Saint Jean de la Croix (1542-1591)
Posté par diaconos le 2 octobre 2022
Gonzalo de Yepes et Catalina Álvarez eurent un premier fils, François, lorsque naquit Jean en 1542 à Fontiveros en Vieille -Castille. Le père, chevalier, appartint à la noblesse espagnole. À la suite de son mariage, considéré comme une mésalliance, avec Catalina Alvarez, une humble ouvrière, Gonzalo de Yepes fut non seulement déshérité, mais déclassé. Le couple vécut du tissage, mais la situation économique était difficile d’autant que sévissait la famine. Gonzalo de Yepes mourut dès 1545 et son frère Luis en 1515.
Ces décès affèctèrent beaucoup le jeune Jean, et le marquèrent sa vie durant. Les survivants connurent l’exclusion, l’errance et la misère. Le manque d’argent conduisit Catalina à confier Francisco, le frère aîné, à un oncle pendant un an avant de le lui reprendre à cause des maltraitances qu’il lui fit subir. Francisco la seconde alors dans son métier, et Jean, pour raison de pauvreté, fut envoyé dans une école d’orphelins à l’âge de cinq ans.
Il y fit une expérience souvent racontée : il manqua de se noyer dans une lagune où il tomba et y vit une dame très belle qui lui demanda sa main et lui tendit la sienne, et lui qui ne voulut pas la donner pour ne pas salir celle de la dame, et, à cet instant critique, arriva un laboureur qui, avec une perche, le sortit de là. Dans la dame, les halographes reconnurent la Vierge marie.
En 1548, devant la famine et la sécheresse qui sévissèrent à Fontiveros, la famille décida de s’installer à Arévalo. Francisco, le frère aîné, commeça à avoir de mauvaises fréquentations, avant de rencontrer sa future femme, Ana. Il décida alors de venir en aide aux pauvres de la ville. Il les amena chez lui en hiver et, très vite, Jean découvritainsi l’aide et le secours prodigués aux pauvres. Tout au long de sa vie, Jean garda une profonde amitié pour son frère, qui resta l’un de ses rares confidents.
La situation familiale ne s’améliorant pas, Catalina décida, pour survivre, de déménager à Médina del Campo où elle trouva du travail comme tisserande. Dans un état de grande pauvreté, ils s’installèrent tous ensemble dans la même maison : Catalina, Francisco et sa femme Ana, ainsi que Jean. Jean, parrainé par Rodrigo de Duenas, étudia au collège de la Doctrine chrétienne tenu par des frères. Il y apprit à lire, écrire, compter et prend connaissance de la doctrine chrétienne.
Il ne put étudier qu’en échange de services rendus à la paroisse de la Madeleine tels le nettoyage de l’église, le service comme enfant de choeur, l’aide aux religieuses. Jean se montra bon élève. Rodrigo de Duenas exigea cependant que les enfants du collège apprirent un métier qui leur permit d’aider à subvenir aux besoins de leur famille. Jean s’essaya à plusieurs activités mais il ne se montra pas très habile et dut en changer plusieurs fois ; il fut successivement dhapentier, tailleur, sculpteur sur bois et finalement peintre.
Sa mère l’envoya provisoirement au couvent de la pénitence où il fut servant de messe. Un gentilhomme, Alvarez de Toledo, retiré du monde pour s’occuper des pauvres à l’hôpital de medina del Campo prit l’adolescent au service des indigents et comme infirmier à l’hôpital. Jean obtint finalement une licence pour suivre les cours du collège des jésuites de Medina del Campo, et y apprit la philosophie, la thétorique, le latin et la gtammaire, tout en poursuivant son travail à l’hôpital. Il se montra particulièrement doué pour les études.
Il vécut encore chez ses parents avec son frère Francisco et Ana. Le couple eut des enfants dont aucun n’a survécu, sans doute à cause de l’extrême misère ambiante. Jean qui vit mourir deux des enfants de son frère en fut profondément marqué. Il resta dévoué aux pauvres, notamment aux mendiants, à la recherche de familles pour accueillir les orphelins. À l’âge de 21 ans, Jean termina ses humanités ; il apprit les règles de la prosodie avec le père Bonifacio.
Alvarez de Toledo et sa mère décidèrent d’en faire le prochain chapelain de l’hôpital de Medina et, dans cet objectif, l’envoya parfaire ses études. Cependant Jean de Yepes avait eu maintes fois l’occasion de rencontrer des carmes. Il leur demanda de l’accepter au sein de l’Ordre de Medina del Campo. Le jeune homme intégra la communauté de Medina en 1563 prit alors le nom de ‘Jean de Saint-Matthias’. Il y découvrit la règle de l’Ordre des frères et sœurs de Notre Dame du Mont Carmel ainsi que l’institution des premiers moines, deux œuvres qui fondèrent la spiritualité de l’ordre du Carme.
Il découvre aussi l’importance du renoncement dans la vie comptenplative et mène une vie ascétique faite de pénitence. Un an plus tard, il prononça ses vorux perpétuels de pauvreté, d’obéissance, et de chasteté. Le supérieur décida de l’envoyer poursuivre ses études au couvent Saint-André annexé à l’univers » de Salamanque qui comptait près de six mille étudiants, l’un des principaux foyers de réflexion du continent, l’une des quatre plus grandes universités d’Europe organisa de nombreux débats, notamment autour de la modernité : la récente découverte de l’Amérique, la question de la place des pouvoirs du pape face au pouvoir temporel, par exemple.
De 1564 à 1568, Jean de Saint-Matthias étudia trois années durant la philosophie, et la théologie morale de Thomas d ‘Aquin, devenu l’un de ses grands maîtres spirituels. Il étudia aussi Aristote, Platon, et les écrits d’Augustin d’Hippone. Il poursuivit sa quête incessante de pénitence, dormant sans matelas, portant le cilice et passant de nombreuses heures de la nuit en prièreB 15. Étudiant brillant, il devient préfet des études. À la fin de son cursus à Salamanque, il rédigea un mémoire dans lequel il soutint que la pratique du mysticisme, recherche du sensationnel, conduisit à l’illuminisme, obstacle à la claire vision de la beauté de la contemplation.
Cependant, Jean de Saint-Matthias eut la certitude d’être investi par la présence divine et décida de consacrer sa vie à Dieu dans la voie contemplative. Il fut d’abord persuadé que seul l’Ordre religieux de la Chartreuse put lui permettre de réaliser sa vocation. Il voulut alors entrer à la Chartreuse de Ségovie. Ordonné prêtre en octobre 1567, il dit sa première messe en présence de sa mère Catherine et de son bienfaiteur Alvarez de Toledo.
Au cours de l’office, affirme-t-il, il obtint une grâce spéciale que la théologie appelle la certitude qu’il n’offenserait jamais Dieu. Cette révélation était d’autant plus importante qu’il était très souvent tourmenté par la peur de l’offenser gravement. Au moment où Jean entra dans les ordres, Thérèse d’Avila réforma le Carmel, qui devint le Carmel déchaussé (le nom « déchaussé » vient du fait que les carmélites ne portent plus de chaussures mais des sandales). Elle souhaita y fonder une branche masculine.
Elle obtint l’autorisation du supérieur des carmes, Rubeo de Ravenna, de la constituer. Elle chercha alors des volontaires pour entrer dans la nouvelle congrégation. Antoine de Heredia accepta la nouvelle règle mais Thérèse d’Avila lui demanda de patienter un an afin de discerner s’il a la ferme volonté de fonder la branche masculine du carmel déchaussé. Alors qu’elle arriva à Medina del Campo, elle entendit parler de Jean de Saint-Matthias, frère carme chaussé qui menait une vie d’ascèse et de pénitence. Thérèse d’Avila décida de le rencontrer et pour cela assista à sa première messe.
Elle eut alors un long entretien avec Jean de Saint-Mathias au cours duquel elle lui fit part de sa volonté de réformer l’ordre. Elle lui demanda son aide pour diriger la réforme de l’ordre masculin des carmes déchaussés. L’objectif de cette réforme fut de retourner aux pratiques primitives de l’Ordre. Jean accepta et renonça à devenir chartreux. Thérèse d’Avila lui demanda de poursuivre ses études avant de commencer l’entreprise, en attendant l’autorisation des supérieurs ; il retourna à l’université de Salamanque pour achever sa formation.
Pendant ce temps, Thérèse d’Avila fonda un nouveau couvent réformé à Valladolid. Elle reçut en don une maison destinée à devenir le nouveau carmel de Duruerlo. Elle décida d’y implanter le premier couvent des carmes déchaussés. Un an après leur première rencontre, en septembre 14568, Jean se rendit à Valladolid accompagné de deux autres carmes, Joseph et Antonio. L’objectif du voyage fut de juger sur place la réforme avant de partir pour Duruelo. Thérèse d’Avila décrivit alors Jean de manière élogieuse : « Le père frère Jean est une des âmes les plus pures, les plus saintes que Dieu ait faites sur cette terre. Sa majesté lui a communiqué de grandes richesses de sagesse céleste.
Arrivée à Duruelo, le 28 novembre 1568, Jean de Saint-Matthias prit alors le nom de Jean de la Croix, qu’il garda jusqu’à sa mort. Il s’y installa avec deux autres compagnons et porta l’habit de carme confectionné par Thérèse d’Avila : une bure retenue par une ceinture, le scapulaire de l’Ordre et un court manteau blanc. Ils promirent de vivre selon la règle des carmes non réformés qui data du pape Innocent IV.
Jean travaila avec acharnement à des ouvrages de maçonnerie en vue de préparer le premier couvent des carmes déchaussés. Ses compagnons et lui prêchèrent aux alentours menant une vie très simple et très sobre. Les premières années à Duruelo furent marquées par une radicalité importante : Jean de la Croix partit évangéliser pieds nus, et parfois malgré la neige. Il prêcha et pria la nuit, dormant très peu et dans des conditions très précaires, la maison n’étant pas très bien isolée du froid.
De plus, Jean de la Croix pratiqua une vie intense de mrtification : il porte le cilice et s’imposa différents autres types de pénitences physiques comme le jeûne. Il justifia cette dureté par la nécessité de rétablir en lui l’ordre détruit par le péché, mais aussi afin de faire réparation pour les autres. Thérèse d’Avila chercha à modérer ce qu’elle considéra comme un excès de pénitence qu’elle jugea trop lourd à porter.
Pendant qu’un nouveau carmel déchaussé fut fondé à Pastana — celui de Duruelo étant trop petit— ces pratiques extrêmes commençèrent bien vite à poser problème : les novices à présent nombreux tentèrent de se démarquer par l’imitation de Jean de la Croix. Il fut alors envoyé à Pastrana, où il demande qu’on se limite, dans les pratiques d’austérité, aux seules exigences de la règle du Carmel.
Il comprit le danger des excès de pénitence et dénonça, dans « La Nuit obscure » (Noche oscura), les débordements de ses débuts, affirmant : « Ce sont des pénitences de bêtes, vers lesquelles comme des bêtes on se laisse attirer, trompé par le désir et la satisfaction qui en résultent ». La fondation de Pastrana attira de nombreuses recrues. Jean de la Croix fonda également un carmel à Mancera.
Le premier novembre 1570, alors âgé de 28 ans, il fut nommé recteur du Collège que la réforme fonda à Alcala de Henares. Cette charge ne l’écarta pas de ses études de théologie qu’il poursuivit tout en enseignant aux carmes déchaussés. Une rumeur circulait selon laquelle Jean exigeait trop d’austérité à ses novices, leur demandant de maintenir la règle de l’ordre (i.e. déchaussé) tout en étudiant. . Il fut encouragé dans ses démarches lors de la visite d’un domibnicain.
Jean partit s pour Pastrana pour modérer les pénitences qui y étaientt pratiquées. Il fit également en sorte que les novices neurent plus qu’un directeur spirituel pour les suivre et les accompagner en continu. Ce fut à partir de ce moment que Jean fut considéré comme le maître de la réforme. En 1571, un visiteur apostolique (membre de l’Église envoyé par le pape) nomma Thérèse d’Avila prieure du monastère de la Visitation dAvila, le grand couvent où elle entra à vingt ans pour y conduire sa réforme du carmel déchaussé.
En 1572, elle fit venir Jean de la Croix et le nomma directeur spirituel des religieuses, avec un autre carme déchassé. Pendant trois ans, Jean de la Croix vécut dans une profonde solitude et accompagna spirituellement les cent trente religieuses du couvent carmélite d’Avila. Son accompagnement fut d’une grande aide dans l’instauration de la nouvelle règle du Carmel, et il fut très vite apprécié par les carmélites.
Anne de Jésus affirma : « Elles reconnaissent son génie dans le gouvernement des âmes, sa patience infinie, les conduisant à petite allure, sans violence et par des petits moyens, au point qu’il vient à bout des plus délurées qui laissent leur coquetterie et les choses du monde pour se soumettre à sa parole, car elle est à la fois humaine, céleste et pleine d’amour ». L’accompagnement spirituel de Jean de la Croix a sans doute un grand impact sur Thérèse d’Avila qui commence à écrire ses principaux chefs-d’œuvre et prières, dont la célèbre « Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie, Dieu seul suffit ».
Jean de la Croix vécut seul dans une maison aux abords du couvent. Il n’eut de contact avec le monde que quand il alla chez les religieuses pour des directions spirituelles. Très vite, il eut une réputation de sainteté à Avila même, et il commença à développer sa doctrine spirituelle, notamment en écrivant, sur de petits billets qu’il laissa à certaines sœurs, des phrases pour les encourager. Il y poussa les religieuses à se détacher des choses du monde, arguant que : « L’âme qui s’attache à ses appétits n’est pas plus libre pour contempler Dieu que la mouche qui se pose sur du miel pour voler ».
Il affirma ailleurs que : « Celui qui ne sait pas éteindre ses appétits chemine vers Dieu tel un homme tirant péniblement un chariot jusqu’au sommet d’une côte » . Il encouragea ceux qui souffraient : » Quand tu portes un fardeau, tu es en compagnie de Dieu qui est lui-même ta force car Il est proche de ceux qui sont dans la peine. Quand tu n’as pas de fardeau, tu es en société avec toi-même qui n’est qu’infirmité. «
Pour Jean, le silence fut un moyen d’accéder à Dieu puisqu’il permet de limiter l’expérience des sens et réduit les activités désordonnées de l’intelligence. Il affirma : « Le Père a dit une parole qui est son Fils et Il la dit toujours dans un éternel silence et c’est seulement le silence que l’âme entend ». Jean fuya toute lecture qui ne fut pas la Bible, et évita les sentiments pour n’éprouver plus que la foi pure. Ce fut à travers cette recherche qu’il découvrit l’expérience de ce qu’il appela « Nuit de la foi »
Dans cette quête du Divin, il expérimenta une souffrance intérieure qu’il interpréta comme une conséquence du péché : les facultés humaines n’étaient pas adaptées, selon lui, à la découverte de Dieu. Il compara alors cette souffrance à celles décrites dans lesÉvangiles lors de la Passion du Christ. L’enseignement de Jean de la Croix influença beaucoup Thérèse d’Avila, qui écrivit l’une de ses principales œuvres, le Château intérieur après avoir reçu son accompagnement.
En 1574, Thérèse d’Avila fonda un nouveau carmel à Ségovie et elle demanda à Jean de la Croix de l’accompagner dans cette nouvelle institution. Un jour de 1575, dans le couvent de l’Incarnation, Jean de la Croix eut une vision du Christ en croix, qu’il représenta « vu d’en haut ». Ce dessin inspira plus tard le peintre Salvador Dali qui peignit en 1951 Le Christ de saint Jean de la Croix.
Cette vision conduisit Jean de la Croix à approfondir ses méditations sur la souffrance du Christ, dont il écrivit dans La Montée du Carmel (Subida del Monte Carmelo) : « Durant sa vie, il n’eut pas où reposer sa tête et à l’heure où il expira moins encore. Son Père le délaissait pour qu’il payât purement la dette de l’humanité et qu’il unît l’homme à Dieu, lui-même demeurant anéanti comme réduit à rien ». La maison de Duruelo, offerte à Thérèse d’Avila pour sa fondation fut un lieu modeste que la religieuse surnomme Duruelo Bethléem, en référence au lieu de naissance de Jésus.
Les années 1576 et 1577 marquèrent des changements importants pour la réforme du Carmel déchaussé. Jean de la Croix bénéficia de la faveur du roi, de la protection du nonce et de celle des visiteurs apostoliques. Cependant, le père Rubeo, membre des carmes déchausés, incita des religieux de son ordre, qui mirent en application la réforme du Carmel, à revendiquer une plus grande indépendance. Ces bruits s’amplifièrent et conduisirent à de profondes divisions. Un chapitre des Carmes chaussés décida alors de son arrestation temporaire en 1576 à Medina del Campo. Il fut très vite relâché.
Dans la nuit du deux décembre 1577, Jean de la Croix fut fait prisonnier par une troupe armée, dirigée par le Père Moldonado, opposant à la réforme des carmes déchaussés. Il fut emmené de manière secrète à Tolède puis retenu dans un cachot du couvent des carmes chaussés. On lui demanda d’abjurer et de renoncer à la réforme du carmel, ce qu’il refusa. Cette arrestation marqua un changement important dans la vie de Jean de la Croix : il souffrit physiquement.
Car le cachot ne permit de voir le jour que par le toit ; le régime punitif de cette réclusion fut proche de celui d’un jeune forçat ; il dut affronter de fortes chaleurs et il reçut aussi des coups de la part des geôliers qui le considèrent comme un rebelle. La souffrance fut aussi psychologique : on l’exhorta à quitter la réforme et il ne reçut aucune nouvelle de l’extérieur. De plus, au début de son incarcération, on lui refusa tout accès à la Bible ou à aucun livre.
Les carmes chaussés cherchèrent alors à anéantir la réforme des déchaussés. Le 18 juin 1577, mourut le nonce Ormaneto, représentant du pape en Espagne et favorable à la réforme. Un chapitre général de l’Ordre, qui réunit tous les supérieurs de l’Ordre des Carmes, se tint à Plaisance en Italie. Il décida de déclarer rebelles les Carmes déchaussés, et accusa Jean de la Croix d’être le meneur de la rébellion. Ils cherchèrent à faire exclure Thérèse d’Avila du couvent des carmélites déchaussées, et, pour cela, ils conduisirent à l’élection d’une nouvelle supérieure avant de faire exclure Jean de la Croix.
Dans sa foi, Jean de la Croix souffrit de ce qu’il définit comme la Nuit de la foi: un abandon apparent de Dieu et de toute son œuvre. Cette période fut l’une des plus intenses de sa vie spirituelle ; il parvint après plusieurs mois à avoir du papier et rédige ses poèmes, dont Le Cantique spirituel (Cántico espiritual). Son passage en prison fut un temps de naissance à soi-même, temps qui lui permit de devenir pleinement créatif selon Dominique Poirot.
Jean de la Croix restar huit mois à Tolède, dans des conditions très difficiles : chaque semaine, il fut fouetté et insulté pour vouloir poursuivre la réforme déchaussée. Il parvint à s’échapper mystérieusement le 17 août 1578. Il entreprit d’écrire de nouveaux poèmes. Épuisé, il resta caché pendant deux mois chez les sœurs déchaussées de Tolède, où il réécrit Le Cantique Spirituel qu’il avait appris par cœur. Il participa alors à un chapitre des carmes déchaussés qui demanda la séparation officielle de cette nouvelle branche de l’ordre.
Cette décision conduisit à un renforcement de l’opposition des carmes chaussés, ce qui entraîna l’excommunication de Jean de la Croix. Pour tenter d’apaiser la situation, les frères de la Réforme l’envoiyèrent à Jaén dans le sud de l’Espagne. Il accompagna aussi Thérèse dans ses dernières fondations. Il fonda, près de l’université de Baeza, un collège carmélitain pour les jeunes étudiants de la Réforme.
Afin d’accompagner les carmélites, il dessina le croquis de la montée du Carmel, dans lequel il montra le chemin pour parvenir à l’union à Dieu. Le dessin montre différents itinéraires pour s’unir à Dieu, comme ceux de l’imagination, de l’intelligence ou de la volonté. Tous ces chemins ne mènent cependant pas à Dieu et le seul et ultime moyen est le « rien » : Jean de la Croix prôna un détachement intégral comme le fit Fhérèse d’Avila. Au bas du croquis, il joignit un poème dans lequel il affirma : » Pour parvenir à être tout, Ne cherche à être quelque chose en rien » Ce dessin de Jean de la Croix lui inspira plus tard un ouvrage : La Montée du Carmel
Jean quitta le monastère de Calvario pour fonder un nouveau couvent carme à Baeza. Il en acheva la construction le 13juin 1579. Baeza est une ville universitaire importante. Jean de la Croix y donna des cours aux carmes, et continuea à écrire des poèmes et des réflexions. Il retourna souvent à Béas afin d’accompagner les carmélites. Au début de 1579, la région fut victime de la peste. Jean de la Croix soigna alors les malades, recherche de la nourriture, et visita les souffrants. La mère de Jean de la Croix, Catalina, moututt au cours de l’épidémie.
Le 22juin 1580 marqua une date importante pour le nouvel ordre du carmel : le pape Grégoire XIII signa le décret de séparation dénommé « Pia Consideratione » qui conduisit à la distinction entre carmes chaussés et déchaussés. Le dominicain Juan de las Cuevas fut nommé pour faire exécuter les décisions. Un chapitre réunit alors tous les supérieurs des Carmes le trois mars 1581 à Alcala de Henares, où fut donnée une fête splendide.
Les principales décisions de l’ordre furent prises : Jean de la Croix fut réélu et il rédigea les constitutions. Le chapitre décida d’envoyer des religieux en mission au Congo. Il usa de son influence, afin que les supérieurs des carmes participèrent aux tâches les plus simples. Jean écrivit à une sœur sa souffrance d’être séparé de Thérèse d’Avila : « Consolez-vous avec mon exemple, car je suis ici en exil et solitaire. Depuis que cette baleine m’a avalé puis vomi en ce port étranger, je n’ai plus pu revoir Mère Teresa, ni les saints qui sont là-bas, chez vous. Dieu a bien agi. En définitive l’abandon affine, et souffrir les ténèbres donne une grande lumière. »
Le nouveau vicaire voulut éloigner Jean de la Croix et l’envoya fonder un nouveau monastère à Grenade. Alors qu’il fut présent au départ de la réforme et qu’il assuma différentes responsabilités, excepté celle de supérieur provincial, il finit par être marginalisé de nouveau en 1591, lors du chapitre général des carmes déchaussés. . Le chapitre général voulut l’envoyer fonder des communautés au Mexique avant de réduire son statut à celui de simple religieux. Il fut d’abord envoyé au couvent de La Peñuela en Andalousie.
Il se réjouit cependant de cette exclusion dans laquelle il vit une similitude avec Jésus lors d’une lettre à Anne de Jésus : « Désirez vous rendre semblable à notre grand Dieu humilié et crucifié, car si cette vie ne sert à l’imiter, à quoi est-elle bonne ». Il retournea en Andalousie à l’automne, à La Peñuela, où il devint simple carme. Diego Evangelista, un carme qui voua une haine féroce à Jean de la Croix, profita de ses pouvoirs donnés au chapitre pour mener une enquête contre lui. Il détourna des témoignages et voulut le décrire comme un coureur de bures, essayant de discréditer le mystique.
La maladie se poursuivit mais Jean de la Croix confia au père Antoine être de plus en plus paisible. Le médecin lui annonçae le 7 décembre que sa mort futest proche ; Jean de la Croix se confessa et demanda pardon à sa communauté. Le 13 décembre, il demande qu’on lui lise le Cantique des Cantiques. Il mourut dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591. Doña Ana obtint très vite que son corps fut transféré à Ségovie.
Diacre Michel Houyoux
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