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Samedi de la vingt-sixième semaine du Temps Ordinaire Année Paire

Posté par diaconos le 5 octobre 2024

Évangile du jour du 01.10.2022 – Centre Romand de l'Apostolat Mondial de  Fatima

# Le Nouveau Testament emploie plusieurs fois le mot apôtre. Il s’applique à plusieurs catégories de personnes bien distinctes : les témoins de la Résurrection de Jésus, envoyés pour annoncer cet événement; un des ministères de l’Église primitive ; deux fois dans les évangiles (Mt 10,2 et Lc 6,13) : le groupe des Douze choisis par Jésus, d’abord pour les envoyer (Mt 10, 5-42), enfin pour être avec lui et pour signifier symboliquement le peuple de la fin des temps (Mt 19, 28).

Paul, qui ne fit pas partie des Douze Apôtres, est surnommé l’Apôtre sans autre précision, ou encore l’apôtre des Gentils .Le mot apôtre désigne un des douze disciples de Jésus-Christ. Il s’applique aussi aux personnes qui enseignent et répandent une religion à la manière des apôtres de Jésus. Par extension, il qualifie aussi les propagateurs d’une doctrine, d’une opinion, d’une cause. Dans le vocabulaire familier, apôtre désigne une personne qui va écouter aveuglément son maître à penser et qui propage activement ses idées.

Le Nouveau Testament témoigne aussi d’un apostolat conçu, dans la première Église, comme l’un des ministères essentiels. Les lettres de Paul parlent de faux apôtres. (2 Co 11, 13) Le premier exemple de texte apostolique est sans doute la lettre apostolique envoyée à l’Église d’Antioche à la suite des discours de Pierre (Ac 15, 7-12) et Jacques (Ac 15, 13-21) sur la décision du concile de Jérusalem sur l’observance des règles traditionnelles du judaïsme, notamment la circoncision (vers l’année 50).

Les textes ne sont pas toujours explicites sur le contenu de ce ministère, dont on peut penser qu’il comportait une dimension missionnaire itinérante : c’est ainsi que la Didachè atteste leur existence en Syrie au début du deuxième siècle. L’apostolat en effet, contrairement à l’épiscopat, ne s’exerce pas sur un territoire circonscrit et précis : il a une dimension universelle. Pierre en effet présida d’abord l’Église d’Antioche avant de présider l’Église de Rome.

La tradition de l’Église, en suivant les textes des Actes des Apôtres, adopte un collège apostolique modifié depuis la défection et la trahison de Judas l’Iscariote. Elle remplace celui-ci par Matthias et surtout par Paul. Le plus souvent, ces deux apôtres additionnels figurent ensemble parmi les Douze au détriment de l’un des onze appelés par Jésus-Christ. En tout cas Paul figure toujours dans le collège apostolique, à la seconde place après Pierre. La Tradition apostolique a été définie par Hippolyte de Rome au début du IIIe siècle.

C’est sur l’existence de ce ministère de l’Église antique que Calvin s’appuiera pour restructurer les ministères des Églises de la Réforme. Après les temps proprement apostoliques marquant la première période de l’histoire du christianisme, le terme apôtre s’applique aux missionnaires qui évangélisèrent un peuple ou un pays, souvent en dehors de leur lieu d’origine, et fondèrent ainsi une chrétienté locale, donna le nom de Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Simon appelé le Zélote, Jude fils de Jacques, et Judas Iscariote, qui devint un traître. Jésus descendit de la montagne avec eux et s’arrêta sur un terrain plat.

Il y avait là un grand nombre de ses disciples et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon. Ils étaient venus l’entendre et se faire guérir de leurs maladies ; ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs retrouvaient la santé. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous. (Lc 6, 12-19)

De l’Évangile de Jésus Christ selon Luc

En ce temps-là, les 72 disciples que Jésus avait envoyés revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. » Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi : absolument rien ne pourra vous nuire.     Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »

À l’heure même, Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et il dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. » (Lc 10, 17-24) « Tout m’a été remis par mon Père. Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père ; et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » Puis il se tourna vers ses disciples et leur dit en particulier : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car, je vous le déclare : beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous-mêmes voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. » (Lc 10, 17-24)

Jésus en ces jours-là passa une nuit en prières sur la montagne. Le jour venu, il assembla autour de lui ses disciples dont il choisit douze, auxquels il donna le titre d’apôtres. Jésus revenu auprès de la foule opéra des guérisons. Jésus avec ses disciples redescendit jusqu’à un plateau de la montagne. Il y trouva une grande multitude, accourue de toute la Palestine. Une puissance divine, sortant de lui, opéra des guérisons.

D’une part, Jésus était parvenu au faite de son activité et de sa puissance divine. D’autre part, la haine de ses adversaires et leurs desseins meurtriers hâtaient la crise qu’il prévoyait déjà comme inévitable. Dans ces graves circonstances, il prit parmi ses disciples les douze apôtres et les établit comme ses témoins et ses ambassadeurs, chargés de continuer après lui son œuvre dans le monde.

Il se prépara à cet acte solennel par la prière dans un lieu écarté. Luc raconta fréquemment que Jésus se retirait dans la solitude pour prier. Luc ajouta seul que Jésus leur donna le titre d’apôtres, envoyés auprès de notre humanité pour continuer son œuvre par la prédication de l’Évangile.

Le nom d Jude, fils de Jacques, est propre à Luc. L’existence d’un apôtre de ce nom fut confirmée par Jean. Les évangélistes rappelèrent que Judas dénonça Jésus pour le faire arrêter. Matthieu, dans sa liste des apôtres, les nomma deux par deux : Pierre et André, Jacques et Jean, etc. Ce groupement répondait à la réalité historique, chaque paire ainsi réunie était liée, soit par des liens de parenté, soit d’une autre manière.

Quel auditoire se trouva là réuni pour entendre le discours de Jésus ! Des gens s’assemblèrent fréquemment autour de lui pour l’entendre, une grande multitude de peuple, accourue de toutes les contrées environnantes, soit pour l’entendre, soit pour être guéris de leurs maladies ; plusieurs de ces malheureux qui étaient en proie à la puissance des ténèbres : et ils étaient guéris. Ceux même qui ne pouvaient pas attirer sur eux l’attention de Jésus, au milieu de cette foule, et ils éprouvaient qu’une puissance divine sortait de lui et les guérissait tous.

Diacre Michel Houyoux

Compléments

◊ Diacre Michel Houyoux : cliquez ici pour lire l’article → Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin

◊ Thrueway  : cliquez ici pour lire l’article → Jésus choisit ses disciples

 ◊ Regnum Christi : cliquez ici pour lire l’article → Il passa toute la nuit à prier Dieu ; il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’apôtres

♥ Vidéo  Notre mission → https://youtu.be/a3sJ

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Jeudi de la vingt-sixième semaine du Temps Ordinaire – Année Paire

Posté par diaconos le 3 octobre 2024

Votre paix ira reposer sur lui » | Vivre Ensemble l'Evangile Aujourd'hui

              Votre paix ira poser sur vous       

De l’Évangile de Jésus Christ selon Luc

En ce temps-là, parmi les disciples le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : Paix à cette maison.” S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ;car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis.

Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : “Le règne de Dieu s’est approché de vous.” Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, allez sur les places et dites :    “Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous l’enlevons pour vous la laisser. Toutefois, sachez-le :le règne de Dieu s’est approché.” Je vous le déclare : au dernier jour, Sodome sera mieux traitée que cette ville. »

Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche

Jésus parcourut en vrai missionnaire les divers lieux du pays ; il n’attendit pas que les hommes vinrent à lui, il alla vers eux. Enseigner, prêcher la bonne nouvelle du royaume et guérir le corps et l’âme, telle fut son œuvre de Sauveur : «Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche.» Par ce résumé de l’activité de Jésus, Matthieu termina le tableau général du ministère de Jésus. «Être ému de compassion» se retrouve souvent dans les évangiles appliqué à Jésus, signifiant être ému dans ses entrailles, et exprimant cette douloureuse sympathie avec laquelle il partagea les maux et les souffrances de notre humanité. Ce sentiment de tendre charité fut excité par la vue de ces foules semblables à des brebis sans berger, lesquelles furent fatiguées et jetées.

Cet état d’épuisement et de souffrance fut nécessairement celui de brebis privées de direction, de protection et de nourriture parce qu’elles n’eurent pas de berger. Image juste et frappante de l’état d’âmes sans lumière, sans paix, sans Dieu. Ce fut dans le lamentable état moral des personnes de son temps que Jésus vit les indices d’une grande moisson d’âmes, prête à être recueillie dans le royaume de Dieu Il leur dit : «La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.» (Lc 10, 2) Plus l’homme sent sa misère et en souffre, plus ses besoins profonds le jettent dans les bras de Jésus.

Mais, pour la moisson, il faut des ouvriers pour conduire les âmes à la source de là vie, il faut des serviteurs de Dieu qui la leur montrent avec amour ; et alors il y en avait si peu, que Jésus demanda à ses disciples de prier pour que le nombre en soit accru. Riez donc le maître de la moisson, qu’il envoie des ouvriers dans sa moisson. Expression énergique dictée par un besoin impérieux. C’est Dieu qui seul suscite forme, envoie de bons ouvriers dans son règne, mais il faut que l’Église en prière les lui demande. Ce fut par cette mention de la profonde misère du peuple et de l’ardent désir de Jésus qu’un prompt secours lui fut envoyé.

Jésus étant arrivé au faîte de son travail personnel en Galilée, il ne pu l’accomplir que dans des limites assez restreintes. Il désira adresser un appel plus général et plus énergique encore à cette population qu’il dut bientôt quitter. Et pour cela il se multiplia en quelque sorte par la mission qu’il confia aux douze. Cette mission signala en même temps un progrès dans le développement des apôtres. Ces disciples dont il fit des apôtres, il les envoya comme tels. Encore une fois, Matthieu marqua expressément le nombre de douze disciples que Jésus envoya pour leur faire faire un premier essai de mission et pour préparer les populations à recevoir la parole du royaume.

Dans cette première mission, les disciples durent s’en tenir au dessein de Dieu envers son peuple, auquel Jésus lui-même se soumit, et qui consista à faire annoncer le salut avant tout. Encore une fois, Matthieu marqua expressément le nombre de douze disciples que Jésus envoya pour leur faire faire un premier essai de mission et pour préparer les populations à recevoir la parole du Royaume Vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.» (Jn 4, 22)Il y eut pour cela de très graves raisons, que Paul apprécia lui-même, bien qu’il fût l’apôtre des Gentils : «Quand les Juifs virent les foules, ils s’enflammèrent de jalousie ; ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient»

Paul et Barnabé leur déclarèrent avec assurance : «C’est à vous d’abord qu’il était nécessaire d’adresser la parole de Dieu. Puisque vous la rejetez et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien ! nous nous tournons vers les nations païennes. C’est le commandement que le Seigneur nous a donné : J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre.» (Ac 13, 45-47)Ce fut pourquoi Jésus ajouta : «Ne vous en allez pas sur le chemin des nations et n’entrez pas dans une ville des Samaritains Tel fut le devoir des disciples. Après que les Juifs rejetèrent Jésus, ils reçurent des ordres différents : «Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.» (Mt 28, 19)

Une certaine théologie a voulu voir là une contradiction ou un développement progressif dans les vues de Jésus lui-même Rien n’est plus contraire aux témoignages de l’Évangile ; Jésus savait parfaitement que son règne serait universel même d’après les synoptiques, pour ne pas parler de l’Évangile de Jean.   d’un ordre, Jésus conféra un don miraculeux. Dans l’activité des disciples, comme dans celle de Jésus, les guérisons durent préparer la prédication. Tous les dons de Dieu sont gratuits comme ceux que Jésus conféra aux disciples. En faire un moyen de profits terrestres, c’est les dégrader et les souiller.

Diacre Michel Houyoux 

◊ Regnum Christi : cliquez ici pour lire l’article → Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion

◊ Diacre Jean-Yves Fortin : cliquez ici pour lire l’article → Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion

 Vidéo Diocèse d’Avignon → https://youtu.be/iw70v9D0DZE

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Jeudi de la vingt-quatrième semaine du Temps Ordinaire- Année paire

Posté par diaconos le 26 septembre 2024

 

Où est la vraie tête de Jean le Baptiste ? | National Geographic

Hérode a fait ,décapiter Jean Baptiste : voici sa tête

De l’Évangile de Jésus Christ selon Luc

En ce temps-là, un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table.   Survint une femme de la ville, une pécheresse. Ayant appris que Jésus était attablé dans la maison du pharisien, elle avait apporté un flacon d’albâtre contenant un parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, près de ses pieds, et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum.

  En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. » Jésus, prenant la parole, lui dit : «Simon, j’ai quelque chose à te dire.» «Parle, Maître »Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait les lui rembourser, il en fit grâce à tous deux. Lequel des deux l’aimera davantage ? »

Simon répondit : « Je suppose que c’est celui à qui on a fait grâce de la plus grande dette. » Jésus lui dit : « Tu as raison » Il se tourna vers la femme et dit à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ; elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. »

Il dit alors à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. »   Les convives se mirent à dire en eux-mêmes : « Qui est cet homme,qui va jusqu’à pardonner les péchés ? »   Jésus dit alors à la femme :« Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! » (Lc 7,36-50)

   La pécheresse chez Simon le pharisien

Jésus accepta l’invitation d’un pharisien, il fut à table chez lui, quand une pécheresse apporta un vase d’albâtre, arrosa de ses larmes les pieds de Jésus, les essuya avec ses cheveux, les baisa et les oignit de parfum. À Simon scandalisé Jésus répondit par la parabole des deux créanciers 

a) La parabole Simon conclut de ce qui se passa que Jésus ne fut pas un prophète, puisqu’il ignora le caractère de cette femme. Jésus répondit aux pensées du pharisien en lui proposant l’exemple de deux débiteurs qui eurent l’un une dette considérable, l’autre une dette moindre. Le créancier leur remit à tous deux leur dette. Lequel l’aima le plus ? Simon répondit que ce fut celui à qui il eut remis davantage. Jésus loua cette réponse.

b) L’application de la parabole Jésus se tourna alors vers la pécheresse, et, la désignant à Simon, il lui fit remarquer tous les témoignages de respect et d’amour qu’elle ne cessa de lui prodiguer ; puis, concluant de l’effet à la cause, il déclara au pharisien que les nombreux péchés de cette femme lui furent pardonnes. Il ajouta que celui qui fut l’objet d’un moindre pardon ressentit un moindre amour. Jésus s’adressant à la pécheresse lui  pardonna ses péchés. Cette action scandalisa les assistants, mais Jésus assura à la pécheresse que sa foi l’eut sauvée, et il la renvoya en paix. Ce pharisien, qui in­vita Jé­sus eut moins de pré­ven­tions contre lui que les autres re­pré­sen­tants de son parti. Frappé de sa sain­teté et de ses mi­racles, il hé­si­ta à reconnaître en lui un en­voyé de Dieu.

Il l’in­vita pour l’ob­ser­ver, peut-être aussi pour se pro­cu­rer l’­hon­neur de re­ce­voir à sa table un rabbi de­venu cé­lèbre dans tout le pays. Jé­sus ac­cepta son in­vi­ta­tion, cer­tain qu’il serait à la table du pha­ri­sien aussi bien qu’ailleurs, faire son œuvre, sau­ver les âmes, glo­ri­fier Dieu. Parce que ce pha­ri­sien s’ap­pe­la Simon, et parce que chez lui ap­pa­rut une femme qui porta un vase de par­fum et oignit Jésus, plu­sieurs in­ter­prètes iden­ti­fièrent ce fait avec ce­lui qui se passa plus tard à Bé­tha­nie, quand Ma­rie, sœur de La­zare, ren­dit un sem­blable hom­mage à Jé­sus.

Ils se fondèrent en­core sur ce que Mat­thieu et Marc omirent ce ré­cit de Luc, tan­dis que Luc ne rap­porta pas ce­lui du re­pas de Bé­tha­nie. L’o­mis­sion de ce der­nier fit par Luc ne prouva rien ; car il fut  une foule de traits de la vie de Jé­sus au su­jet des­quels nul ne put dire pour­quoi Luc les omit, tan­dis que tel autre les ra­conta. Qu’on songe au pos­sédé de Capharnaüm, passé sous si­lence par Mat­thieu, à la gué­ri­son du ser­vi­teur du cen­te­nier, omise par Marc, à la ré­sur­rec­tion du jeune homme de Nain, conser­vée par Luc seul, et à celle de La­zare, ra­con­tée par Jean seul. Quant au nom de Si­mon, il fut si fré­quent chez les Juifs, que deux hôtes de Jésus l’eurent porté.

En­fin, l’onc­tion d’­huile pra­ti­quée par les deux femmes fut un hon­neur si fré­quem­ment rendu en Orient, que Jé­sus s’é­tonna de n’a­voir pas reçu du pha­ri­sien cette marque de consi­dé­ra­tion. Pour le reste, tout fut dif­fé­rent dans les deux his­toires. Ici la Ga­li­lée, là la Ju­dée ; ici le temps de la plus grande ac­ti­vité de Jésus dans son mi­nis­tère, là l’é­poque de sa pas­sion ; ici le blâme de Si­mon, là ce­lui de Ju­das et des dis­ciples ; ici une femme étran­gère à la mai­son, là Ma­rie dont la sœur servit à table ; et, sur­tout, ici une pauvre femme perdue de ré­pu­ta­tion, là la sœur de La­zare, qui ne put être confon­due avec elle ; ici, en­fin, un en­tre­tien de Jé­sus avec Si­mon sur le pé­ché, le par­don et l’a­mour du pé­cheur sauvé ; là Jé­sus pre­nant la dé­fense de Ma­rie et men­tion­nant sa mort pro­chaine.

Il res­sort évi­dem­ment de cette his­toire, que les pé­chés de cette femme eurent ac­quis une no­to­riété pu­blique : une femme de mauvaise vie. La ville ne fut pas nom­mée. Des in­ter­prètes sup­posèrent que ce fut Mag­dala et iden­ti­fièrent la pé­che­resse avec Ma­rie-Ma­de­leine. Ainsi n’acquit dans l’Église la­tine, dès les temps an­ciens, la lé­gende cé­lèbre dans la lit­té­ra­ture re­li­gieuse et dans les arts, de la Ma­de­leine pé­ni­tente. Mais l’i­den­ti­fi­ca­tion de ces deux femmes ne re­posa sur au­cun fon­de­ment.

Luc men­tionna pour la pre­mière fois Ma­rie-Ma­de­leine avec d’autres femmes que Jé­sus  dé­li­vra de ma­lins es­prits et d’in­fir­mi­tés. Luc ajouta que Ma­rie-Ma­de­leine fut au nombre de ces femmes qui sui­virent Jé­sus et ses dis­ciples et  les as­sis­tèrent de leurs biens. La pé­che­resse put-elle être ad­mise à jouer un tel rôle ? Quels mo­biles furent as­sez puis­sants pour ame­ner cette femme dans une mai­son étran­gère, où elle sut bien qu’elle ne ren­con­tre­rait qu’un or­gueilleux mé­pris ? Ce ne fut pro­ba­ble­ment pas sa pre­mière ren­contre avec Jé­sus.

Pres­sée par le re­mords, ani­mée d’une vraie re­pen­tance, elle eut cher­ché déjà à le voir, à l’en­tendre, et sans doute, par la pa­role ou par le re­gard, Jésus lui té­moi­gna une com­pas­sion qui fut pour elle la ré­vé­la­tion de la mi­sé­ri­corde di­vine. Un rayon t d’es­pé­rance pé­né­tra dans son âme. Elle re­çût de jésus le par­don seul ca­pable de la sau­ver de sa mi­sère.

« On com­prend mieux le cou­rage qu’eut cette femme de s’ap­pro­cher de Jé­sus au sein d’une telle so­ciété, si l’on se sou­vient qu’en Orient on prend le re­pas du soir : sous le porche de la mai­son, dans une cour ou­verte à tout ve­nant. Ce fait ex­plique bien des traits de l’Évan­gile qui ne s’ac­cor­de­raient guère avec nos habitudes eu­ro­péennes. ( Félix Bovet, Voyage en Terre Sainte, page 402) »  La pé­che­resse put ainsi s’ap­pro­cher et se tenir derrière lui, à ses pieds, age­nouillée pro­ba­ble­ment. Elle ne pro­nonça pas une pa­role, mais son cœur, plein d’­hu­mi­lia­tion et de dou­leur, se ré­pandit en larmes abon­dantes qui tombèrent sur les pieds de Jé­sus.

Ses che­veux dé­noués pendirent épars en signe de deuil, et elle s’en servit pour es­suyer les pieds de Jésus, qu’elle baisa avec vé­né­ra­tion. Elle l’­ho­no­ra en ré­pan­dant sur sa tête le par­fum  qu’elle acheta ; mais n’o­sant éle­ver ses mains ni son re­gard jus­qu’à la tête de Jé­sus, elle se contenta d’oindre ses pieds.

« L’a­mour lui en­seigne à faire ce qui pa­raî­trait inepte à qui­conque n’aime pas, ce quenul n’exi­ge­rait d’un es­clave ; et l’a­mour le lui en­seigne sans ins­truc­tion. » (Bengel)

Le pha­ri­sien, dans sa froide di­gnité, ne com­prit rien à cette scène, ni à ce qui en fit la pro­fonde si­gni­fi­ca­tion mo­rale. Il en conclut que ce rabbi, qui se lais­sa ap­pro­cher et toucher par une telle femme, igno­ra ce qu’elle fut et, par consé­quent, ne pu­t être un prophète. Moins aveu­glé par le sen­ti­ment de sa propre jus­tice, moins étran­ger aux saintes dou­leurs de la re­pen­tance, sa conclu­sion au­rait été tout autre, et il se se­rait dit sans doute : Cet homme est le Sau­veur, puisque, en re­ce­vant ainsi une âme pé­ni­tente, il re­pré­sente sur la terre la mi­sé­ri­corde de Dieu même.

Mais loin de là, le blâme qu’il pro­nonça ta­ci­te­ment sur Jé­sus re­tomba lour­de­ment sur la femme qui pleura à ses pieds. Ce ne fut pas sans une in­ten­tion mar­quée que Jé­sus com­mença l’ap­pli­ca­tion de la pa­ra­bole par ces mots : « Je suis entré dans ta maison. » Par là, il  fit au pha­ri­sien un hon­neur que ce­lui-ci ne lui rendit. À trois égards, il manqua à ces bien­veillantes et res­pec­tueuses at­ten­tions avec les­quelles, dans les temps an­ciens, on re­ce­vait dans sa mai­son un hôte qu’on te­nait à ho­no­rer.

D’a­bord, on lui faisait pré­sen­ter par un es­clave de l’eau pour se la­ver et se ra­fraî­chir les pieds :  « Permettez que l’on vous apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre. » (Gn 18, 4) La cha­leur du cli­mat et l’u­sage de ne por­ter que des san­dales ren­daient ce ser­vice bien­fai­sant et né­ces­saire. Le pha­ri­sien le négligea. Mais la pé­ni­tente, au lieu d’eau, offrit ses larmes. En­suite, on re­ce­vait son hôte en lui sou­hai­tant par un baiser la bien­ve­nue. Le mot grec si­gni­fie amitié, affection ; et tels sont les sen­ti­ments qu’on lui té­moi­gnait en l’ac­cueillant ainsi. Les pre­miers chré­tiens conservèrent l’u­sage des Is­raé­lites : « Saluez vous les uns les autres par un baiser de paix. Toutes les Églises du Christ vous saluent. » (Rm 16, 16)

Si­mon ne donna pas à Jé­sus cette marque d’af­fec­tion. Mais la pé­che­resse, avec au­tant d’­hu­mi­lité que d’a­mour, lui baisa les pieds. En­fin, en Orient, où la cha­leur et les vents brû­lants des­sèchent la peau et les che­veux, on éprou­vait le be­soin de les oindre d’une huile par­fu­mée  : « Tu dresses devant moi une table, En face de mes adversaires; Tu oins d’huile ma tête, Et ma coupe déborde. » (Ps 23, 5) C’est une nou­velle as­su­rance de son sa­lut que Jé­sus donna à la pé­che­resse, par cette pa­role qui fut le com­men­taire lu­mi­neux de tout le ré­cit et qui au­rait dû mettre fin à toutes les contro­verses sur ce su­jet : « Ta foi t’a sauvée. »

Par ces der­niers mots : « Va en paix », Jé­sus congé­dia la femme, afin de la sous­traire aux ob­ser­va­tions bles­santes des convives ; mais il la congé­dia avec le plus grand des biens dans son cœur, la paix de Dieu : « Jésus lui dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix. » (Lc 8, 48)

Diacre Michel Houyoux

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Vidéo Abbé Pierre Deroches : cliquez ici → https://youtu.be/_sH4bvrjW_U

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Jeudi de la vingt-quatrième semaine du Temps Ordinaire- Année paire

Posté par diaconos le 19 septembre 2024

Ses nombreux péchés ont été pardonnés: car elle a beaucoup aimé

 

De l’Évangile de Jésus Christ selon Luc

En ce temps-là, un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table.   Survint une femme de la ville, une pécheresse. Ayant appris que Jésus était attablé dans la maison du pharisien, elle avait apporté un flacon d’albâtre contenant un parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, près de ses pieds, et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum.   En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. » Jésus, prenant la parole, lui dit : «Simon, j’ai quelque chose à te dire.» «Parle, Maître »

Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait les lui rembourser, il en fit grâce à tous deux. Lequel des deux l’aimera davantage ? » Simon répondit : « Je suppose que c’est celui à qui on a fait grâce de la plus grande dette. » Jésus lui dit : « Tu as raison » Il se tourna vers la femme et dit à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ; elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. »

Il dit alors à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. »   Les convives se mirent à dire en eux-mêmes : « Qui est cet homme,qui va jusqu’à pardonner les péchés ? »   Jésus dit alors à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! » (Lc 7,36-50)

   La pécheresse chez Simon le pharisien

Jésus accepta l’invitation d’un pharisien, il fut à table chez lui, quand une pécheresse apporta un vase d’albâtre, arrosa de ses larmes les pieds de Jésus, les essuya avec ses cheveux, les baisa et les oignit de parfum. À Simon scandalisé Jésus répondit par la parabole des deux créanciers Simon conclut de ce qui se passa que Jésus ne fut pas un prophète, puisqu’il ignora le caractère de cette femme. Jésus répondit aux pensées du pharisien en lui proposant l’exemple de deux débiteurs qui eurent l’un une dette considérable, l’autre une dette moindre. Le créancier leur remit à tous deux leur dette. Lequel l’aima le plus ? Simon répondit que ce fut celui à qui il eut remis davantage. Jésus loua cette réponse.

Jésus se tourna alors vers la pécheresse, et, la désignant à Simon, il lui fit remarquer tous les témoignages de respect et d’amour qu’elle ne cessa de lui prodiguer ; puis, concluant de l’effet à la cause, il déclara au pharisien que les nombreux péchés de cette femme lui furent pardonnes. Il ajouta que celui qui fut l’objet d’un moindre pardon ressentit un moindre amour Jésus s’adressant à la pécheresse lui  pardonna ses péchés. Cette action scandalisa les assistants, mais Jésus assura à la pécheresse que sa foi l’eut sauvée, et il la renvoya en paix. Ce pharisien, qui in­vita Jé­sus eut moins de pré­ven­tions contre lui que les autres re­pré­sen­tants de son parti. Frappé de sa sain­teté et de ses mi­racles, il hé­si­ta à reconnaître en lui un en­voyé de Dieu.

Il l’in­vita pour l’ob­ser­ver, peut-être aussi pour se pro­cu­rer l’­hon­neur de re­ce­voir à sa table un rabbi de­venu cé­lèbre dans tout le pays. Jé­sus ac­cepta son in­vi­ta­tion, cer­tain qu’il serait à la table du pha­ri­sien aussi bien qu’ailleurs, faire son œuvre, sau­ver les âmes, glo­ri­fier Dieu. Parce que ce pha­ri­sien s’ap­pe­la Simon, et parce que chez lui ap­pa­rut une femme qui porta un vase de par­fum et oignit Jésus, plu­sieurs in­ter­prètes iden­ti­fièrent ce fait avec ce­lui qui se passa plus tard à Bé­tha­nie, quand Ma­rie, sœur de La­zare, ren­dit un sem­blable hom­mage à Jé­sus. Ils se fondèrent en­core sur ce que Mat­thieu et Marc omirent ce ré­cit de Luc, tan­dis que Luc ne rap­porta pas ce­lui du re­pas de Bé­tha­nie. L’o­mis­sion de ce der­nier fit par Luc ne prouva rien ; car il fut  une foule de traits de la vie de Jé­sus au su­jet des­quels nul ne put dire pour­quoi Luc les omit, tan­dis que tel autre les ra­conta.

Qu’on songe au pos­sédé de Capharnaüm, passé sous si­lence par Mat­thieu, à la gué­ri­son du ser­vi­teur du cen­te­nier, omise par Marc, à la ré­sur­rec­tion du jeune homme de Nain, conser­vée par Luc seul, et à celle de La­zare, ra­con­tée par Jean seul. Quant au nom de Si­mon, il fut si fré­quent chez les Juifs, que deux hôtes de Jésus l’eurent porté. En­fin, l’onc­tion d’­huile pra­ti­quée par les deux femmes fut un hon­neur si fré­quem­ment rendu en Orient, que Jé­sus s’é­tonna de n’a­voir pas reçu du pha­ri­sien cette marque de consi­dé­ra­tion.

Pour le reste, tout fut dif­fé­rent dans les deux his­toires. Ici la Ga­li­lée, là la Ju­dée ; ici le temps de la plus grande ac­ti­vité de Jésus dans son mi­nis­tère, là l’é­poque de sa pas­sion ; ici le blâme de Si­mon, là ce­lui de Ju­das et des dis­ciples ; ici une femme étran­gère à la mai­son, là Ma­rie dont la sœur servit à table ; et, sur­tout, ici une pauvre femme perdue de ré­pu­ta­tion, là la sœur de La­zare, qui ne put être confon­due avec elle ; ici, en­fin, un en­tre­tien de Jé­sus avec Si­mon sur le pé­ché, le par­don et l’a­mour du pé­cheur sauvé ; là Jé­sus pre­nant la dé­fense de Ma­rie et men­tion­nant sa mort pro­chaine.

Il res­sort évi­dem­ment de cette his­toire, que les pé­chés de cette femme eurent ac­quis une no­to­riété pu­blique : une femme de mauvaise vie. La ville ne fut pas nom­mée. Des in­ter­prètes sup­posèrent que ce fut Mag­dala et iden­ti­fièrent la pé­che­resse avec Ma­rie-Ma­de­leine. Ainsi n’acquit dans l’Église la­tine, dès les temps an­ciens, la lé­gende cé­lèbre dans la lit­té­ra­ture re­li­gieuse et dans les arts, de la Ma­de­leine pé­ni­tente. Mais l’i­den­ti­fi­ca­tion de ces deux femmes ne re­posa sur au­cun fon­de­ment.

Luc men­tionna pour la pre­mière fois Ma­rie-Ma­de­leine avec d’autres femmes que Jé­sus  dé­li­vra de ma­lins es­prits et d’in­fir­mi­tés. Luc ajouta que Ma­rie-Ma­de­leine fut au nombre de ces femmes qui sui­virent Jé­sus et ses dis­ciples et  les as­sis­tèrent de leurs biens. La pé­che­resse put-elle être ad­mise à jouer un tel rôle ? Quels mo­biles furent as­sez puis­sants pour ame­ner cette femme dans une mai­son étran­gère, où elle sut bien qu’elle ne ren­con­tre­rait qu’un or­gueilleux mé­pris ? Ce ne fut pro­ba­ble­ment pas sa pre­mière ren­contre avec Jé­sus. Pres­sée par le re­mords, ani­mée d’une vraie re­pen­tance, elle eut cher­ché déjà à le voir, à l’en­tendre, et sans doute, par la pa­role ou par le re­gard, Jésus lui té­moi­gna une com­pas­sion qui fut pour elle la ré­vé­la­tion de la mi­sé­ri­corde di­vine. Un rayon t d’es­pé­rance pé­né­tra dans son âme. Elle re­çût de jésus le par­don seul ca­pable de la sau­ver de sa mi­sère.

« On com­prend mieux le cou­rage qu’eut cette femme de s’ap­pro­cher de Jé­sus au sein d’une telle so­ciété, si l’on se sou­vient qu’en Orient on prend le re­pas du soir : sous le porche de la mai­son, dans une cour ou­verte à tout ve­nant. Ce fait ex­plique bien des traits de l’Évan­gile qui ne s’ac­cor­de­raient guère avec nos habitudes eu­ro­péennes. ( Félix Bovet, Voyage en Terre Sainte, page 402) »  La pé­che­resse put ainsi s’ap­pro­cher et se tenir derrière lui, à ses pieds, age­nouillée pro­ba­ble­ment. Elle ne pro­nonça pas une pa­role, mais son cœur, plein d’­hu­mi­lia­tion et de dou­leur, se ré­pandit en larmes abon­dantes qui tombèrent sur les pieds de Jé­sus.

Ses che­veux dé­noués pendirent épars en signe de deuil, et elle s’en servit pour es­suyer les pieds de Jésus, qu’elle baisa avec vé­né­ra­tion. Elle l’­ho­no­ra en ré­pan­dant sur sa tête le par­fum  qu’elle acheta ; mais n’o­sant éle­ver ses mains ni son re­gard jus­qu’à la tête de Jé­sus, elle se contenta d’oindre ses pieds. « L’a­mour lui en­seigne à faire ce qui pa­raî­trait inepte à qui­conque n’aime pas, ce quenul n’exi­ge­rait d’un es­clave ; et l’a­mour le lui en­seigne sans ins­truc­tion. » (Bengel)

Le pha­ri­sien, dans sa froide di­gnité, ne com­prit rien à cette scène, ni à ce qui en fit la pro­fonde si­gni­fi­ca­tion mo­rale. Il en conclut que ce rabbi, qui se lais­sa ap­pro­cher et toucher par une telle femme, igno­ra ce qu’elle fut et, par consé­quent, ne pu­t être un prophète. Moins aveu­glé par le sen­ti­ment de sa propre jus­tice, moins étran­ger aux saintes dou­leurs de la re­pen­tance, sa conclu­sion au­rait été tout autre, et il se se­rait dit sans doute : Cet homme est le Sau­veur, puisque, en re­ce­vant ainsi une âme pé­ni­tente, il re­pré­sente sur la terre la mi­sé­ri­corde de Dieu même.

Mais loin de là, le blâme qu’il pro­nonça ta­ci­te­ment sur Jé­sus re­tomba lour­de­ment sur la femme qui pleura à ses pieds. Ce ne fut pas sans une in­ten­tion mar­quée que Jé­sus com­mença l’ap­pli­ca­tion de la pa­ra­bole par ces mots : « Je suis entré dans ta maison. » Par là, il  fit au pha­ri­sien un hon­neur que ce­lui-ci ne lui rendit. À trois égards, il manqua à ces bien­veillantes et res­pec­tueuses at­ten­tions avec les­quelles, dans les temps an­ciens, on re­ce­vait dans sa mai­son un hôte qu’on te­nait à ho­no­rer.

D’a­bord, on lui faisait pré­sen­ter par un es­clave de l’eau pour se la­ver et se ra­fraî­chir les pieds :  « Permettez que l’on vous apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre. » (Gn 18, 4) La cha­leur du cli­mat et l’u­sage de ne por­ter que des san­dales ren­daient ce ser­vice bien­fai­sant et né­ces­saire. Le pha­ri­sien le négligea. Mais la pé­ni­tente, au lieu d’eau, offrit ses larmes. En­suite, on re­ce­vait son hôte en lui sou­hai­tant par un baiser la bien­ve­nue. Le mot grec si­gni­fie amitié, affection ; et tels sont les sen­ti­ments qu’on lui té­moi­gnait en l’ac­cueillant ainsi. Les pre­miers chré­tiens conservèrent l’u­sage des Is­raé­lites : « Saluez-vous les uns les autres par un baiser de paix. Toutes les Églises du Christ vous saluent. » (Rm 16, 16)

Si­mon ne donna pas à Jé­sus cette marque d’af­fec­tion. Mais la pé­che­resse, avec au­tant d’­hu­mi­lité que d’a­mour, lui baisa les pieds. En­fin, en Orient, où la cha­leur et les vents brû­lants des­sèchent la peau et les che­veux, on éprou­vait le be­soin de les oindre d’une huile par­fu­mée  : « Tu dresses devant moi une table, En face de mes adversaires; Tu oins d’huile ma tête, Et ma coupe déborde. » (Ps 23, 5) C’est une nou­velle as­su­rance de son sa­lut que Jé­sus donna à la pé­che­resse, par cette pa­role qui fut le com­men­taire lu­mi­neux de tout le ré­cit et qui au­rait dû mettre fin à toutes les contro­verses sur ce su­jet : « Ta foi t’a sauvée. »

Par ces der­niers mots : « Va en paix », Jé­sus congé­dia la femme, afin de la sous­traire aux ob­ser­va­tions bles­santes des convives ; mais il la congé­dia avec le plus grand des biens dans son cœur, la paix de Dieu : « Jésus lui dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix. » (Lc 8, 48)

Diacre Michel Houyoux

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