
La parabole sur les Noces donnée par Jésus-Christ se conclut par la phrase devenue célèbre proverbe : « il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus ». Cette sentence résume à elle seule l’explication de la métaphore, et rappelle bien d’autres paraboles du Christ : il faut croire et suivre les vertus de l’Église afin de pouvoir être choisi et accéder au ciel, et non aux ténèbres de la damnation.
Cette parabole figure également dans le livre des Proverbes
Grégoire le Grand fit sur cette parabole une homélie entière. Les Noces représentent l’église de la terre. Le roi est Dieu le Père qui fit un banquet pour son Fils lorsqu’il prit l’incarnation humaine. Les bœufs sacrifiés sont les Pères et prophètes de l’Ancien Testament. Ceux qui refusent l’invitation sont en fait les gens qui n’écoutent pas les paroles du Christ. Certains sont pris par un excès dans leur travail, d’autres dans leur négoce, en fait ils courent plus après l’argent qu’après les paroles de l’Eglise.
Les serviteurs tués sont les persécutés, les martyrs ; le roi brûle alors les villes des persécuteurs : là stipule le docteur de l’église, il faut comprendre brûle la chair des persécuteurs dans laquelle les âmes habitaient. Dieu le Père fait alors rassembler bons et méchants, ceux qui sont à des carrefours ou sur des chemins. Il fait ensuite le tri des âmes : l’habit de noces, c’est la parure de l’âme : la charité. L’humain jeté est l’ensemble des pervertis. Il faut agir en homme qui prodigue le Bien, tout en ne sachant pas si on sera élu, précisa Grégoire le Grand.
La Cène de Cyprien (Cena Cypriani), parodie de la Bible composée au IVe ou au ve siècle, qui met en scène un banquet organisé par un roi en l’honneur de son fils, serait plus précisément une parodie de la parabole du festin de noces, selon l’historien E. Ilvonen, dans Parodies de thèmes pieux dans la poésie française du Moyen-âge, H. Champion, 1914, p.2-3.
De l’Évangile de Jésus Christ selon Matthieu
En ce temps-là, Jésus se mit de nouveau à parler aux grands prêtres et aux anciens du peuple, et il leur dit en paraboles : « Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : “Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce.”
Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et incendia leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : “Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce.” Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives.
Le roi entra pour examiner les convives, et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce. Il lui dit : « Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?” L’autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : « Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »
Parabole des noces
Ces mots des noces pour son fils doivent s’entendre dans leur sens littéral. Ils ne signifient ni un festin en général, ni une fête donnée par ce roi à l’occasion de l’avènement de son fils au pouvoir, comme le pensèrent un grand nombre d’exégètes. Jésus est représenté comme l’époux de son Église : » Celui qui a la mariée, c’est le marié, mais l’ami du marié, qui se tient là et qui l’entend, éprouve une grande joie à cause de la voix du marié. Ainsi donc, cette joie qui est la mienne est parfaite. » (Jn 3, 29)
Les grands préparatifs que le roi fit annoncer par ses serviteurs auraient dû être pour les invités un puissant motif de venir, et rendront bien plus coupables leur mépris et leur ingratitude. Ces serviteurs partirent sur les routes , rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, tant méchants que bons, et la salle des noces fut remplie de convives. Comme tous ces invités avaient été rassemblés dans les carrefours et que la plupart furent très pauvres, le roi ne pouvait pas s’attendre à ce qu’ils eussent tous un habit de noces digne de paraître à sa cour.
Puisque la salle des noces fut remplie , les élus ne furent pas en si petit nombre, mais ils le furent toujours, comparés aux multitudes d’appelés. Cet appel fut fait de la part de Dieu dans l’intention que celui qui l’entend soit sauvé. Mais ni l’appel, ni même l’acceptation ne suffisent pour cela, comme le prouve le dernier trait de la parabole. Il faut de plus un acte de la grâce souveraine de Dieu. Mais cet acte n’est pas arbitraire ; Dieu possède le secret de le mettre en harmonie avec la liberté humaine, de telle sorte que celui qui est finalement rejeté l’est par sa faute, et que celui qui est sauvé sait qu’il l’est par la pure grâce de Dieu : « En effet, c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire pour son projet bienveillant. » (Ph 2, 13)
Signification de la parabole le roi qui fit les noces de son fils c’est Dieu, et ces noces c’est l’établissement de son règne, qui un jour sera élevé à la perfection. Tout, dans ce royaume, où le pécheur est invité à entrer, est préparé par la libre grâce de Dieu ; le salut est absolument gratuit. La première invitation eut lieu par Jésus-Christ lui-même et par ses apôtres, par les prophètes d’abord, puis par Jean-Baptiste et Jésus-Christ ; les serviteurs qui la poursuivirent plus tard furent ses disciples. Les premiers invités représentèrent le peuple d’Israël et ses chefs.
Leur refus, leur mépris de l’invitation, et plus encore la haine violente qu’ils manifestèrent contre le Maître et ses serviteurs, ne justifièrent que trop le terrible châtiment qui vint les atteindre et la destruction de leur ville. Alors commença une époque toute nouvelle dans le règne de Dieu ; son peuple se montra indigne ; les serviteurs furent envoyés vers les nations païennes, auxquelles ils portèrent l’invitation, et la salle des noces se fut remplie.
La première partie de la parabole fut dirigée contre les chefs du peuple juif ; elle établit un grand contraste entre ce peuple et les païens. Dans la dernière partie la pensée de Jésus se généralisa ; la parabole enseigne le caractère intérieur et spirituel du royaume des cieux ; l’homme qui n’avait pas un habit de noces représente toute la catégorie de gens qui sont extérieurement entrés dans le royaume sans que rien ait changé dans les dispositions de leur cœur.
L’habit de noces, c’est la justice intérieure, la sanctification qui s’obtient par la repentance et la foi au Sauveur : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » (Mt6, 33). Ils n’eurent pas tort, les interprètes qui virent dans cet habit de noces Christ lui-même et sa justice dont le pécheur doit être revêtu. Mais la pleine révélation de cette profonde vérité du salut était encore réservée pour le temps qui suivrait la mort rédemptrice de Jésus.
Le terrible châtiment infligé à ce malheureux convive, et qui étonne au premier abord, montre la culpabilité de ceux qui, préférant les haillons de leur propre justice à la justice parfaite qui leur est offerte, refusent de soumettre leur cœur non régénéré à la sanctification, sans laquelle nul ne verra le Seigneur.
Diacre Michel Houyoux
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