Vendredi Saint
Posté par diaconos le 28 mars 2024
Le Vendredi saint est la commémoration religieuse célébrée par les chrétiens le vendredi précédant le dimanche de Pâques. Il marque le jour de la crucifixion et de la mort de Jésus Christ. Il fait partie du triduum Pascal, qui s’étend du Jeudi Saint qui est la commémoration du dernier repas du Christ avec ses apôtres aux vêpres du dimanche de Pâques. Appelé vendredi adouré ou adoré (du latin adorare) pendant le Moyen Âge en France, le vendredi saint est aussi connu comme le Grand vendredi ou Saint et grand vendredi dans la tradition orthodoxe.
Ce jour est férié dans un grand nombre de pays ou de régions, en Europe. !Allemagne, Espagne, Portugal, Italie, Royaume-Uni, Suisse, Lettonie, au Liban, en Argentine, Brésil, Canada, Chili et douze des cinquante états des États-Unis, en Éthiopie, Kenya, Nigeria et en Asie pour Hong Kong, Inde, Indonésie et Macao. C’est également un jour férié pour les département français de la Moselle, du Bas-Rhin, du Haut-Rhin. Il n’est pas légalement férié, ce jour est généralement chômé dans les collectivités territoriales de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane.
Objet de la commémoration
Le Vendredi saint est la commémoration de la Passion et de la crucifixion de Jésus Christ.. La mort du Christ et la foi en sa Résurrection sont fondamentales pour le christianisme ; ce jour est donc célébré par toutes les Églises chrétiennes. Il s’agit d’un jour de tristesse et de méditation sur la signification de cette mort.
Rites catholiques
L’Église catholique préconise de jeûner, privation substantielle de nourriture selon l’âge et les forces de chaque chrétien le Vendredi saint. Elle inclut le Vendredi saint et le Samedi Saint dans le jeûne pascal, conformément à l’article 110 de Sacrosanctum Concilium . Dans l’Église latine, un jour de jeûne signifie un seul repas complet, deux petites collations étant permises le matin et le soir à condition que les deux ensemble ne correspondent pas à un repas complet. Cette règle peut être observée moins rigoureusement le Samedi saint que le Vendredi saint.
Les églises catholiques ont coutume de voiler les crucifix le dimanche quinze jours avant Pâques et de les dévoiler le Vendredi saint. Des offices additionnels sont tenus en ce jour avec des lectures de l’Ancien et du Nouveau Testament. L’office catholique central et solennel de ce jour, appelé Office de la Passion, fait partie du temps de la Passion de l’année liturgique. Cet office, dont la composition emprunte sa plus grande partie à une messe, n’en est cependant pas une. Il y a bien la communion avec des hosties déjà consacrées étant amenées à l’autel dans un ou des ciboires.
Sa structure principale est la suivante : La prostation des prêtres et autres ministres du culte.- Trois lectures. La première est issue du Livre d’Isaïe et la seconde de l’Épître aux Hébreux La troisième est prépondérante par rapport aux deux autres car bien plus longue que les deux précédentes et narrant la Passion du Christ selon saint Jean. - Une brève homélie. La Grande Prière Universelle, qui est une série de prières d’intercession. .Elle est déployée plus que lors de tout autre dimanche ou solennité de l’année. Parmi celles-ci, il y a la prière pour la conversion des Juifs.
Adoration de la Croix. En l’église où est célébré l’office, la grande croix est portée en procession jusqu’au lieu du sacrifice eucharistique pour son ostension et son adoration qui alterne hymnes, dont les Impropères et certaines pièces du répertoires sacré telles que le Miserere et le Stabat Mater et silence; rite prenant sa source dans la liturgie de Jérusalem des premiers temps. Communion avec des hosties consacrées la veille au soir à la messe de la Cène du Seigneur et transportées solennellement au reposoir. Après la bénédiction finale, tous se retirent en silence.
La prière Oremus et pro perfidis Judaeis a comporté pendant plusieurs siècles une mention avilissante pour les Juifs perfides. Cette mention a été supprimée par le pape Jean XXIII en 1959, et le concile Vatican II clarifia la position de l’Église catholique sur les relations avec le judaïsme dans la déclaration Nostra Ætate en 1965. Benoît XVI a modifié la prière pour la conversion des juifs du missel tridentin, en 2008, et en 2021 le motu proprioTraditionis custodes du pape François a annulé l’élargissement des conditions de célébration de la messe selon le rite tridentin. Les crucifix voilés depuis le samedi de la quatrième semaine de carême et les images le sont aussi en ce jour sont dévoilés à l’issue de la célébration.
Processions
Les processions du Vendredi Saint sont séparées en deux groupes, en fonction du moment de leur célébration, avant ou après la célébration de l’Office de la Passion: les processions de la Passion, dont la plus répandue est celle du Chemin de Croix. Dans la tradition catholique, le Chemin de croix tend à méditer, ou même à reproduire, notamment en Amérique latine et aux Philippines, la Passion du Christ. Des chemins de croix en quatorze stations, commémorant chaque scène conduisant à la crucifixion, ont également lieu; ces derniers ont souvent lieu à midi ou à trois heures de l’après-midi (heure de la mort du Christ).
En Allemagne, des Portements de croix vivants (Lebendiger Kreuztracht) ont lieu dans les régions du sud, comme à Wiedenbr^ck, Ûlm et à Neu-Ulm.. En Belgique, à Lessines, depuis au moins le XVe siècle, le Vendredi Saint est synonyme de Mise au Tombeau. À l’issue de l’Office, une procession de pénitents escorte le gisant du Christ dans les rues de la vieille ville, plongée dans l’obscurité, au son des tambours, des crécelles et des chants de lamentations ; pénitents porteurs de torches et de grandes lanternes, jeunes filles en capes noires accompagnant avec leurs petites lanternes la statue de Notre-Dame des Sept Douleurs, chantres, prêtres en chapes noires et rouges, « deuillantes » en mantille composent un étrange cortège funèbre qui réintègre ensuite l’église Saint-Pierre où s’effectue la Mise au Tombeau du Christ.
C’est surtout en Espagne et en Italie que les processions du Vendredi saint sont les plus impressionnantes, de même que dans les pays d’Amérique latine. Les plus connues mondialement sont probablement celles de la Semaine Sainte à Séville.
Rite byzantin
Dans la plupart des Église Orthodoxes, un jeûne rigoureux (abstention totale de nourriture) est demandé le Vendredi saint au moins jusqu’aux Vêpres, pourvu que l’âge et l’état de santé des fidèles le permette. L’Office des matines conserve la marque des traditions de la Grande Église de Constantinople. Pendant ces matines spécifiques, appelées Office des douze Évangiles, sont chantées quinze antiphones, au début de l’office, après quoi l’ordo est semblable à celui observé habituellement en carême.
La particularité principale de cet office est que tout au long de son déroulement sont lues douze péricopes évangéliques qui relatent les derniers enseignements du Christ aux apôtres; lecture à laquelle se mêlent hymnes, méditations, tintements de cloches ainsi que la prière sacerdotale (première lecture, Jean 13,31 – 18,1), puis l’accusation par les Juifs, la condamnation devant Pilate, la Crucifixion et l’ensevelissement, issus des quatre évangiles. Les heures suivent le déroulement de l’office des heures royales, avec la lecture de psaumes propres, le chant de strichères, et des lectures de l’Ancien Testament, des épîtres et des évangiles. Aux vêpres, en plus des lectures de l’ancien testament, on lit une épître et une péricope évangélique.
Lorsque le chœur entonne l’apolytikion, le clergé sort du sanctuaire en portant l’épitaphion, une représentation du Christ gisant au tombeau, et vient la déposer au milieu de l’église, pendant que les fidèles s’agenouillent. À la fin de l’office, les fidèles vénèrent l’épitaphion en se prosternant.
Protestantisme
Plusieurs églises protestantes organisent un service interconfessionnel avec la Sainte Cène. En France, le Vendredi saint est également férié en Alsace (Bas Rhin et Haut-Rhin et en Moselle. Dans ces trois départements, la journée n’est chômée que dans les communes où se trouve un temple protestant ou une église mixte. En 1957, en Alsace, les fidèles affluaient dans les églises protestantes et certains qui n’allaient jamais au culte tenaient à être présents ; on parlait d’ailleurs des chrétiens du Vendredi saint. Pour les catholiques, cette commémoration religieuse était moins célébrée.
En sorte que, dans certains villages mixtes, les paysans catholiques romains s’arrangeaient pour rentrer le fumier devant leurs concitoyens protestants endimanchés qui leur rendaient la pareille en travaillant ostensiblement le 15 août, fête de l’Assomption. Les cloches ne sonnent pas pendant le Vendredi saint. Dans certains pays comme l’Allemagne, ou certaines régions, elles sont remplacées par des crécelles pour annoncer l’Angélus de l’office.
Divers
Durant des siècles, les Juifs furent été tenus d’assister à un sermon spécial le Vendredi saint, dont l’exorde Oremus et pro perfidis Judaeis, occasion de nombreuses émeutes populaires contre eux, s’ajoutant à celui du samedi, avant de se rendre à la synagogue. L’Accord du Vendredi Saint (Good Friday agreement), signé 10 avril 1998 entre les gouvernements et britannique ouvrit la voie à un processus de paix dans le conflit nord irlandais. .
Notes et référence
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Maurice Vloberg, Les fêtes de France: coutumes religieuses et populaires. Ouvrage orné de 181 héliogravures, couverture et hors-texte, B. Arthaud, 1936 (lire en ligne [archive]), p. 81
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Vendredi saint archive] Fédération protestante de France.
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« Sacrosanctum concilium [archive du 21 février 2008] (consulté le 17 avril 2017).
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«fast & Abstinence [archive du 1er août 2020], sur United States Conference of Catholic Bishops (consulté le 14 avril 2017).
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Fasting and Abstinence » [archive du 29 novembre 2021], sur Catholic Bishops’ Conference of England and Wales, 24 janvier 1985 (consulté le 14 avril 2017).
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Site « Liturgie et Sacrements », Célébration de la Passion du Vendredi saint, édité par le Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle de la Conférence des évêques de France [archive]
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Vendredi saint [archive] Portail de la liturgie catholique.
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Anita Bourdin, «De la prière pour le peuple juif le Vendredi saint : repères historiques [archive] », sur ZENIT – Francais, 5 juillet 2007
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«Le pape modifie une prière «pour la conversion des juifs» du Vendredi saint , La Croix, 6 février 2008 (ISSN 0242-6056, lire en ligne[archive
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Philippe Rouillard, Les Fêtes chrétiennes en Occident, Le Cerf, 2003, 347p. (ISBN 978-2-204-07106-2, lire en ligne [archive]), p.71-80.
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Reportage « Corse : La poignante procession de Pâques à Sartène », émission Le 1245 (M6) du 10 avril 2023.
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Sergueï Boulgakov, «Great Friday », (1900), Handbook for Church Servers [archive], 2e éd., Kharkov, Tr. Archpriest Eugene D. Tarris, p. 543.
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Britannica, Encyclopedia of World Religions, Encyclopaedia Britannica, USA, 2008, p. 309
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Il n’est pas férié au Tessin, ni en Valais (cf. l’article Jours fériés en Suisse). - «Jours fériés en France [archive]»,
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«Vendredi saint considéré comme chômé en Alsace Moselle : Question écrite n° 26721 de M. Jean Louis Masson (Moselle – NI) publiée dans le JO Sénat du 29/03/2007 – page 676[archive]»,
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F.G. Dreyfus écrit dans Le protestantisme alsacien [archive] : «Le nombre de fidèles peut être confirmé par le recensement et les chiffres de réguliers ou irréguliers pouvaient être
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