Samedi de la onzième Semaine du Temps Ordinaire — Année Impaire
Posté par diaconos le 19 juin 2021
Ne vous faites pas de souci pour demain
# Le Sermon sur la montagne est un discours adressé par Jésus-Christ à ses disciples ainsi qu’à une large foule, rapporté dans l’Évangile selon Matthieu aux chapitres 5, 6 et 7. Jésus l’aurait prononcé au début de son ministère, peu après son baptême par Jean le Baptiste, du haut d’une montagne près du lac de Tibériade surplombant Génézareth, non loin de Capharnaüm.
Ce discours, qui porte sur l’éthique, est le plus long enseignement oral du Nouveau Testament. Il comporte notamment les Béatitudes et la prière du Notre Père. Au début du XXe siècle Sante Ferrini, sensible au message de Christ tel que rapporté dans le Nouveau testament, reproche au clergé et aux puissants d’avoir détourné ses préceptes à leur profit.
Il illustre son propos dans une parodie sans concession du sermon sur la montagne qu’il imagine pouvoir être prononcé par le Pape, sur la place Saint-Pierre à Rome : « Heureux les forts car ils posséderont la terre ! Heureux ceux qui ont le cœur dur car ils riront des malheurs d’autrui et ne pleureront jamais ! Heureux les violents car ils seront respectés des timorés ! Heureux les injustes car ils auront leurs biens et ceux des autres !
Heureux les mauvais car ils se feront pardonner par la force ! Heureux ceux qui ont l’âme impure et malveillante car ils jouiront des turpitudes humaines ! Heureux ceux qui possèdent, car ils n’ont pas besoin de miséricorde ! Heureux les incrédules car ils ne seront pas trompés ! Amen ! » Plus récemment, la phrase « Bienheureux les pauvres d’esprit… » a parfois été interprétée à contresens comme « Bienheureux les imbéciles », par exemple par Luigi Cascioli, alors qu’elle ne peut être comprise que dans le judaïsme palestinien de l’époque de Jésus.
On connaît dans la Bible certaines « béatitudes » isolées, ou groupées par deux ou trois, rarement quatre4. Une série de huit béatitudes se trouve dans le Siracide« construite suivant un procédé poétique obéissant à des règles précises pour ce genre littéraire (Si 14, 20-27). » Le même procédé s’applique à l’un des manuscrits de la mer Morte provenant de la grotte 4 (4Q525 2 II)4. Le texte de l’évangile selon Matthieu présente une structure reposant sur le même procédé4. Toutefois, écrit Émile Puech, il s’en distingue par une « nouveauté totale » : la mention du Royaume, proclamé par ce discours inaugural, auquel répondra le dernier discours (Mt 25,31-46).
De l’évangile selon Mathieu
24 Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. 25 C’est pourquoi je vous dis : Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ?
26 Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? 27 Qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ? 28 Et au sujet des vêtements, pourquoi se faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas.
29 Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’entre eux. 30 Si Dieu donne un tel vêtement à l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ? 31 Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : “Qu’allons-nous manger ?” ou bien : “Qu’allons-nous boire ?” ou encore : “Avec quoi nous habiller ?”
32 Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. 33 Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. 34 Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. » (Mt 6, 24-34)
Le sermon sur la montagne
Mamona signifie en chaldéen et syriaque richesse, en langue punique, selon saint Augustin, le lucre. Avoir de l’argent et du bien n’est pas un péché, mais ne le laisse pas devenir ton maître ; qu’il te serve, et que tu sois son maître. (Luther)
Cette partie du sermon sur la montagne qui est dirigée contre les soucis de la vie matérielle, est la conséquence nécessaire de l’incompatibilité qu’il y a entre le service de Dieu et celui de Mammon. La recherche inquiète de notre subsistance comme la possession des richesses nous empêche d’être tout entiers à Jésus. Son service impliqua une confiance absolue aussi bien qu’un complet détachement. Cette idée se retrouve également dans Luc.
Être en souci qui signifie, par son étymologie, être partagé. Les inquiétudes qui tirent la pensée en sens contraire, sont l’effet d’un cœur partagé entre le ciel et la terre, troublé par le doute au jour de l’épreuve. Le remède à ce mal, c’est la confiance en Dieu que Jésus voulut inspirer à ses disciples. C’est pour cela qu’il leur présenta diverses considérations aussi élevées que puissantes.
Premier motif de confiance. Puisque la vie est plus que la nourriture qui l’entretient ; le corps plus que le vêtement qui le couvre ; celui qui a donné et conserve le plus, ne donnera-t-il pas le moins ? Paul employa un raisonnement pareil.
Second motif Les soins admirables de Dieu dans la nature : « Dieu est votre Père ! »
Troisième motif L’inutilité, l’impuissance des inquiétudes, qui ne font au contraire qu’énerver les forces de l’âme. Nul ne peut, ajouter une coudée à son âge, une heure au temps de sa vie, objet de ses soucis. Dieu en a déterminé la mesure et n’y peut rien ajouter.
Le voyageur vit avec admiration, sur le plateau de la montagne des Béatitudes, au pied de l’éminence d’où il supposa que Jésus parlait d’un magnifique tapis de ces anémones écarlates. Le manque de cette foi qui n’est pas autre chose que la confiance du cœur en Dieu, telle est la cause de toutes les inquiétudes.
Les païens doivent rechercher ces choses, y mettre leur cœur ou être en souci quand elles leur manquent, parce qu’au lieu du Dieu vivant ils adorent de fausses divinités ou une froide et impitoyable fatalité. « Mais vous qui connaissez votre Père céleste ! Il sait vos besoins cela doit vous suffire pour dissiper vos inquiétudes. »
Que ce soit là avant tout votre souci, le but de vos efforts, et quand vous aurez trouvé cette grande richesse, le royaume de Dieu et la justice de Dieu, alors votre Père céleste, qui voit que vous avez besoin de toutes ces autres choses vous les donnera par-dessus. On sait que toujours les inquiétudes se portent sur l’avenir. Or, le Seigneur aurait pu nous dire que cet avenir ne nous appartient pas, que nous ne le verrons peut-être jamais.
Pourquoi veux-tu t’inquiéter au-delà d’aujourd’hui et prendre sur toi le mal de deux jours ? Contente-toi de celui que ce jour t’impose, demain t’apportera autre chose. (Luther)
Cette interprétation est seule en harmonie avec cette dernière parole : au jour suffit sa peine, ou son mal, sa misère. Oui, ce mal de chaque jour suffit ; il est même souvent bien lourd pour notre faiblesse. Quelle compassion Jésus mit dans ce conseil de ne pas y ajouter le mal du lendemain !
Diacre Michel Houyoux
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