La Croix Glorieuse — Fête
Posté par diaconos le 14 septembre 2021
De l’évangile selon Jean
Dieu seul peut vous enseigner les choses célestes que vous devez croire
Personne ne vit jamais Dieu, le Fils unique qui est dans le sein du Père est celui qui nous l’a fait connaître. Ce fait : Personne ne vit jamais Dieu, et, par conséquent, nul ne le connaît dans son essence, est exprimé ici en ces termes : « Personne n’est monté au ciel, ni n’a pu en rapporter la vérité divine. Celui-là seul est excepté qui, par son incarnation, est descendu du ciel et qui ainsi est devenu le Fils de l’homme » .
Lui seul peut vous enseigner les choses célestes que vous devez croire, car, non seulement il est venu du ciel, mais par sa communion intime et indissoluble avec Dieu, il est dans le ciel. Ces derniers mots ont le même sens que ceux du Jean 1.18 « qui est dans le sein du Père ».
Quelques interprètes éprouvèrent des scrupules à prendre comme une métaphore l’expression monter au ciel, à cause du terme qui lui fit antithèse : Celui qui est descendu du ciel.
Jésus s’efforça d’initier Nicodème à ces « choses célestes », que lui seul pouvait révéler. Pour rendre accessible à Nicodème le mystère de son œuvre rédemptrice, Jésus emprunta à l’Ancien Testament un magnifique symbole bien connu ; et, se l’appliquant à lui-même, il en fit une prédiction très claire de sa mort.
Le peuple d’Israël ayant murmuré contre Dieu, fût châtié par le fléau terrible de serpents brûlants qui causèrent la mort d’un grand nombre des coupables. Alors le peuple repentant, confessant son péché vint vers Moïse, le suppliant d’intercéder pour lui. En réponse à sa prière, le Moïse reçut l’ordre d’élever sur une perche un serpent d’airain et tous ceux qui, croyant la promesse de Dieu, contemplaient cette image du mal dont ils souffraient, furent guéris.
De même, ajouta Jésus : « Il faut que le Fils de l’homme soit élevé » ; élevé sur la croix d’abord, qui devient pour lui le chemin de la gloire.
Il faut, dit Jésus : glorieuse nécessité, fondée sur la miséricorde éternelle de Dieu, sur son conseil déjà annoncé par les prophéties, qui doivent être accomplies. Et le but de cette œuvre immense de l’amour de Jésus sera semblable à celui qui fût atteint au désert pour les Israélites mourants : afin que quiconque croit en lui (grec tout croyant en lui, universalité et richesse de cette œuvre de rédemption !) ne périsse point dans son péché, comme les coupables périssaient au désert, mais qu’il ait la vie éternelle.
Cette dernière parole se trouve ici pour la première fois dans notre évangile. Elle reviendra très souvent dans la suite. Le don de la vie éternelle implique non seulement le pardon, la réconciliation avec Dieu, mais la participation de l’âme sauvée à la vie de Dieu même, vie impérissable et bienheureuse. Et il faut remarquer le présent : ait la vie, qu’il l’ait dès le moment où il embrassera par une foi vivante du cœur ce Sauveur qu’il contemple sur la croix.
« Car Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jn 3, 16) Il y a dans cette parole plus à adorer, à croire, à aimer qu’à expliquer.
Dieu a tellement aimé : cet amour est le principe et la source suprême du salut. Il a aimé le monde, ce monde déchu, pécheur, en révolte contre lui ; il a aimé notre humanité tout entière à laquelle il destinait cette manifestation de son amour. Il a donné ce qu’il avait de plus cher, son Fils unique ; il l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ? »
Il n’exige de tout homme, pour qu’il ne périsse pas dans son péché et sa misère, que de croire en son Fils, de mettre en lui toute la confiance de son Cœur. Enfin, il ouvre aux yeux de ce croyant les immenses et bienheureuses perspectives de la vie éternelle. Le silence de Nicodème parut ôter à ce discours le caractère d’un entretien, mais combien n’était-il pas naturel que cet homme, venu auprès de Jésus pour s’instruire et de plus en plus pénétré de ses paroles, se contentât de les écouter avec une religieuse attention ?
La cohésion de toutes les parties de l’entretien est trop évidente pour permettre la distinction entre la part de Jésus et celle de l’évangéliste. Ou le tout est une composition libre de celui-ci, ou le tout aussi doit être envisagé comme le sommaire d’un entretien réel de Jésus. (Godet)
Telle est aussi l’opinion de M. Weiss qui inclina vers le premier parti, estimant que Jean en relatant un entretien qui eut lieu, prêta à Jésus des pensées que celui-ci émit dans une situation plus avancée.
Jésus confirma que le but de sa venue dans le monde était bien de manifester l’amour éternel de Dieu et non de juger le monde. Le dessein de cet amour est si universel, que le monde entier pourrait être sauvé par Jésus-Christ. Cette universalité du salut est exprimée encore de la manière la plus solennelle par la triple répétition du mot monde.
Mais Jésus, en proclamant ainsi le but miséricordieux de sa venue, fut bien éloigné de nier, comme on l’a prétendu, le jugement dernier, qui, au contraire, lui fut réservé pour la fin des temps et qu’il annonça de la manière la plus solennelle. Pendant son séjour sur la terre et tout en annonçant la miséricorde divine, Jésus exerça, par la puissance de la vérité, un autre jugement actuel, intérieur, auquel nul homme n’échappa. Jésus révéla l’amour rédempteur envers le monde entier, il dévoila à Nicodème la nature du vrai jugement. Cette révélation est une transformation complète de l’opinion reçue. Ce ne fut pas entre Juifs et païens, ce fut entre croyants et incrédules, quelle que soit leur nationalité, que passera la ligne de démarcation. (Godet)
Diacre Michel Houyoux
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