première condition pour devenir disciple du Christ, c’est la volonté d’apprentissage de ce que sont ses volontés : nous croyons facilement que nous avons tout compris et nous risquons de parler avec assurance.
Reconnaissons humblement que nous n’avons pas la moindre idée de ce que Dieu pense ! En dehors de ce qu’il nous dit expressément par la bouche de ses prophètes, bien sûr. Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » Il s’agit ensuite d’ouvrir nos yeux dans son amour : comment puissions-nous être comblés par Dieu si nous sommes pleins de nous-mêmes ?
Reconnaissons notre fragilité pour que Dieu puisse agir en nous. Puis vient le moment de la décision parfois difficile : être son disciple. Être disciple du Christ, c’est l’aimer et cela ne peut se faire à moitié ! Pour être disciple de Jésus, il nous faut marcher derrière lui, c’est à dire, suivre le même chemin : » Pour demeurer avec Jésus, marchez comme il marche » (1Jn 2, 6).
L’apôtre Paul nous rappelle qu’il faut « marcher dans l’amour comme le Christ vous a aimés » (Ep 5, 2) Si jusqu’à présent tu as été loin de lui, avait exhorté le premier pape jésuite et du continent américain, fais un petit pas : il t’accueillera à bras ouverts. Si tu es indifférent, accepte de risquer : tu ne seras pas déçu. S’il te semble difficile de le suivre, n’aie pas peur, fais-lui confiance, il t’est proche, il te donnera la paix que tu cherches. Message du Pape François, 31 mars 2013, cité du Vatican
Les personnes qui aiment leurs proches plus que Jésus ne peuvent être son disciple. Suivre Jésus, c’est une aventure de longue haleine ! Il faut pouvoir aller jusqu’au bout. Cesser de suivre Jésus quand on a commencé à le suivre serait-ce plus grave que de ne l’avoir jamais connu ? « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14, 26)
Si le candidat au service ne s’est pas complètement engagé, il échouera nous prévient Jésus et sa situation sera pire que s’il n’avait pas commencé. Si nous voulons vraiment suivre le Christ pour devenir son disciple, quels obstacles nous empêchent de le devenir : égoïsme, amour-propre, timidité, respect humain, amour de l’argent
Le candidat disciple doit commencer par s’asseoir pour examiner calmement les exigences de Jésus ainsi que ses propres possibilités d’action avant de prendre la décision de s’engager. Être disciple de Jésus, le suivre et l’imiter en allant vers nos frères pour les aimer, les aider et être dans notre entourage des ferments d’unité, n’est pas une tâche facile. À cause de leur faute, Adam et Ève furent punis par Dieu.
Ils crurent qu’en mangeant du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, ils deviendraient aussi grands que Dieu ! Beaucoup de nos contemporains diraient : s’il t’arrive quelque chose, c’est que d’une manière ou d’une autre, tu l’as méritée ! Ce genre de raisonnement est très actuel : si tu n’as pas de travail, c’est parce que tu ne te déranges pas pour en trouver ; si tu es rejeté, c’est parce que tu ne veux pas t’intégrer…
Dieu n’accepte pas que nous ajoutions au poids du malheur la chaîne de la culpabilité. Dieu aime tous ses enfants sans condition préliminaire. Il est indulgent, son pardon s’est fait visible par la croix de Jésus. Dieu nous demande de mettre en valeur la richesse de notre cœur et de nos mains pour que d’autres puissent avoir le droit de vivre.
Pour y arriver, acceptons qu’il mette en nous un cœur de chair semblable au sien, un cœur plein d’amour et de compassion, un cœur qui ne renonce jamais à faire disparaître ce qui détruit. Chercher Dieu, marcher avec lui, suivre avec fidélité les enseignements de Jésus et plus particulièrement son commandement sur l’amour, n’est pas un effort pour se réaliser soi-même, ce n’est pas être un peu plus pieux, ce n’est pas être un meilleur chrétien.
Marcher avec Jésus, c’est entendre le cri du pauvre et accepter de défier les puissances qui l’oppriment. Acceptons librement et avec amour de dépendre en tout de Dieu, notre véritable Créateur, de dépendre de l’Amour. Acceptons de marcher avec simplicité et confiance à la suite de Jésus. Toute personne qui se laisse conquérir par le Christ ne craint pas de perdre sa vie, car sur la Croix Il nous a aimé et s’est donné lui-même pour nous.
Plus précisément en perdant notre vie par amour nous la retrouvons. La Croix est la révélation définitive de l’amour et de la miséricorde divine également pour nous, hommes et femmes de notre époque, trop souvent distraits par des préoccupations et des intérêts terrestres et passagers. Dieu est amour, et son amour est le secret de notre bonheur.
Cependant, pour entrer dans ce mystère d’amour, il n’y a pas d’autre voie que celle de nous perdre, de nous donner, la voie de la Croix. Ce n’est pas notre péché qui entraîne la condamnation de Dieu, mais notre refus de nous convertir. Reconnaissons que nous sommes pécheurs et croyons à la nécessité de nous réconcilier avec Lui. Quelle place donnons-nous au sacrement de pénitence dans notre vie ?
Diacre Michel Houyoux
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