Jeudi de la deuxième semaine du Carême – Année Paire
Posté par diaconos le 29 février 2024
De l’Évangile de Jésus Christ selon Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous le dis : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu.
Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. » (Mt 5, 20-26)
Réforme de la vie morale
«Car je vous dis que si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.» Ces paroles montrent ce que Jésus entendit, par l’accomplissement de la loi et introduisirent le discours qu’il donna, sur la manière d’interpréter la loi. Ses disciples durent réaliser une justice bien supérieure à la justice extérieure, superficielle et formaliste des pharisiens dont il fit ressortir toute l’insuffisance. Il ne dit pas, dans le sermon sur la montagne, par quel moyen ses disciples pourront obtenir cette justice supérieure..
Jésus fit comprendre à ses disciples quelle fut dans son étendue et sa profondeur la vraie justice, telle que l’établit la loi saisie non dans sa lettre mais dans son esprit. Les Juifs entendaient la lecture de la loi à chaque sabbat. Les anciens étaient toutes les générations précédentes auxquelles Moïse et les docteurs qui lui succédèrent (Mt 23, 2) enseignèrent la loi. Le commandement cité est de Moïse (Ex 1, 13) et les paroles qui y turent ajoutées : celui qui tuera, est une détermination des interprètes, fondé d’ailleurs sur la législation mosaïque.
Le jugement devant lequel le meurtrier était punissable ou justiciable, était une cour de justice secondaire, établie dans chaque district. (Dt 16, 18 ; Cr 19, 5). À cela se bornait, dans l’interprétation pharisaïque, toute la signification de ce commandement, quiconque ne l’avait pas violé à la lettre, pouvait se croire innocent. Quelques interprètes traduisirent : « Il a été dit par les anciens ». Sens grammaticalement possible, mais contraire à l’usage de cette expression dans le Nouveau Testament. De même dans la suite de ce discours.
Jésus établit une gradation dans la transgression et aussi dans la peine qu’elle faisait encourir. D’abord la colère contre un frère qu’il faudrait aimer. Quant à la peine également graduée qui correspondit à ces violations de la loi, Jésus l’indiqua par des images tirées de la justice pénale de son temps et de son peuple. il ne voulut pas dire que celui qui manifeste ces mauvais sentiments du cœur devait être puni par les divers tribunaux qu’il nomma, mais qu’il fut aussi coupable que ceux qu’on y amena. Le jugement désigne le tribunal inférieur.
Le Sanhédrin, autorité suprême de la nation, était composé de septante-et-un membres, anciens, scribes et sacrificateurs, sous la présidence du souverain sacrificateur.. (Mt 21, 23 ; Lc 22, 26 ; Ac 5, 21) Il connaissait de toutes causes religieuses, civiles ou criminelles ; en ces dernières, dont il est ici question, il servait de cour d’appel. Le nom de géhenne du feu provenait de la vallée de Gué-Hinnom, qui entourait Jérusalem du côté du sud et dans laquelle s’était célébré autrefois le culte de Moloch.
Depuis le temps de Josias (2 Rs 23, 10 on y jetait, afin de la profaner, les corps des animaux morts et des suppliciés et l’on y entretenait un feu pour les consumer. Ce lieu était ainsi devenu une image de l’enfer et c’est dans ce sens que le Nouveau Testament emploie ce terme. (Jr 7, 13 ; Jr 19, 2 ; Mc 9.43-48) Jésus supposa le cas d’un homme qui, déjà occupé dans le temple à préparer une offrande, un sacrifice, là, sous l’impression de la sainteté de son acte, se souvint que son frère, un homme quelconque, avait quelque chose, quelque ressentiment contre lui.
Est-ce parce qu’il offensa ce frère ? Jésus n’admit pas que cet homme puisse entrer en communion avec Dieu par son offrande, par la prière, tant qu’il n’sut pas réconcilié avec son frère et toute conscience chrétienne confirme ce jugement. Jésus recommanda le devoir de la réconciliation, mais sous une autre forme. Il supposa deux adversaires un créancier et un débiteur, dont le premier emmena l’autre chez le juge pour se faire payer, comme cela se pratiquait chez les anciens.
Le conseil que donna lJésus à celui qui sera accusé fut de se mettre promptement d’accord avec son adversaire tandis qu’il fut en chemin. S’il ne le fit pas, il courut le risque d’être livré au juge, puis à l’huissier (exécuteur du jugement) et d’être jeté en prison. Jésus exhorta ses disciples à la réconciliation avec leurs frères, et cela, à cause de leur responsabilité envers Dieu. Tous les hommes sont en chemin vers le juge, qui est Dieu ; tous ont envers leurs frères des torts dont il leur sera demandé compte, qui suffiraient pour les faire condamner ; et s’il est impossible même d’apporter à Dieu une offrande sans être réconcilié avec un frère offensé, comment espérer être absous devant le tribunal céleste ?
On voit combien cette sérieuse parabole rentre harmoniquement et profondément dans le discours de Jésus et que c’est à tort que quelques interprètes pensent que Matthieu l’a arbitrairement intercalée ici, parce que Luc lui assigne une autre place dans son évangile (Lc 12, 58-59).
Diacre Michel Houyoux
Liens avec d’autres sites chrétiens
◊ Prédication : cliquez ici pour lire l’article → Jeudi de la 2e semaine de Carême – Prédications
◊ Père Gilbert Adam : cliquez ici pour lire l’article → Jeudi de la 2e semaine de Carême
Vidéo Famille Missionnaire de Notre Dame : cliquez →https://youtu.be/DaU0L59usE8
Laisser un commentaire