Veille de Noël 2020

Le soleil levant nous visitera

# Le Cantique de Zacharie, parfois nommé Benedictus, figure dans l’Évangile selon Luc (Lc 1,68-79). Ce texte est prononcé par Zacharie à la naissance de son fils Jean le Baptiste. Il fait partie du Sondergut de cet évangile. Liturgie catholique : le cantique est chanté tous les matins à l’office divin des Laudes dans la liturgie des Heures.

De l’Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, à la naissance de Jean Baptiste, Zacharie, son père, fut rempli d’Esprit Saint et prononça ces paroles prophétiques
« Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui visite et rachète son peuple. Il a fait surgir la force qui nous sauve dans la maison de David, son serviteur, comme il l’avait dit par la bouche des saints, par ses prophètes, depuis les temps anciens : salut qui nous arrache à l’ennemi, à la main de tous nos oppresseurs, amour qu’il montre envers nos pères, mémoire de son alliance sainte ;
serment juré à notre père Abraham de nous rendre sans crainte, afin que, délivrés de la main des ennemis, nous le servions dans la justice et la sainteté, en sa présence, tout au long de nos jours.

Toi aussi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins, pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés, grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu, quand nous visite l’astre d’en haut, pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, pour conduire nos pas
au chemin de la paix. » (Lc 1, 67-79)

Pour comprendre le beau cantique de Zacharie, cette effusion ardente de son âme, il faut donner à ces deux mots leur pleine signification biblique : rempli de l’Esprit-Saint et : il prophétisa.

L’Esprit de Dieu lui communiqua le don de prophétie, par où il faut entendre le don de pénétrer dans l’avenir du règne de Dieu et la faculté d’en exprimer les mystères dans des discours pleins d’élévation et de lucidité : « En effet, celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, car personne ne le comprend, et c’est en esprit qu’il dit des mystères.

Sans ce fait signalé par Luc, il nous serait impossible de comprendre comment Zacharie put chanter l’œuvre de notre rédemption, au moment où rien n’en parut encore, si ce ne fut la naissance de Jean Baptiste du Messie. Il est vrai que l’ange lui t révéla ce que cet enfant serait un jour ; mais de là à contempler le grand salut de Dieu comme déjà accompli, il y eut une distance que l’Esprit divin put seul lui faire franchir.

Toutefois le style et les pensées de ce cantique se meuvent dans la sphère des révélations de l’Ancien Testament. C’est là un caractère qu’il a en commun avec celui de Marie. Le père de Jean, comme la mère de Jésus, s’était nourri des promesses de Dieu u dans les saintes Écritures.

À celles-ci se rattache la révélation spéciale qui lui permit d’exprimer des vues si lumineuses sur l’accomplissement de la rédemption. Cette inspiration puisée dans l’Ancien Testament est bien dans la situation, et prouve l’authenticité des récits de Luc.

Zacharie commença par un élan de reconnaissance et d’adoration de ce que Dieu a visité et racheté son peuple. Racheté, une rédemption au moyen d’une rançon est un terme qui ne saurait s’appliquer à la délivrance politique du peuple d’Israël, comme on le pensa, mais bien à la délivrance de sa servitude morale.

La corne dans laquelle réside la force de certains animaux est, dans le style de l’Écriture, l’image de la puissance : « l a élevé la force de son peuple, sujet de louange pour tous ses fidèles, pour les enfants d’Israël, peuple qui est près de lui. Louez l’Éternel ! » (Ps 148, 14) 

      Une corne de salut est une délivrance accomplie avec puissance, et, même, l’image désigne un puissant libérateur, le Messie :   » En ce jour-là, je donnerai de la force à la maison d’Israël, Et je t’ouvrirai la bouche au milieu d’eux ; Et ils sauront que je suis l’Éternel. (Ez 29, 21)

Marie descendit réellement de David  : « Quand il commença, Jésus avait environ trente ans ; il était, à ce que l’on pensait, fils de Joseph, fils d’Éli. » (Lc 3, 23)  Ce qui affermit la foi de Zacharie, ce fut que les grands événements qu’il célébra dans son cantique ne furent que l’accomplissement des promesses de Dieu, toujours fidèle à sa parole.

Sa pensée embrassa tous les prophètes dans cette expression : « par la bouche des saints prophètes de tout temps »  « Que le ciel doit recevoir jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes. » (Ac 3, 21)

Diacre Michel Houyoux

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