Tu as pitié de tous les hommes, parce que tu aimes tout ce qui existe
Posté par diaconos le 29 octobre 2022
Du livre de la Sagesse
Seigneur, le monde entier est devant toi comme un rien sur la balance, comme la goutte de rosée matinale qui descend sur la terre. Pourtant, tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent. Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé. Comment aurait-il subsisté, si tu ne l’avais pas voulu ? Comment serait-il resté vivant, si tu ne l’avais pas appelé ? En fait, tu épargnes tous les êtres, parce qu’ils sont à toi, Maître qui aimes les vivants, toi dont le souffle impérissable les anime tous. Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent, pour qu’ils se détournent du mal et croient en toi, Seigneur. (Sg 11, 22 – 12, 2)
De la poésie à l’homélie
J’ai rencontré trois escargots qui s’en allaient cartable au dos et dans le pré trois limaçons qui disaient par cœur leur leçon. Puis dans un champ, quatre lézards qui écrivaient un long devoir. Ah les poèmes de notre école primaire ! Ils purent nous accompagner le long des chemins, pendant nos jeux, le soir ou le matin. Me voilà à faire de la poésie… quelle drôle d’homélie ! Nous avons dans ce texte, tiré du livre de la Sagesse, un texte qui mériterait d’être appris et réciter comme une poésie. Il est superbe ce texte ! Tout entier rédigé à la deuxième personne, comme une prière : ce n’est pas une méditation sur Dieu, c’est une parole adressée à Dieu, une parole de gratitude, et cela nous donne un texte très émouvant.
Seigneur, le monde entier est devant toi comme un rien sur la balance, comme la goutte de rosée matinale qui descend sur la terre. Pourtant, tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent. Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé. « C’est magnifique ! « Tu épargnes tous les êtres, parce qu’ils sont à toi, Maître qui aimes les vivants, toi dont le souffle impérissable les anime tous. » Fabuleux !
« Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent, pour qu’ils se détournent du mal, et croient en toi, Seigneur. » Ce serait super de connaître ce texte par cœur, de pouvoir le réciter, n’importe où, n’importe quand. Nous avons perdu la tradition orale qui accompagnait les générations de la Bible. Ils connaissaient par cœur par exemple les psaumes.. Elle existait cette tradition orale avec Grignion de Montfort, certains de ses poèmes sont même intitulés » De l’utilité des cantiques ».
Le christianisme regorge de poésie. Les grands moments évangéliques sont habités par une intensité ramassée qui émeut et bouleverse les cœurs. L’Annonciation, la Nativité, Jésus dans la tempête, le Christ en croix, la résurrection, par la parole, nous saisissent et nous changent.
Au fond, dit le poète agnostique Jean-Pierre Siméon dans un entretien avec le magazine Pèlerin (numéro 7116, 2019), dans ce Jésus aux pieds nus, qui va à la mort, il y a quelque chose de la posture du poète. Une fragilité, une façon d’être sensible à l’immense douleur humaine, et en même temps de porter un espoir. Jésus est homme comme nous devrions tous l’être. Au plus près de l’amour de l’humain. Le christianisme cherche à dire l’indicible, Saint Paul tenta de résumer en parlant de cette prédication apparemment folle de la croix (1, Cor. 1, 21-25), et la poésie, parce qu’elle tente l’impossible dans la parole pour qu’elle soit autre chose que la fade réduplication de l’évidence, , fut son plus précieux recours.
La symbolique du christianisme est toutefois si puissante en elle-même qu’elle ne se laisse pas manier par le premier venu. Pour être à la hauteur d’un tel univers, d’un tel message, le poète doit se l’approprier en lui imprimant sa singularité; il faut préserver la force du message, tout en lui donnant un élan nouveau, personnel et transmissible. Le bon poète chrétien ne répète pas la parole première; par son originalité, il lui donne une nouvelle fraîcheur, il fait entendre la foi en acte d’une voix inédite.
Diacre Michel Houyoux
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