Vendredi de la dix-septième semaine du Temps Ordinaire- Année Paire
Posté par diaconos le 2 août 2024
Jésus, le fils du charpentier
# Jésus est décrit dans les Évangiles comme ayant des « frères » (Mt 12, 46; Mc 3, 31; Lc 8, 19), Jacques, Joset (ou José ou Joseph suivant les manuscrits), Jude et Simon (ou Siméon), ainsi que des sœurs. L’Église catholique considère que ces frères étaient en réalité des cousins, le mot frère étant en fait utilisé pour parler de relations plus éloignées, essentiellement en raison de la culture sémitique des personnes concernées, qui n’avaient pas dans leur langue, un mot spécifique pour « cousin » ; les textes évangéliques se seraient conformés à cet usage, bien qu’ils fussent écrits en grec, langue dans laquelle existe un mot pour cousin contrairement aux langues sémitiques.
Selon cette analyse, ce mot frère désigne, dans la Bible grecque, la Septante, aussi bien des cousins, voire des amis ou des proches dans des contextes tout à fait différents, car le texte fut produit dans le contexte d’une civilisation judéo-hellenistique, celle d’Alexandrie. Selon la lecture protestante, Marie aurait tout simplement eu, après la naissance de Jésus, des enfants avec Joseph, hypothèse qui n’altère pas la virginité de Marie à la naissance de Jésus mais s’oppose au dogme catholique de sa virginité perpétuelle. L’exégèse protestante réfute la théorie du substrat sémitique élaborée par l’exégèse catholique, car les textes ont été rédigés directement en grec. .x
Un apocryphe, le Protévangile de Jacques, écrit vers le IIe siècle, que ne rejeta pas l’orthodoxie orientale, expliqua que ces frères et sœurs vinrent d’un précédent mariage de Joseph avec une femme inconnue. Cette version est aussi relatée dans un autre texte apocryphe : l’« Histoire de Joseph le Charpentier. Jude se désigne comme frère de Jacques et non de Jésus. Simon est sans ambiguïté désigné comme un cousin, fils de Clopas, le frère de Joseph, dans un passage d’Eusèbe de Césarée. Jésus n’est pas né de l’union de Joseph et Marie. Celui de premier-né de Lc 2, 77 s’explique par la coutume de rachat du premier-né. Lors de la crucifixion, Jésus confia sa mère à Jean qui l’ accueillit chez lui, mais pour une partie des chrétiens, c’est une façon d’enseigner la prééminence de la parenté spirituelle sur la parenté biologique.x
Les sages qui le connaissaient ont dit de lui : N’est-ce pas le fils du charpentier ? n’est-ce pas Marie qui est sa mère ? Jacques, Joseph, Simon et Jude, ne sont-ils pas ses frères ? et ses sœurs ne sont-elles pas toutes parmi nous Dans ce dernier passage les sages de la patrie de Jésus ont dit que ses sœurs étaient parmi eux, et donc mariées à certains de ces sages. Les avis à ce sujet divergent. Partant du principe du judaïsme sur la question du mariage il serait vraisemblable – mais non évident – que Joseph a dû honorer sa femme Marie en lui donnant d’autres enfants. Ceci est un débat exégétique dans les diverses églises et confessions issues du christianisme.
De l’Évangile de Jésus Christ selon Matthieu
En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement et disaient : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-il pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors, d’où lui vient tout cela ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Jésus leur dit : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa propre maison. » Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi. (Mt 13, 54-58)
Jésus méprisé dans sa patrie
À Nazareth, appelé sa patrie parce que c’était celle de sa famille et qu’il y avait été élevé. Marc rapporta cette visite à Nazareth après la résurrection de la fille de Jaïrus, avant l’envoi des disciples. Matthieu parut lui assigner une époque plus tardive. Quant au récit que Luc plaça au commencement du ministère de Jésus, et que plusieurs interprètes identifièrent avec celui de Matthieu et de Marc, il en différa beaucoup trop par les éléments les plus essentiels pour que cette identification fut probable.
Ainsi, ce qui étonnait les habitants de Nazareth, c’était la sagesse de Jésus, dans son enseignement, et sa puissance, dans l’action. Cet étonnement pouvait, chez quelques-uns, être accompagné de confiance et de foi, chez d’autres, il était tout charnel. Ce scandale venait de ce que Jésus leur paraissait trop pauvre, trop petit, trop connu à Nazareth dès son enfance pour être un envoyé de Dieu, le Messie. C’est là l’éternel scandale de la raison humaine en présence du Dieu homme.
Que sera-ce quand il faudra admettre la folie de la croix ? Dans le récit de Marc, Jésus lui-même est appelé le charpentier, et sûrement avec raison ; il pratiqua ce travail manuel dans sa jeunesse. Ici et dans Marc, les sœurs de Jésus sont nommées avec ses frères, comme appartenant à la famille du charpentier et de Marie. Comment admettre que ces frères et ces sœurs ne le fussent pas en effet ?
Sur le nom d’un des frères de Jésus, les manuscrits varient entre Josès et Joseph. Ce dernier nom est plus autorisé dans Matthieu, le premier l’est plus dans Marc. Expression proverbiale d’une grande vérité. On a peine à regarder des yeux de la foi ceux qu’on est habitué à voir des yeux de la chair. Jésus avait guéri là quelques malades, et ces guérisons produisirent l’impression décrite ci-dessus, mais l’incrédulité de ceux qui l’entouraient mit fin à cette action puissante.
Marc observa que Jésus ne put plus faire d’autres miracles. L’incrédulité se ferma à elle-même la source des grâces divines que la foi seule reçoit. Multiplier dans un tel milieu ses œuvres de puissance et d’amour n’eût été de la part de Jésus que rendre plus coupables ceux qui en auraient été les témoins.
Diacre Michel Houyoux
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