Saint Martin de Tours
Posté par diaconos le 10 novembre 2023
Martin de Tours n’acquit dans l’€mpire romain à Savaria, dans la province romaine de Panomie (actuelle Hongrie, en l’an 316. Sa vie est essentiellement connue par la Vita sancti Martini (Vie de saint Martin) écrite en 396-397 par Sulpice-sévère, qui fut l’un de ses disciples. La dévotion à Martin se manifeste à travers une relique, le manteau ou la chape de Martin, qu’il partagea avec un déshérité transi de froid. Dès le cinquième siècle, le culte martinien donna lieu à une série d’images successives relatant les faits et gestes du saint.
Il introduisit le monachisme en Gaule moyenne, le monachisme martinien s’ancrant autour de la Loire, tandis que les monachismes lérinien et cassinite se développèrent dans la Gaule méridionale.Son culte se répandit partout en Europe occidentale, depuis l’Italie, puis surtout en Gaule où il devint le patron des dynasties mérovingiennes et carololingiennes. Saint Martin compte parmi les patrons secondaires de la France.Il est le patron notamment de Tours, Buenos Aires, Vevey, de la cathédrale de Mayence, de celle d’Utrecht, de celle de Lucques et de la basilique San Martino.
Jusqu’à la réforme du calendrier des saints de la fin du 20e siècle, on célébrait deux fêtes de saint Martin : la Saint-Martin d’été ou Saint Martin le bouillant, le quatre juillet, commémoraison de la consécration épiscopale de Martin en l’an 371 au cours de laquelle un globe de feu était apparu au-dessus de Martin, et la Saint-Martin d’hiver, le onze novembre. Seule le 11 novembre est aujourd’hui inscrit au calendrier liturgique universel, la Saint-Martin d’été restant une coutume particulière ou locale.Son père était un tribun militaire de l’Empire romain, chargé de l’administration de l’armée, il suivit son père à Pavie, en Italie du nord lorsque ce dernier y fut muté.
À l’école, l’enfant fut en contact avec des chrétiens en cette époque marquée par le développement du christianisme. Vers l’âge de dix ans, il voulut se convertir à cette religion, car il se sentit attiré par le service du Christ. En tant que fils de magistrat militaire, Martin suit son père au gré des affectations de garnison ; il fut héréditairement lié à la carrière de son père, voué au culte impérial. Ce père fut irrité de voir son fils tourné vers le christianisme : alors que l’âge légal de l’enrôlement est de dix-sept ans, il força son fils de quinze ans à entrer dans l’armée.
En tant que fils de vétéran, il reçut le grade de circitori avec une double solde. Le circitorétait chargé de mener la ronde de nuit et d’inspecter les postes de garde de la garnison. Le jeune homme avait un esclave, et il le traita comme son propre frère. Affecté en Gaule, à Amiens, un soir de l’hiver de l’an 334, Martin partagea son manteau militaire avec un déshérité transi de froid, car il n’a déjà plus de solde après avoir généreusement distribué son argent. Il tranche son manteau ou tout du moins la doublure de sa pelisse : le manteau appartenait à l’armée, mais chaque soldat pouvait le doubler à l’intérieur par un tissu ou une fourrure, à ses frais.
La nuit suivante le Christ lui apparut en songe vêtu de ce même pan de manteau. Il avait alors 18 ans. Le reste de son manteau, appelé cape sera placé plus tard, à la vénération des fidèles, dans une pièce dont le nom est à l’origine du mot chapelle. Ce fut le temps où les Barbares étaient aux frontières de l’Empire, composées de mercenaires d’origine germanique. En mars 354, Martin participa à la campagne sur le Rhin contre les Alamans à Civitas Vangionum en Rhénanie ; ses convictions religieuses lui interdirent de verser le sang et il refusa de se battre.
Pour prouver qu’il ne fut pas un lâche et qu’il croyait à la providence et à la protection divine, il proposea de servir de bouclier humain. Il fut enchaîné et exposé à l’ennemi mais, pour une raison inexpliquée, les barbares demandèrent la paix. Il s’agit évidemment d’un récit miraculeux tels qu’ils furent abondamment développés sept cents ans plus tard dans La Légende dorée de Jacques de Voragine. Le genre fut d’une grande popularité durant tout le Moyen Âge.
Selon Sulpice-Sévère, Martin servit encore deux années dans l’armée, une unité d’élite de la garde impériale dont il fut membre pendant 20 années ; cela porterait la durée totale de son service à 25 ans, durée légale dans les corps auxiliaires de l’armée romaine, puis il se fit baptiser à Pâques toujours en garnison à Amiens ; cette époque fut un temps de transition, la fin d’un règne et le début d’un autre règne où tous, même les soldats, furent pénétrés par les idées nouvelles.
En l’an 356, ayant pu quitter l’armée il se rendit à Poitiers pour rejoindre Hilaire, évêque de la ville depuis l’an 350. Hilaire avait le même âge que lui et appartenait comme lui à l’aristocratie, mais il devint chrétien tardivement.Son statut d’ancien homme de guerre empêcha Martin de devenir prêtre : aussi refuse-t-il la fonction de diacre que lui proposa l’évêque. Il eut alors un pouvoir de thaumaturge : il ressuscita un mort et opéra de nombreuses guérisons, doublé de celui d’un exorciste.
Au cours du même voyage, il rencontra le Diable. Dans la région des Alpes, il fut un jour attaqué par des brigands. L’un des voleurs lui demande s’il avait peur. Martin lui répondit qu’il n’eut jamais eu autant de courage et il plaignit les brigands. Il se mit à leur expliquer l’Évangile. Les voleurs le délivrèrent et l’un d’eux demanda à Martin de prier pour lui.
La chrétienté était alors déchirée par des courants de pensée qui se combattirent violemment et physiquement ; les ariens, les disciples du prêtre Arius, qui nia que le Christ soit Dieu fils de Dieu au contraire des trinitaires de l’Église orthodoxe ; à cette époque les ariens furent très influents auprès du pouvoir politique. Alors qu’Hilaire, un trinitaire, victime de ses ennemis politiques et religieux, tomba en disgrâce et fut exilé, Martin fut averti en songe qu’il doit rejoindre ses parents en Illistrie afin de les convertir. Il réussit à convertir sa mère mais son père resta étranger à sa foi ; cette position peut du reste n’être que tactique, le père essayant de défendre son statut social privilégié.
En Illyrie, ce fut la foi arienne qui était la foi dominante et Martin, qui était un fervent représentant de la foi trinitaire, eut de violentes disputes avec les ariens, car il fut publiquement fouetté puis expulsé. Il s’enfuit et se réfugia à Milan, mais là aussi les ariens dominaient et Martin fut à nouveau chassé. Il se retira en compagnie d’un prêtre dans l’île déserte de Gallimara, non loin du port d’Albenga et se nourrit de racines et d’herbes sauvages. Martin s’empoisonna accidentellement avec de l’hellébore et il s’en fallut de peu qu’il ne meure.
En l’an 360, avec les décisions du Concile de Nicée, les trinitaires regagnèrent définitivement leur influence politique et Hilaire retrouva son évêché. Martin en fut informé et revint lui-même à Poitiers. Alors âgé de 44 ans, il s’installa en 361 sur un domaine gallo-romain qu’Hilaire lui indiqua près de Poitiers. Martin y créa un petit ermitage,situé à huit km de la ville : l’abbaye de Ligugé, où il fut rejoint par des disciples. Il y créa la première communauté de moines sise en Gaule. Ce premier monastère fut le lieu de l’activité d’évangélisation de Martin pendant dix ans. Il accomplit ses premiers miracles et se fit ainsi reconnaître par le petit peuple comme un saint homme.
En l’an 371 à Tours, l’évêque Lidoire mourut ; les habitants voulurent choisir Martin mais celui-ci refusa. Les habitants l’enlevèrent et le proclamèrent évêque le 4 juillet 371 sans son consentement ; Martin se soumit en pensant qu’il s’agit là sans aucun doute de la volonté divine. Un cas identique de contrainte face à un non-consentement se reproduisit en l’an 435 pour Echer de Lyon. Les autres évêques ne l’aimèrent guère car il avait un aspect pitoyable dû aux mortifications et aux privations excessives qu’il s’infligea, il porta des vêtements rustiques et grossiers.
Désormais, il ne modifia en rien son train de vie. Il créa un nouvel ermitage à trois km au nord-est des murs de la ville : ce fut l’origine de Marmoutier avec pour règle la pauvreté, la mortification et la prière. Les moines devaient se vêtir d’étoffes grossières sur le modèle de saint Jean-Baptiste qui était habillé de poil de chameau. Ils copiaient des manuscrits, pêchaient dans la Loire ; leur vie est très proche de ce que l’on peut lire dans les Évangiles sur la vie des premiers apôtres, jusqu’aux grottes qui abritent dans les coteaux de la Loire des habitations troglodytes où s’isolèrent des moines ermites. .
Le monastère fut construit en bois ; Martin vécut dans une cabane de bois dans laquelle il repoussa les apparitions diaboliques et conversa avec les anges et les saints : ce fut une vie faite d’un courage viril et militaire que Martin impose à sa communauté.Tout ce monde voyageait à travers les campagnes à pied, à dos d’âne et par la Loire ; car Martin fut toujours escorté de ses moines et disciples, pour des raisons de sécurité car il ne manquait pas de voyager très loin de Tours. Ailleurs l’autorité de l’évêque était limitée à l’enceinte de la cité, avec Martin elle sortit des murs et pénétra profondément à l’intérieur des terres. Martin sembla avoir largement sillonné le territoire de la Gaule ; là où il ne put aller, il envoya ses moines.
À cette époque les campagnes étaient païennes, il les parcourut faisant détruire temples et idoles. Il fait par exemple abattre un pin sacré.Il prêcha avec efficacité les paysans, forçant le respect par l’exemple et le refus de la violence. Il prêcha par la parole et par sa force, il savait parler aux petits et il utilisait à merveille la psychologie par sa connaissance des réalités quotidiennes et l’utilisation de paraboles simples que le petit peuple comprenait.
Il remplaça les sanctuaires païens par des églises et des ermitages et, comprenant fort bien l’homme de la campagne et ses besoins, il se donna les moyens de le convertir alors que la foi chrétienne était essentiellement urbaine. D’après Grégoire de Tours, il fonda les paroisses de Langy ; Langey, Sonnazy, d’Ambroise, de Charnisay, de Tournon, de Candes. Marmoutier servit de centre de formation pour l’évangélisation et la colonisation spirituelle des campagnes ; ce fut pour l’essentiel la première base de propagation du christianisme en Gaule.
Martin de Tours fut présent à Trêves lorsque les évêques d’Espagne Hydaces et Ithace demandèrent à l’empereur Maxime la condamnation de Priscillien. Celui-ci fut condamné, pour motifs civils, au chef de magie. Rejoint par Ambroise de Milan, délégué par le jeune empereur Valentinien II, Martin demanda la grâce pour Priscillien. Bien qu’Ambroise, menacé de mort par l’empereur, ne le soutint pas, Martin obtint que les disciples de Priscillien ne fussent pas poursuivis. Le pape Sirice s’éleva contre les procédés de Maxime
Par la suite, Martin de Tours refusa toujours de participer aux assemblées épiscopales, ce qui, avec ses efforts pour sauver de la mort Priscillien, le fit suspecter d’hérésie. L’empereur Théodose Premier déclara nulles les décisions de Maxime dans cette affaire ; Ithace fut déposé quelques années plus tard et Hydace démissionna de lui-même de sa charge, Marmoutier comptait 80 frères vivant en communauté, issus pour la plupart de l’aristocratie ce qui permettait à Martin de jouir d’une grande influence et de se faire recevoir par les empereurs eux-mêmes. Il existe désormais une complicité entre les empereurs et les évêques, entre le pouvoir de la nouvelle foi et le pouvoir politique.
Mais cela n’empêche pas Martin, à la table de l’empereur, de servir en premier le prêtre qui l’accompagne et d’expliquer que le sacerdoce est plus éminent que la pourpre impériale. Un jour, voyant des oiseaux pêcheurs se disputer des poissons, il expliqua à ses disciples que les démons se disputent de la même manière les âmes des chrétiens. Et les oiseaux prirent ainsi le nom de l’évêque ; ce sont les martins-pêcheurs.Vers la fin de sa vie, sa présence fut requise pour réconcilier des clercs à Candes-sur-Loire à l’ouest de Tours ; l’urgence de l’unité de l’Église fit que malgré sa vieillesse, il décida de s’y rendre.
Son intervention fut couronnée de succès, mais, le lendemain, épuisé par cette vie de soldat du Christ, Martin mourut à Candes, à la fin de l’automne, le 8 novembre 397 sur un lit de cendres comme mouraient les saints hommes. Au moment de sa mort, les personnes qui l’entourèrent rapportèrent avoir vu son corps paraître blanc comme neige.Il fut enterré le onze novembre dans le cimetière chrétien extérieur à la ville après une halte en un lieu où sera plus tard construite la chapelle du Petit-Saint-Martin. Son tombeau devient dès lors un lieu de pèlerinage couru de tout le pays. Selon Grégoire ,de Tours, l’évêque Brice fit construire en lan 437 un édifice en bois pour abriter le tombeau et la cape de Martin, appelé pour cette raison chapelle. Constatant le rayonnement de ce sanctuaire, l’évêque Perpétuus fit construire à la place la première basilique Saint Martin hébergeant le tombeau de Martin, dont la dédicace eut lieu le 4 juillet de l’an 470.
Diacre Michel Houyoux
Vidéo Saint Martin de Tours → https://youtu.be/9BFVaCR–4o
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