Trente troisième dimanche du Temps Ordinaire – Année A
Posté par diaconos le 11 novembre 2023
# La parabole des talents et la parabole des dix mines comptent parmi les paraboles évangéliques les plus connues. La première est racontée dans l’Évangile selon Matthieu 25:14-30. La deuxième, comparable, bien que légèrement différente, se trouve dans l’Évangile selon Luc XIX, 12-27. Elles décrivent un maître qui gratifie des serviteurs méritants, et qui en punit un autre pour sa paresse. Cette métaphore se rapporte à celle du vrai cep (Jn 15, 1-12), et au fait que le Seigneur cherche à ce que ses enfants donnent du fruit, à ce qu’ils suivent les vertus théologales et cardinales afin de partager, aider, et de faire vivre la compassion.
Les deux récits évoquent également le sort des élus et le sort des damnés lors du Jugement de la fin des temps. La parabole illustre l’obligation pour les chrétiens de ne pas gâcher leurs dons reçus de Dieu et de s’engager, malgré les risques, à faire grandir le royaume de Dieu. Le mot de talent a pris son sens depuis cette parabole. Un prêtre, le Frère Élie, décrit ce que cette parabole ne cache qu’à demi-mot : un jugement sera… prononcé, un jugement de salut sur ceux à qui le Seigneur a confié dons et talents à faire fructifier durant son absence. .
Cette parabole de Jésus oriente donc l’attention sur le temps qui s’étend entre son ascension au ciel et son retour dans la gloire, temps où l’homme a à s’investir pour recevoir au jour du jugement la couronne du salut. C’est donc à chacun de donner selon ses aptitudes afin d’aider son prochain. Cependant, Frère Élie alla plus loin : pour lui l’homme de haute naissance est bel et bien le Christ lui-même, son retour sera alors le temps du jugement dernier, le temps du salut des âmes.
Selon saint Jean Chrysostome, il faut par ce mot de talent, entendre tout ce par quoi chacun peut contribuer à l’avantage de son frère, soit en le soutenant de son autorité, soit en l’aidant de son argent, soit en l’assistant de ses conseils par un échange fructueux de parole, soit en lui rendant tous les autres services qu’on est capable de lui rendre.
Il ajouta : «Rien n’est si agréable à Dieu que de sacrifier sa vie à l’utilité publique de tous ses frères. C’est pour cela que Dieu nous a honorés de la raison» Cette parabole sera reprise par Jean Calvin, au XVIème siècle, pour revaloriser l’usure dans la croyance protestante.
Le troisième serviteur, devant son raté, aurait pu se présenter au maître, au lieu de l’insulter, en demandant pardon, ou même en disant que personne n’est digne d’entrer dans la joie du maître par ses propres œuvres. La seule solution est de consentir à ce que Dieu donne. «Seigneur, je ne suis pas digne, mais dis seulement une parole et je serai guéri.» Qu’aurait fait le maître? Il aurait aussi accueilli ce serviteur.
De l’Évangile selon Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : «C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités.
Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents
en gagna deux autres.
Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes.
Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents
et dit ‘Seigneur, tu m’as confié cinq talents ;voilà, j’en ai gagné cinq autres.’
Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.’
Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.’
Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ;entre dans la joie de ton seigneur.’
Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre.
Le voici. Tu as ce qui t’appartient.’
Son maître lui répliqua : ‘Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu.
Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix.
À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien,
jetez-le dans les ténèbres extérieures ;là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !’» (Mt 25, 14-30)
La parabole des talents
Le royaume des cieux est comparé à ce que fit un homme qui, s’en allant en voyage, remit ses biens à ses serviteurs. Il donna à l’un cinq talents, à l’autre deux, à l’autre un. Aussitôt celui qui avait reçu cinq talents se mit à l’œuvre et en gagna cinq autres ; de même aussi celui qui en avait reçu deux. Mais celui qui n’avait qu’un talent, l’enfouit dans la terre.
Longtemps après, le maître revint et fit rendre compte à ses serviteurs. Celui qui avait reçu cinq talents en produisit cinq autres qu’il avait gagnés ; de même aussi celui qui en avait reçu deux. Alors le maître, louant leur fidélité, les admit à partager sa joie.
Mais celui qui n’avait reçu qu’un talent vint et dit : «Seigneur, je savais que tu es un homme dur et injuste ; j’ai craint et j’ai enfoui ton talent dans la terre : voici ce qui est à toi.» Mais son maître lui répondit : «Méchant serviteur, si tu savais que je suis un homme dur et injuste, tu devais remettre mon argent à d’autres, qui me l’auraient rendu avec intérêt. Ôtez-lui le talent, donnez-le à celui qui en a dix et jetez le serviteur inutile dans les ténèbres du dehors.»
Luc rapporta une parabole qui a des traits de ressemblance avec celle-ci, mais qui, à d’autres égards, en diffère profondément. Plusieurs interprètes, considérant ces deux récits comme une seule et même parabole, diversement modifiée par la tradition apostolique, se demandèrent auquel des deux appartient la priorité et l’originalité.
Jésus employa deux fois une forme d’instruction, en la modifiant de manière à exprimer deux idées différentes ? Dans la parabole rapportée par Luc, tous les serviteurs reçurent la même somme à faire valoir.
Ici les dons confiés furent individualisés selon la capacité et les moyens de chacun. Ayant ainsi confié ses biens, le maître partit aussitôt, car ’il ne voulut gêner en rien la liberté de ses serviteurs, désormais responsables.
«Après un long temps, le seigneur de ces serviteurs vient, et il règle compte avec eux » (Mt 25, 19) Comme ce retour du maître représente la seconde venue de Jésus. es cinq talents confiés n’étaient pas si peu de chose ; mais le maître les désigna ainsi en comparaison de ce qu’il confia encore de ses immenses richesses à ce serviteur qui se montra bon et fidèle.
Que signifie dans la parabole, ce mot : la joie de ton seigneur ? Certains pensèrent à la satisfaction que le maître éprouva au sujet de ce bon serviteur, d’autres à quelque banquet ou quelque fête qu’il voulut instituer pour célébrer son retour. Ici,
Jésus passa tout à coup de l’image à la réalité et que cette joie, fut la félicité et la gloire dont il jouit et dans laquelle il introduisit son fidèle serviteur. Les uns virent dans ces banquiers des associations chrétiennes auxquelles le serviteur paresseux aurait pu confier les ressources qu’il ne voulait pas faire valoir lui-même ; d’autres, des chrétiens plus avancés, sous la direction desquels il aurait dû se placer.
D’autres encore virent dans l’acte de porter l’argent aux banquiers, le renoncement à la profession chrétienne qui fut commandé à ceux qui n’eurent pas dans le cœur la foi et l’amour de leur Maître.
«La banque est le trésor divin et l’acte de dépôt, réclamé du serviteur, un état de prière dans lequel le serviteur, qui se croit incapable d’agir lui-même pour la cause de Christ, peut au moins demander à Dieu de tirer de lui et de sa connaissance chrétienne le parti qu’il trouvera bon.» (Godet)
L’homme qui confia ses biens avant de s’absenter, c’est le Seigneur lui-même, qui bientôt allait se séparer de ses disciples. Les serviteurs sont les disciples d’alors et les rachetés de tous les temps, quelles que soient leur position ou leurs fonctions dans l’Église.
Les talents représentent tous les dons de Dieu, avantages naturels et grâces spirituelles et en particulier l’effusion de son Saint-Esprit qui allait être accordée à l’Église, pour y créer une vie nouvelle et y vivifier tous les autres dons.
Ces talents sont répartis à chacun selon sa capacité, conformément à la souveraine sagesse de celui qui sonde les cœurs, mesure les forces morales et intellectuelles et connaît le degré de réceptivité de chaque âme.
Il s’agit pour tous d’augmenter ces talents en les faisant valoir. De même, en effet, que des capitaux s’augmentent par les intérêts, par le travail, de même toutes les grâces de Dieu se multiplient par leur emploi fidèle dans la vie pratique.
Le retour du maître qui vient régler compte avec ses serviteurs, c’est l’avènement solennel, au dernier jour, du Seigneur devant qui seront manifestés tous les secrets des cœurs et tous les fruits du travail de chacun.
Le bonheur des serviteurs fidèles qui entrent dans la joie de leur Seigneur, aussi bien que l’inexprimable malheur du serviteur méchant et paresseux qui se voit dépouillé de son talent et jeté dans les ténèbres du dehors ce dénouement si grand, si tragique de la parabole, s’explique de lui-même.
Diacre MICHEL HOUYOUX
Compléments
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