De l’Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, comme une grande foule se rassemblait, et que de chaque ville on venait vers Jésus, il dit dans une parabole : « Le semeur sortit pour semer la semence, et comme il semait, il en tomba au bord du chemin. Les passants la piétinèrent, et les oiseaux du ciel mangèrent tout. Il en tomba aussi dans les pierres, elle poussa et elle sécha parce qu’elle n’avait pas d’humidité.
Il en tomba aussi au milieu des ronces, et les ronces, en poussant avec elle, l’étouffèrent. Il en tomba enfin dans la bonne terre, elle poussa et elle donna du fruit au centuple. » Disant cela, il éleva la voix : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
Ses disciples lui demandaient ce que signifiait cette parabole. Il leur déclara : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu, mais les autres n’ont que les paraboles. Ainsi, comme il est écrit : Ils regardent sans regarder, ils entendent sans comprendre. Voici ce que signifie la parabole. La semence, c’est la parole de Dieu. Il y a ceux qui sont au bord du chemin : ceux-là ont entendu ; puis le diable survient et il enlève de leur cœur la Parole, pour les empêcher de croire et d’être sauvés.
Il y a ceux qui sont dans les pierres : lorsqu’ils entendent, ils accueillent la Parole avec joie ; mais ils n’ont pas de racines, ils croient pour un moment et, au moment de ’épreuve, ils abandonnent.
Ce qui est tombé dans les ronces, ce sont les gens qui ont entendu, mais qui sont étouffés, chemin faisant, par les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie, et ne parviennent pas à maturité. Et ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont les gens qui ont entendu la Parole dans un cœur bon et généreux, qui la retiennent et portent du fruit par leur persévérance. » (Lc 8, 4-15)
Le semeur sortit pour semer la semence
Une grande foule suivit Jésus ; mais en outre, de chaque ville, dans la contrée où il passa, de nouvelles foules vinrent à lui. Matthieu et Marc décrivirent plus exactement que Luc le lieu et la scène de ce grand rassemblement de peuple et de la prédication de Jésus. Celle-ci eut lieu surtout en parabole. Luc employa ce mot au singulier parce qu’il n’en rapporta qu’une.
Il y a dans ces termes accumulés quelque chose de familier et de solennel à la fois qui excite l’attention. ( Meyer)
Les grains de semence tombés le long du chemin durent être foulés par les passants. Luc seul releva ce trait, que Jésus n’expliqua pas ensuite, mais qui n’en fut pas moins l’une des causes pour lesquelles cette partie de la semence resta improductive. Le roc recouvert d’une légère couche de terre : ce fut ce que les deux autres évangélistes appelèrent des endroits rocailleux.
Le manque d’humidité, expression particulière à Luc, que Matthieu et Marc remplacèrent par celle de manque de profondeur, et par celle-ci : n’avoir point de racine. Ces trois causes de stérilité, qui se complétèrent, se trouvèrent réellement dans la nature du sol. Luc indiqua par ces mots « produire au centuple » le plus haut degré de productivité, tandis que Matthieu et Marc signalèrent aussi les degrés inférieurs : cent, soixante, trente.
Selon les trois évangélistes, Jésus ajouta immédiatement à la parabole ce sérieux avertissement ; mais Luc seul remarqua qu’il le fit à haute voix : il s’écriait, il élevait la voix.Dans les récits de Marc et de Luc, Jésus prononça des paroles qui ne répondirent pas à la question des disciples. Ceux-ci demandèrent à Jésus l’explication de la parabole, explication qu’il leur donna plus tard.
Pour Matthieu, les disciples posèrent à Jésus une autre question encore : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » C’est à cette première question importante que Jésus répondit d’abord : après quoi, revenant à la seconde, il leur indiqua le sens de la parabole.
Luc identifia la parole divine avec les effets produits par elle, et ceux-ci avec les personnes en qui le phénomène s’accomplit. De là ces expressions inusitées : « ceux qui furent semés le long du chemin » ; ceux qui furent sur le roc ; ils n’eurent pas de racine ; ils furent étouffés ; et ce ne fut ensuite que Luc fit ressortir le sens spirituel de l’image.
N’y a-t-il pas dans cette manière irrégulière de s’exprimer : l’intention de faire remonter jusqu’à nous la responsabilité de l’action diverse qu’exerça la parole divine ? C’est lui qui consent à être sauvé par elle, ou qui reste volontairement dans la stérilité et la mort.
Les deux premiers évangiles indiquent, comme sens moral des épines, les inquiétudes et les richesses ; Luc y ajouta les plaisirs, qui furent certainement l’une des principales causes de l’inefficacité de la parole sainte.
Deux traits furent particuliers à Luc : c’est d’abord ce cœur honnête et bon, dans lequel ces derniers auditeurs reçurent et retinrent la parole ; ce fut ensuite cette patience Il ne faut pas soulever la question dogmatique de savoir si un homme peut, avant d’avoir entendu et reçu la parole divine, porter en lui un cœur honnête et bon. Nous présentons, à des degrés très divers, des dispositions bonnes ou mauvaises à l’égard de la vérité.
D’ailleurs, la bonne terre qui produit du fruit eut déjà subi une préparation par le labourage, l’engrais, égaliser le terrain avant les semailles. Ainsi il y a une action prévenante de la grâce de Dieu qui éclaire toute personne sur ses besoins, sa pauvreté, la rend humble, sincère, altérée de justice et de lumière, et la prépare pour le moment où l’Évangile lui sera annoncé.
Diacre Michel Houyoux
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Compléments
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◊ Diacre Michel Houyoux : cliquez ici pour lire l’article → Celui qui reçoit la Parole de Dieu et la comprend, portera beaucoup de fruits (Mt 13, 23)
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Abbé Pierre Desroches ; « La Parabole du semeur »