L’assassinat d’Abel et la punition de Caïn
Posté par diaconos le 19 décembre 2020
Historicité du récit d’Abel et Caïn
Cet assassina raconte le premier meurtre rapporté par la Bible. Parmi tous les meurtres perpétrés depuis l’aube des temps, il en eut forcément un qui futle premier. Abel et Caïn possède donc par la force des choses une part d’historicité. Les enseignements de cette courte histoire sont beaucoup plus riches que le faits.
La première différence pour Dieu fut la nature du sacrifice. Caïn offrit des fruits de la terre, Abel un agneau premier-né de son troupeau. Dieu préféra le sacrifice d’Abel, ce qui provoqua la jalousie de Caïn. Ce fait, à savoir le sacrifice d’un agneau agréable à Dieu, trouvara plusieurs répercutions dans la Bible…
- -Abraham sacrifia un bélier, Yahvé ayant retenu sa main pour l’empêcher au dernier moment de prendre la vie d’Isaac (Genèse chapitre 22).
- Les israélites échappèrent à la dernière plaie d’Égypte en répandant le sang d’un agneau sur les deux poteaux et sur le linteau des portes (Exode chapitre 12).
- Jean-Baptiste présenta ainsi le Christ : Il vit Jésus venant à lui, et il dit « Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean chapitre 1 verset 29).
La première force de ce récit antédiluvien fut d’évoquer très tôt dans l’histoire notre planche de salut, le seul sacrifice permettant de laver nos péchés. Il fallut attendre la Nouvelle Alliance et le sacrifice de Jésus Christ, agneau de Dieu, pour nous permettre par la foi de vaincre le péché. Cette offrande d’Abel, agréable à Yahvé préfigura le véritable message du Nouveau Testament, Jésus vint accomplir sur la croix le sacrifice ultime permettant de laver nos fautes.
La faillibilité de l’homme
Le conseil donné par Dieu à Caïn fut de se ressaisir. Pour mettre en œuvre son plan et affermir la foi en lui, Yahvé usa des moyens qu’il jugea nécessaire, comme par exemple lorsqu’il demanda à Abraham de sacrifier son fils Isaac, il épargna Isaac, en offrant à la place un bélier pour le sacrifice, mais sa méthode pour tester la foi d’Abraham consista bel et bien à demander à ce dernier si il fut prêt à sacrifier son propre fils.
Caïn n »écouta pas Yahvé et par jalousie, tua son frère. D’un point de vue chrétien, ce meurtre est donc l’illustration que le péché ne peut être dominé que par l’appel à Dieu. Yahvé se servit de Caïn afin de démontrer que nous ne pouvons pas nous débarrasser du péché, de même que Caïn ne put se dominer par lui-même et en vint à tuer son frère.
La punition de Caïn
Yahvé ne jugea pas bon de tuer le fratricide, contrairement à ce qu’il prescrivit dans le décalogue bien des générations plus tard du temps de Moïse. La seule mort à ce stade de la Genèse, celle d’Abel, fut la cause de la main de l’homme. Il n’y a pas encore eu Sodom et Gomorrhe, les lois prescrivant de lapider les meurtriers au nom de Dieu, etc…
Ce régime divin d’avant le déluge se rapprocha des prescriptions de la Nouvelle Alliance, où la loi mosaïque fut portée à un niveau spirituel. Jésus, Dieu qui s’est fait homme, ne demande pas de tuer mais demande de pardonner à ceux qui nous offensent. Caïn ne fut pas tué par Dieu pour son crime, il fut marqué et sa descendance le fut aussi par la force des choses.
Que retenir du récit d’Abel et Caïn ?
Cette histoire est très courte et sans un minimum de connaissance théologique on passe complètement à côté des principaux enseignements qu’elle comporte. Le meurtre lui-même est accessoire. Ce n’est pas une histoire de meurtre, c’est une histoire de sacrifice, de foi et de justice
De l’assassinat d’Abel par son frère
Depuis cette première faute, un déferlement du péché envahit le monde entier : l’assassinat d’Abel par son frère Caïn en est un exemple parmi d’autres. Ce premier meurtre est présenté avec une éloquence singulière dans une page du livre de la Genèse (Gn 4, 1-8), une page réécrite chaque jour dans le livre de l’histoire des peuples, sans trêve et d’une manière répétée qui est dégradante.
Le livre de la Genèse nous donne quelques détails permettant de comprendre le cheminement de Caïn sur le chemin de la perdition : Caïn et Abel étaient enfants d’Adam et d’Ève. Le premier cultivait la terre et son frère était berger. Après un certain temps, Caïn offrit au Seigneur des produits de sa récolte et Abel, de son côté, présenta les premiers-nés de son troupeau, en offrant les meilleurs morceaux. (Gn 4, 4b)
Lorsque que Caïn vit l’offrande d’Abel acceptée par Dieu, il s’irrita. Son dépit naquit donc de la jalousie ; cette douleur-là est ce que saint Paul appelle : « La contrariété engendrée par le monde ne produit que la mort. » (2 Co 7, 10) Le texte biblique ne révèle pas le motif pour lequel Dieu préféra le sacrifice d’Abel à celui de Caïn ; mais il montre clairement que, tout en préférant le don d’Abel, il resta en dialogue avec Caïn.
Il l’avertit en lui rappelant sa liberté face au mal : l’homme, créé à l’image de Dieu, n’est en rien prédestiné au mal. Les mauvaises dispositions de son cœur ne se manifestèrent que par l’abattement qui se peignit sur son visage, mais cet abattement était le signe de mauvaises intentions. Ici encore, comme après la chute du couple Adam et Ève, Dieu, ayant remarqué son irritation ne laissa pas le pécheur à lui-même ; il consentit à lui parler pour le rendre conscient de sa faute et l’empêcher de descendre plus loin dans le mal.
Mais Caïn ne réagit pas à cet appel. Caïn ne tint pas compte de l’avertissement de Dieu, et au lieu de renoncer à son projet, il entraîna son frère à l’écart pour le tuer… La jalousie et la colère l’emportèrent sur l’avertissement du Seigneur, et c’est pourquoi Caïn se jeta sur son frère et le tua. Le livre de la Genèse dans le récit du meurtre d’Abel par son frère Caïn, révèle, dès les débuts de l’histoire humaine, la présence dans l’homme de la colère et de la convoitise, conséquences du péché originel.
L’homme est devenu l’ennemi de son semblable. Pourtant, si Caïn avait renoncé à sa jalousie et à son irritation, il aurait été pardonné par Dieu. Caïn ayant refusé d’atténuer son crime en l’avouant, l’interrogatoire fit place à la sentence. Le Seigneur dit à Caïn : » Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre vers moi ! Maintenant donc, sois maudit et chassé loin de cette terre qui a ouvert la bouche pour boire le sang de ton frère, versé par ta main. Tu auras beau cultiver la terre, elle ne produira plus rien pour toi. Tu seras un errant, un vagabond à travers le monde. Maintenant donc, sois maudit ! » (Gn 4, 10-13a)
Qu’as-tu fait ? Question indignée qui n’attend aucune réponse ; elle a pour but de faire rentrer Caïn en lui-même. Aucun témoin ne vit le meurtre, Caïn crut pouvoir le cacher en le niant ; il dut se convaincre avec effroi de la toute-puissance de Dieu et de sa toute-présence. Le sang innocent répandu cria vers le ciel, siège du juge suprême, jusqu’à ce qu’il fût vengé. À l’aggravation de la faute correspondit celle de la peine : ce n’était plus comme pour Adam, la terre qui devint maudite à cause de sa faute, mais Caïn lui-même fut maudit.
Dieu voulut dès le premier meurtre couper court à la vengeance individuelle. Le meurtrier fut condamné à quitter la contrée où il avait vécu trente-huit années jusqu’alors tout en sachant qu’en plus où qu’il aille, il ne trouvera jamais la paix, ni le fruit de son travail. À la base de toute violence contre autrui, il y a le fait de céder à la tentation du démon, c’est-à-dire de celui qui était homicide dès le commencement. Depuis le commencement du monde, le démon fut homicide parce que la vérité n’était pas en lui et il ne s’est jamais maintenu dans la vérité. C’est un menteur et père du mensonge, le mensonge lui vient tout naturellement.
L’Écriture atteste l’influence néfaste de celui que Jésus appela « l’homicide de l’origine. » (Jn 8, 44). Le démon essaya même de détourner Jésus de la mission reçue du Père. (Mt 4, 1-11). La plus grave en conséquence des œuvres du démon est la séduction mensongère qui nous induit à désobéir à Dieu. Le démon peut se servir de nous, à notre insu, pour faire son œuvre de destruction, de division : une parole désagréable peut faire mal, un geste non contrôlé peut provoquer de la violence, des blessures et même la mort.
Notre cœur est le réceptacle d’un grand combat qu’il est bon de mesurer. Nous devons nous aimer les uns les autres, c’est le message que nous avons reçu et entendu dès le commencement loin d’imiter Caïn qui appartenait au démon et qui égorgea son frère » (1 Jn 3,11-12). Ainsi, le meurtre du frère à l’aube de l’histoire donne un triste témoignage de la manière dont le mal progresse avec une rapidité impressionnante : à la révolte de l’homme contre Dieu au paradis terrestre s’ajouta la lutte mortelle de l’homme contre l’homme.
De ce récit, l’Église a tiré l’expression « Péchés qui crient vengeance au ciel » et elle y a inclus, au premier lieu, l’homicide volontaire. Tout au long de l’Ancien Testament, même lorsque Dieu décida de punir son peuple infidèle, il préserva un reste. Par la foi, Abel offrit à Dieu un meilleur sacrifice que Caïn ; par elle il obtint le témoignage d’être juste, d’être approuvé de Dieu, de marcher dans ses voies. (He 19, 38 ; Mt 23, 35)
Diacre Michel Houyoux
Compléments
◊ Diacre Michel Houyoux : cliquez ici pour lire l’article → Qu’as-tu fait de ton frère ? (Gn 4, 10)
♥ Caïn et Abel
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