Comme le corps privé de souffle est mort, de même la foi sans les œuvres est morte
Posté par diaconos le 10 juillet 2022
De la lettre de saint Jacques
Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? Supposons qu’un frère ou une sœur n’ait pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : Allez en paix ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! « sans leur donner le nécessaire pour vivre, à quoi cela sert-il ? Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. En revanche, on va dire : » Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. »
Toi, tu crois qu’il y a un seul Dieu. Fort bien ! Mais les démons, eux aussi, le croient et ils tremblent. Homme superficiel, veux-tu reconnaître que la foi sans les œuvres ne sert à rien ? N’est-ce pas par ses œuvres qu’Abraham notre père est devenu juste, lorsqu’il a présenté son fils Isaac sur l’autel du sacrifice ? Tu vois bien que la foi agissait avec ses œuvres et, par les œuvres, la foi devint parfaite. Ainsi fut accomplie la parole de l’Écriture : Abraham eut foi en Dieu ; aussi, il lui fut accordé d’être juste, et il reçut le nom d’ami de Dieu. Vous voyez bien : l’homme devient juste par les œuvres, et non seulement par la foi. Ainsi, comme le corps privé de souffle est mort, de même la foi sans les œuvres est morte. (Jc 2, 14-24.26)
L’assurance illusoire d’une foi morte
La foi qui ne produit pas des œuvres d’amour ne peut sauver. Si un homme se vante d’avoir la foi, sans faire d’œuvres, cette foi ne peut le sauver, car elle est morte, comme la charité qui s’en tient à de bonnes paroles. La foi sans œuvres ne peut se prouver. Tu ne peux me montrer ta foi sans œuvres, tandis que je te montrerai ma foi dans mes œuvres. Tu crois en un Dieu unique ; les démons aussi. Inutilité de la foi sans œuvres démontrée par l’exemple d’Abraham : elle ressort du fait qu’Abraham fut justifié par le sacrifice d’Isaac. Dans cette épreuve, qu’il subit victorieusement, sa foi fut rendue parfaite par les œuvres et la parole fut accomplie par laquelle sa foi lui fut imputée à justice. C’est donc par les œuvres, non par la foi seule que l’homme est justifié.
Ces vaines paroles, ces vœux stériles, auraient-ils la moindre valeur, seraient-ils de la charité ? Jacques tira la même conclusion relativement à la foi. La foi, si elle n’a pas d’œuvres, est sans puissance de vie, elle est morte en elle-même, dans son principe, et non seulement quant à ses effets. Cette personne ne fut pas l’adversaire que Jacques réfuta, puisqu’il représenta les mêmes idées. La foi sans œuvres n’est pas seulement inutile , mais indémontrable As-tu vraiment la foi, toi qui ne lui attribues aucune valeur en elle-même ? À quoi Jacques répondrait : Moi, j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi ! Les deux membres de celle-ci ne peuvent être séparés, comme le montre la conjonction : et moi j’ai les œuvres.
Ces paroles indiquent ce que Jacques entendit par la fausse foi qu’il combattit : « Tu crois qu’il y a un seul Dieu : tu fais bien » : approbation sans ironie, mais voici la valeur de cette foi : les démons aussi croient qu’il y a un Dieu et ils tremblent ; leur foi n’est que la connaissance purement intellectuelle d’un fait qu’ils sont contraints d’admettre, quelque intérêt qu’ils eussent à le nier. Mais comme cette connaissance ne produit chez eux que de l’effroi et de la haine, elle ne peut les sauver. Il en est ainsi de la certitude que Dieu existe, quand elle reste sans effet sur la vie morale et ne devient pas la confiance d’un cœur qui se donne tout entier à l’Auteur de toute grâce (Jc 1.3-5). Ô homme vain ! Toi qui n’es pas seulement inintelligent et ignorant, mais dépourvu d’une vie chrétienne véritable.
La foi sans les œuvres est inutile (Codex Sinaiticus). Jacques choisit Abraham comme exemple, parce qu’il fut renommé pour sa foi : si, tout en possédant une telle foi, il dut faire des œuvres pour être justifié, combien est insensée la prétention des personnes qui veulent se passer d’œuvres ! Être justifié ne signifie pas être approuvé (Mt 11, 19 ; Rm 3, 4). L’idée exprimée par Jacques fut conforme à l’opinion régnante chez les Juifs : « Abraham ne fut-il pas trouvé fidèle dans l’épreuve, et cela ne lui fut-il pas imputé à justice » (Jc 2, 52) ? Dans la pensée de Jacques, cette épreuve n’eut pas pour effet de le rendre juste ; elle lui valut seulement d’être déclaré juste.
Jacques prit le mot : justifier, dans son acception juridique : proclamer juste, mais, comme l’Ancien Testament, il lui donna le sens de reconnaître l’homme pour ce qu’il est, il n’eut pas encore l’idée, soutenue par Paul, d’une déclaration de grâce qui « justifie l’impie Jacques énonce la conclusion qu’il tire de l’exemple d’Abraham : sa foi ne demeurait pas oisive ; elle agissait (Codex Sinaiticus, A, ont le verbe au présent) avec ses œuvres.
Cette coopération de la foi et des œuvres a pour résultat la justice du patriarche. Sa foi le poussa à accomplir des œuvres et par ces œuvres la foi fut rendue parfaite, elle se développa dans l’épreuve et s’épanouit en un acte d’admirable obéissance. La foi, par la puissance de vie qu’elle possède, produit les œuvres ; et en les produisant, elle gagne en contenu et en force, comme le travail manuel accroît la chaleur naturelle chez celui qui s’y livre. Abraham revint du sacrifice de son fils plus parfait qu’il ne l’était en s’y rendant.
La foi d’Abraham lui fut imputée à justice (Genèse 15, 6) comme une sorte de prophétie qui n’eut son accomplissement qu’au sacrifice d’Isaac : dans la foi commençante du patriarche, Dieu vit sa foi parfaite ; il la lui imputa à justice dans la prévision qu’elle se développerait jusqu’à la perfection. L’exemple d’Abraham (Gn 15, 6) fut invoqué par Paul (Rm 4, 3 ; Ga 3, 6) pour démontrer la thèse en apparence opposée de la justification par la foi sans les œuvres de la loi.
Les œuvres auxquelles Paul dénia le pouvoir de justifier le pécheur sont les efforts par lesquels l’homme cherche à se sauver sans l’aide de Dieu, Jacques, au contraire, parla d’œuvres qui sont la manifestation, le fruit de la foi et de l’amour. Mais, la foi, à laquelle Paul attribua la justification du pécheur devant Dieu, est un principe vivant de confiance, d’obéissance, qui a toujours pour dernière fin la sanctification de la vie toute entière.
Diacre Michel Houyoux
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