Homélie pour le quatrième dimanche du Temps ordinaire de l’année C
Posté par diaconos le 2 février 2019
Quatrième dimanche du Temps ordinaire C
Après avoir commencé sa vie publique par une prédication basée sur un texte du prophète Isaïe qui annonce ce que sera son action : « il m’a envoyé porter la « Bonne Nouvelle » aux pauvres »(Is 61,1), Jésus conclut son homélie à la synagogue de Nazareth en faisant référence au prophète Élie. Il rappelle à ceux qui l’écoute que le Dieu d’Israël est libre d’envoyer ses prophètes où il veut !
Élie est ce prophète dont Dieu se servira pour signifier au peuple élu que Dieu est libre de nourrir qui il veut. C’est avec la Révélation de Dieu au prophète Élie que la liberté a fait son apparition dans le monde biblique et c’est avec la parole de Jésus qu’elle s’y développera.
Le prophète est un porte-parole de Dieu et aujourd’hui, l’Église nous propose en première lecture un extrait du livre de Jérémie où le prophète prend à son compte les paroles que Jésus pourra dire de lui-même : « …avant que tu viennes au monde, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour tous les peuples. Lève-toi, tu prononceras contre eux tout ce que je t’ordonnerai. » (Jr 1, 5.17)
Les prophètes se sont élevés contre les privilèges qui s’attachent à la fortune, à la culture ou encore à la position sociale, ils se compromirent pour la défense des petits, des travailleurs, des peuples pauvres ou opprimés. Ils ont préparé le chemin du Seigneur. Jésus déclarera lors de son discours sur la montagne : « Je suis venu parfaire la loi et les prophètes (Mt 5, 17).
Dans la synagogue de Nazareth, il dira au cours de son homélie : « L’Esprit du Seigneur m’a envoyé rendre la liberté aux opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4,18).
La vie et le message de Jésus furent tellement libérateurs qu’ils furent à l’origine d’un vaste processus d’émancipation et d’autonomie qui se poursuit encore de nos jours par delà les frontières culturelles et même religieuses. La liberté apportée par le Christ reste un ferment puissant de libération des individus, des groupes, des sociétés et de l’humanité.
À ceux qui désirent s’affranchir de la tutelle des conditionnements sociaux ou culturels et vivre en individus libres, l’Évangile apporte une vision de la personne qui honore cette requête.
La liberté de Jésus est une « liberté pour », liberté d’autant plus riche et plus puissante qu’elle voit en chacun être humain, si misérable ou humble soit-il, une personne à part entière, créée à l’image de Dieu et qui a vocation de devenir fils de Dieu. Au nom de cette liberté, nous sommes tous frères, fils d’un unique Père, appelés à une solidarité qui prend pour modèle celle qui unit le Christ à Celui qu’il appelle son Père dans les cieux. Sommes-nous capables d’une telle liberté solidaire et fraternelle ?
Dans sa première lettre adressée aux Corinthiens, l’apôtre Paul indique une voie supérieure à toutes les autres pour obtenir ce qu’il y a de meilleur parmi les dons de Dieu : « Si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis rien.
L’amour prend patience ; l’amour rend service ; il ne jalouse pas ; il ne se vante pas ; il ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien de malhonnête ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa voie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. »(1 Co 13, 2-8). Un tel amour ne passera jamais : il nous conduit vers une solidarité authentique entre-nous, ayant pour modèle celle qui unit le Christ à son Père.
Amen.
Michel Houyoux, Diacre permanent
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