Mardi de la dix-neuvième semaine du Temps Ordinaire – Année Paire
Posté par diaconos le 13 août 2024
De l’Évangile de Jésus Christ selon Matthieu
À ce moment-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand
dans le royaume des Cieux ? » Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux.
Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi. Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux.
Quel est votre avis ? Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les 99 autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ? Et, s’il arrive à la retrouver, amen, je vous le dis : il se réjouit pour elle plus que pour les 99 qui ne se sont pas égarées. Ainsi, votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. » (Mt 18, 1-5.10.12-14)
De l’esprit du royaume des cieux
D’après Marc et Luc, ils discutèrent entre eux la question : » Qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? » et c’est Jésus qui leur demanda le sujet de leur entretien. La question suppose que les disciples en étaient encore à l’idée d’un royaume terrestre, glorieux, dans lequel tels d’entre eux occuperaient la première place, seraient plus grands que les autres.
Mais la réponse de Jésus montra qu’il vit se manifester dans leur discussion une préoccupation égoïste et orgueilleuse. Les disciples n’en furent pas guéris par l’instruction de Jésus. Le trait saillant que Jésus releva dans le petit enfant qu’il proposa en exemple, ce fut l’humilité : « Celui qui s’humiliera le plus, sera le plus grand. »
Ce qui fit le charme du petit enfant, ce fut le sentiment qu’il eut de sa faiblesse, de sa dépendance ; ce fut encore la confiance avec laquelle il regarda à sa mère et attendit tout d’elle, l’écouta, l’interrogea, la crut, l’aima.
Les dispositions naturelles de l’homme sont tout l’inverse, soit à l’égard de Dieu, soit envers le prochain. Pour redevenir moralement semblable au petit enfant, il faut qu’il se retourna vers Dieu et fut rendu participant de son Esprit.
Sinon, il s’exclut du royaume des cieux non seulement dans sa réalisation future et glorieuse, mais déjà dans sa manifestation actuelle, et cela à cause de la nature même de ce royaume.
La réponse de Jésus fut : « En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Nicodème lui dit: Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » (Jn 3, 3-5)
Jésus a répondu à la question des disciples. Mais Il voulut tirer de sa leçon une conséquence qui en découla nécessairement. Il est impossible d’être devenu humble et petit devant Dieu sans être ému de compassion et d’amour pour les petits et les humbles, que les ambitieux méprisent.
Jésus lui-même les aima au point de s’identifier avec eux. Ainsi recevoir avec amour, protéger, soigner un seul de ces petits, c’est le recevoir lui-même, pourvu que cela ait lieu en son nom, par amour pour lui : « Le roi leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. » (Mit 25, 40)
La pensée de Jésus se borna-t-elle ici aux petits enfants, ainsi recommandés à la charité de ses disciples, ou cette pensée se généralisa-t-elle pour embrasser aussi les adultes humbles, petits, délaissés ?
Les exégètes se divisèrent sur cette question. Mais pourquoi ? N’est-il pas dans la nature de la charité que Jésus recommande de s’étendre à tous ? Le contexte d’ailleurs ne laisse aucun doute à cet égard.
Jésus revint à son discours sur les petits, qu’il défendit non seulement de scandaliser, mais de mépriser par orgueil ; les estimer, les aimer, avoir pour eux une tendre compassion, fut le coté positif de ce précepte négatif.
Jésus donna comme motif de sa recommandation une parole sur laquelle on discuta longuement. Les uns, symbolisant la pensée, la réduisirent à signifier que ces petits qu’il ne faut pas mépriser sont précieux aux yeux du Père céleste, qui en prend un soin particulier.
Cette pensée, vraie dans sa généralité, ne saurait suffire à l’exégèse qui ne doit jamais effacer, dans un intérêt dogmatique, l’idée exprimée en un texte.
Diacre Michel Houyoux
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