Mercredi de la dix-neuvième Semaine du Temps Ordinaire — Année Impaire
Posté par diaconos le 11 août 2021
De l’évangile selon Matthieu
15 Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. 16 S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. 17 S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain.
18 Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. 19 Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. 20 En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18, 15-20)
De la répréhension fraternelle
Trois degrés de cette répréhension : Si ton frère t’offense, va, avertis-le en particulier ; s’il est persuadé, tu as gagné ton frère. Sinon, prends avec toi quelques témoins ; s’il ne les écoute pas, dis-le à l’Église ; si enfin il n’écoute pas l’Église, regarde-le comme étranger à toute communion fraternelle. L’Église a le pouvoir de prononcer en tout cas pareil, de lier et de délier, car elle agira dans l’esprit de la prière, qui peut tout obtenir.
Efficace de la prière
Quelle est la liaison de l’instruction qui débute par ces mots : « « Là où deux ou trois sont ainsi réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux « ? Ce sont deux faces d’un même sujet : la charité ne permet ni de scandaliser ni de mépriser les petits et les faibles ; quelle conduite inspirera-t-elle à celui qui, au lieu de faire un mal pareil, aura à le souffrir ?
C’est cette conduite que Jésus retraça dans ses phases diverses. En l’exposant, il généralisa sa pensée, et embrassa ce qui concernait les rapports mutuels entre frères dans la même communauté. Si l’un pèche contre l’autre, l’offense, lui fait tort, celui-ci doit d’abord aller, sans attendre que son frère revienne à lui, le reprendre, l’avertir, lui représenter son tort, mais seul avec lui, condition importante de prudence et de charité meilleur moyen de le gagner en évitant de blesser son amour-propre.
Cependant les autorités sur lesquelles on se fonde pour ce retranchement ne sont pas décisives. Ensuite, c’est bien de réconciliation et de pardon des offenses que Jésus parla, s’il en était autrement, on aurait peine à comprendre la question de Pierre. Gagné, à quoi ? Les uns répondirent : « Gagné à toi, tu auras fait ton frère de celui qui t’avait offensé, vous serez réconciliés dans la charité. »
D’autres assignèrent à l’action conciliatrice un but plus élevé, et interprétèrent : « Tu l’auras gagné pour Dieu, pour la vie de l’âme, qu’il était en danger de perdre. » Mais s’il ne t’écoute pas, prends avec toi encore une ou deux personnes, afin que toute affaire soit établie sur la parole de deux ou trois témoins : c’est le second degré de la répréhension. Quel doit être le rôle des témoins ? Il est indiqué dans ces mots : « Il ne suffira pas qu’un seul témoin se lève contre un homme coupable d’un crime, d’une faute, d’un péché, quels qu’ils soient. Pour instruire l’affaire, il faudra la déclaration de deux ou trois témoins. » (Dt 19, 15)
D’après Meyer, les témoins doivent recueillir chacune des paroles de l’accusé pour les confirmer devant l’Église. Mais c’est empiéter sur la troisième phase, aussi Weiss pensa-t-il que les témoins devaient plutôt appuyer la répréhension de leur autorité, s’efforcer de convaincre ce frère.
Troisième degré de la répréhension Jésus employa ce mot d’Église, et il le pouvait, puisque quelques disciples réunis autour de lui formaient déjà une Église. Dans cette parole, son regard se porte sur l’avenir. Il entendit par là une Église locale, une assemblée de chrétiens, devant laquelle peut être portée et fraternellement traitée une cause. Jésus eut en vue une assemblée de chrétiens, à laquelle il attribua l’autorité nécessaire pour exercer un acte de discipline, parce qu’il supposait qu’elle fusse animée de l’Esprit de Dieu et éclairée par sa Parole, selon laquelle elle jugera.
Jésus autorisa tout offensé qui fit tout pour gagner son frère, à n’avoir plus de relations fraternelles avec celui qui s’endurcit dans son impénitence. La charité toutefois ne saurait cesser, car un chrétien aime même un païen et un péager.’autorité conférée (Matthieu 16.19) à Pierre, l’est ici, non seulement aux anciens de l’Église, mais à l’Église elle-même (verset 17), dans laquelle réside, d’après tout le Nouveau Testament, le pouvoir de juger de ce qui concerne son gouvernement, selon la Parole et l’Esprit de Dieu.
L’Église peut, en certains cas déléguer ses pouvoirs, mais c’est à elle qu’ils appartiennent sous l’autorité suprême de Jésus-Christ. Cette seconde déclaration explique et modifie profondément la première relative à l’apôtre Pierre. Si deux d’entre vous s’accordent, prient d’une même voix et d’un même cœur, ils seront exaucés. Ces paroles nous montrent aussi que la notion chrétienne d’une Église ne réside ni dans le grand nombre, ni dans telles ou telles institutions, mais que deux ou trois croyants unis par la prière sont une Église, à laquelle appartiennent tous les privilèges spirituels du plus grand corps ecclésiastique.
Enfin, il ne faudrait pas limiter les paroles de Jésus à ces deux enseignements spéciaux sur l’activité et la constitution de l’Église. Il généralisa sa pensée, et sa déclaration a surtout pour but de rendre certaine pour nous l’efficacité de la prière en commun, dans laquelle la foi de chacun est vivifiée par la foi de tous. Cette efficacité est garantie par la présence de Jésus lui-même au milieu de ceux qui sont assemblés en son nom. Cette présence de Jésus-Christ, en tous les lieux du monde où s’assemblent ses disciples, est une démonstration magnifique de sa divinité.
Diacre Michel Houyoux
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