Vendredi de la deuxième Semaine du Temps Pascal

Posté par diaconos le 16 avril 2021

Il en distribua aux convives, autant qu’ils en voulaient

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# La première multiplication des pains intervient après la mort de Jean-Baptiste sur ordre d’Hérode Antipas pour répondre au désir de sa fille Salomé, et de guérisons de malades. Une seconde multiplication des pains a lieu ultérieurement qui implique un nombre différent de gens. Matthieu et Marc sont les seuls deux évangélistes à la relater. Certains exégèses pensent qu’il s’agit du même événement raconté deux fois. Toutefois, les deux miracles ne se déroulèrent pas au même endroit, dans un cas il y eut cinq mille hommes, dans l’autre cas il y en eut quatre mille. Le nombre de corbeilles de pains en surplus fut aussi différent. Par la suite, Jésus évoqua les deux miracles en les distinguant clairement.

Pour le docteur de l’Église Jean Chrysostome, Jésus lors de ce miracle se posa comme le créateur du ciel et de la Terre. Il incita par ce geste à prier avant tout repas, et il voulut montrer l’importance du partage. Des théologiens plus modernes dirent que la multiplication des pains est le symbole de la Parole donnée par le Christ, parole qui a nourri les peuples pour des siècles. Pour saint Éphrem, Jésus donna généreusement sans compter lors de ce miracle. Il donna tellement qu’il en resta douze corbeilles.

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De l’Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples. Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui.

Il dit à Philippe : « Où pourrions- nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain.» Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »

Jésus dit : « Faites asseoir les gens.» Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.  Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. »

Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture. À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde.» » Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.» (Jn 6, 1-15)

La crise en Galilée

 Si la fête pour laquelle Jésus était monté à Jérusalem était bien celle de Purim, qui se célébrait en mars, le mot : Après ces choses reporte à quelques semaines plus tard, car la fête de Pâque qui approchait avait lieu en avril. Jean ne voulut pas dire que Jésus s’en alla de Jérusalem au-delà de la mer de Galilée. Il sous-entendit le retour de Jésus dans la contrée de Capharnaüm ; celle-ci fut le point de départ de cette excursion sur la rive orientale du lac.

Jean rejoignit ici les récits des synoptiques. Il les supposa connus, ce fut la raison ds motifs de ce déplacement au-delà du lac.  Jésus voulut se retirer dans la solitude avec ses disciples, afin d’y chercher pour lui et pour eux quelque temps de repos et de recueillement, mais la foule qui le suivit déjoua son projet. Jean ajouta : de Tibériade parce que, en dehors de la Palestine, la mer de Galilée était plus connue sous le nom de  lac de Tibériade».

Tibériade, ville située presque à l’extrémité méridionale du lac et sur la rive galiléenne, avait été bâtie par Hérode Antipas et nommée ainsi en l’honneur de l’empereur Tibère. Les foules se rassemblaient habituellement autour de Jésus, depuis son retour en Galilée et que, de son côté, Jésus multipliait les actes de guérison sur les malades. Plusieurs  le suivirent dans l’intérêt de ces malades mêmes, d’autres, par simple curiosité, d’autres encore, avides de le voir et d’entendre sa parole.

 D’après Jean ce fut Jésus qui prit l’initiative, tandis que, dans le récit des synoptiques, ce furent les disciples qui eurent les premiers la pensée de venir au secours de la multitude.  Ce ne fut pas pour s’éclairer lui-même que Jésus adressa cette question à son disciple, le miracle était déjà arrêté dans sa pensée, et il sut qu’il avait la puissance de l’accomplir.

Mais il voulut amener ce disciple à réfléchir, et voir si, dans une situation où aucun secours s’offrit à lui, il sut mettre sa confiance dans la sagesse et la puissance de Jésus.  La réponse de Philippe le confirma. Ne voyant que la multitude à nourrir, il se hâta de faire un calcul et il conclut que deux cents deniers de pain ne suffiraient pas pour que chacun en eût un peu. Il ne resta rien ! En effet, la pauvre bourse qui servit à l’entretien de Jésus et de ses disciples n’eut jamais eu une telle fortune.

Ainsi André s’informa des vivres qui pouvaient se trouver à portée, et tout se réduisit à cinq pains et deux poissons ! C’est exactement la provision indiquée dans les récits des synoptiques, avec cette seule différence, que Jean écrivit que ces pains étaient faits avec de la farine d’orge, qu’employaient ordinairement les gens pauvres.

Les recherches d’André furent si précises qu’il s’exprima ainsi : « Il y a ici un seul jeune garçon ». Aussi ce disciple arriva-t-il comme Philippe, à la même conclusion décourageante : « Qu’est-ce que cela pour tant de gens ? » Jean voulut en entrant dans ces détails faire ressortir le contraste qu’il y eut dans l’embarras des disciples et la puissance que Jésus déploya.

 Jésus commanda aussi en maître à ses disciples et à cette multitude. Si Jean ne parla que des hommes, ce fut que chacun d’eux, comme chef de famille dut recevoir sa part de nourriture pour lui-même et pour les siens. Les femmes et les petits enfants ne furent donc pas négligés. « Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants. » (Mt 14, 21)

Jean nota qu’il y avait là beaucoup d’herbe, un tapis de gazon émaillé de fleurs, car on était au printemps, en avril, en sorte que tout contribua à donner à ce rassemblement un caractère de beauté et de joie. Au moment de prendre les pains, Jésus leva son regard vers le ciel et prononça, à la fois, l’action de grâces pour ce que Dieu avait donné et la bénédiction qui allait procurer l’abondance : « Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. » (Lc 9, 16)

Dès que le peuple fut convaincu que Jésus était le Messie, il voulut le proclamer Roi. Qu’elles étaient fausses, les idées de la foule sur cette royauté ! Elle n’avait aucun désir de la vraie liberté de l’affranchissement intérieur du péché, qui aurait pu devenir le moyen de son affranchissement de la tyrannie politique et sociale sous laquelle elle gémissait.

La contradiction entre l’opinion régnante et les pensées de Jésus, sur les moyens de la délivrance et la nature de son règne, devait s’accentuer toujours plus et amener finalement le peuple à rejeter son Messie. En sorte que comme l’observe justement M. Luthardt : « Ce faux enthousiasme dont Jésus fut ici l’objet fut pour lui le signal de sa réjection et de sa mort. »

Voilà pourquoi Jésus quitta cette foule et se retira,  lui seul, sur la montagne. Lors de  cette solitude il retrempa son âme dans la communion de Dieu ; car il sut qu’en ce moment-là, il  atteignit le sommet de la faveur populaire et que désormais il ne fera plus que descendre, jusqu’à la croix.

Diacre Michel Houyoux

Compléments

◊ Diacre Michel Houyoux : cliquez ici pour lire l’article → Seconde multiplication des pains

◊ Diacre Michel Houyoux : cliquez ici pour lire l’article → Mardi de la sixième Semaine du Temps Ordinaire — Année B

Liens avec d’autres sites Web chrétiens

◊ Opus Dei  : cliquez ici pour lire l’article → Méditation : Vendredi de la 2ème semaine du Temps Pascal 

◊ Abbaye de Tournay : cliquez ici pour lire l’article → Vendredi de la 2ème semaine du Temps Pascal

   Il en distribua aux convives, autant qu’ils en voulaient » – Lectio Divina

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