Lundi de la neuvième semaine du Temps Ordinaire – Année Paire
Posté par diaconos le 3 juin 2024
La parabole des vignerons infidèles incite à être fidèle et obéissant aux commandements christiques. Elle menace du châtiment divin quiconque rejettera Jésus. Dans son homélie LXVIII sur saint Matthieu, Jean Chrysostome dit que les serviteurs envoyés furent les prophètes, et le Fils du vigneron, Jésus-Christ. Dieu demande aux humains de porter du fruit telle la vigne de cette parabole ; cela rejoint la parabole du Vrai cep (Jn 15. 1-12).
La pierre d’angle est aussi Jésus-Christ. Lors de l’angélus du dimanche 2 octobre 2011, le pape Benoît XVI commenta que la vigne, le peuple de Dieu, dut travailler pour le bien et que les croyants devraient rester fidèles au Christ afin de porter le fruit souhaité, le fruit de la compassion.
Dans leur commentaire de cette parabole, l’exégète Daniel Marguerat et Emmanuelle Steffelk indiquèrent que le meurtre du fils bien-aimé est une allégorie de la passion du Christ. Ils ajoutèrent à propos du rejet de la pierre angulaire (Luc, 20, 15-19) que la pierre rejetée Jésus devient pierre dangereuse, pierre d’écrasement. On comprend que l’attitude à l’égard de Jésus] décide du sort ultime de la personne et ceux qui méprisent Jésus s’exposent au jugement divin.
De l’Évangile de Jésus Christ selon Marc
En ce temps-là, Jésus se mit à parler en paraboles aux chefs des prêtres, aux scribes et aux anciens : « Un homme planta une vigne, il l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. Le moment venu, il envoya un serviteur auprès des vignerons pour se faire remettre par eux ce qui lui revenait des fruits de la vigne. Mais les vignerons se saisirent du serviteur, le frappèrent, et le renvoyèrent les mains vides.
De nouveau, il leur envoya un autre serviteur ; et celui-là, ils l’assommèrent et l’humilièrent. Il en envoya encore un autre, et celui-là, ils le tuèrent ; puis beaucoup d’autres serviteurs : ils frappèrent les uns et tuèrent les autres. Il lui restait encore quelqu’un : son fils bien-aimé. Il l’envoya vers eux en dernier, en se disant : “Ils respecteront mon fils.” Mais ces vignerons-là se dirent entre eux : “Voici l’héritier : allons-y ! tuons-le, et l’héritage va être à nous !”
Ils se saisirent de lui, le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne. Que fera le maître de la vigne ? Il viendra, fera périr les vignerons, et donnera la vigne à d’autres. N’avez-vous pas lu ce passage de l’Écriture ? « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! » Les chefs du peuple cherchaient à arrêter Jésus, mais ils eurent peur de la foule. Ils avaient bien compris qu’il avait dit la parabole à leur intention. Ils le laissèrent donc et s’en allèrent. (Mc 12, 1-12)
Reproches aux membres du Sanhédrin
Jésus aimait à rattacher ses enseignements à l’Ancien Testament. Mais la similitude fut développée en vue du but qu’il se proposait. Ce but fut évident : après avoir reproché aux membres du sanhédrin qui écoutèrent leur impénitence, Jésus leur fit sentir, par cette tragique histoire, leur culpabilité ; après les avoir amenés à prononcer leur propre jugement, il les jugea en leur retraçant la conduite inique des chefs d’Israël dans tous les temps.
Eux-mêmes comblèrent la mesure de ces iniquités par le meurtre de celui qui leur parla. Une clôture servait à protéger la vigne contre toute dévastation du dehors. Le pressoir se creusait, chez les Orientaux, dans la vigne même. Il se composait de deux bassins superposés, dont l’un servait à recevoir les raisins qu’on y jetait pour être foulés ; l’autre, placé en dessous, était destiné à recueillir le moût qui y coulait. Enfin la tour était un édifice de garde, bâti au milieu du vignoble et d’où l’on pouvait le surveiller tout entier.
Cela ne veut pas dire que ces agriculteurs auraient à payer en argent le produit annuel de la vigne ; le maître avait conclu avec eux un marché pour la culture de sa vigne ; il devait recevoir tout ou partie de ses produits en nature. Les vignerons maltraitèrent et tuèrent les serviteurs du maître, afin de ne pas lui livrer ses fruits ; maintenant qu’ils tinrent l’héritier, ils pensèrent qu’en le mettant à mort, rien ne pourra s’opposer à ce qu’ils prirent possession de son héritage. Jésus força ses adversaires à prononcer sur eux-mêmes la terrible sentence que méritèrent les vignerons.
Dans Marc et Luc, ce fut Jésus lui-même qui fit la question et la réponse. Le récit de Matthieu est plus dramatique : la conscience des interlocuteurs de Jésus les força à prononcer la condamnation des vignerons, c’est-à-dire leur propre condamnation. C’est encore Matthieu seul qui conserva ce rapprochement de termes, qui fit ressortir combien la condamnation fut sévère et méritée : Il fit périr misérablement ces misérables.
Jésus voulut faire sentir aux chefs de la théocratie quel fut ce fils de la parabole qui rejeta, mis à mort par les vignerons. Eux-mêmes furent les constructeurs insensés et coupables qui réprouvèrent la pierre de l’angle. Cette pierre, dans l’image employée par le psalmiste, est celle qui, placée comme fondement à l’angle d’un bâtiment, supporte deux murs et soutient tout l’édifice. Voilà ce qu’est Jésus-Christ dans le temple spirituel qui s’élève à la gloire de Dieu.
Cette destinée glorieuse, qui fit contraste avec sa réjection par les hommes, est l’œuvre et la volonté expresse de l’Éternel et restera l’objet de l’admiration des siècles : car il est dit dans l’écriture : Voici, je mets en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse ; Et celui qui croit en elle ne sera point confus.» (1P 2, 6) Le maître de maison qui planta une vigne et y donna tous ses soins, c’est Dieu qui, dans sa grande miséricorde, fonda sur cette terre plongée dans les ténèbres par suite du péché, un royaume de vérité, de justice et de paix.
Il le confia à son peuple d’Israël, en particulier aux chefs de la théocratie juive. Il avait le droit d’en attendre et d’en exiger les fruits, fruits de la vie religieuse et morale : reconnaissance, amour, obéissance, sainteté. Les serviteurs qu’il envoya à diverses reprises pour recueillir ces fruits sont ses saints prophètes, qui, hélas !
Furent de tout temps rejetés par le grand nombre, persécutés, mis à mort : «Des femmes recouvrèrent leurs morts par la résurrection ; d’autres furent livrés aux tourments, et n’acceptèrent point de délivrance, afin d’obtenir une meilleure résurrection ; d’autres subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison; ils furent lapidés, sciés, torturés, ils moururent tués par l’épée, ils allèrent çà et là vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités, ceux dont le monde n’était pas digne, errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et les antres de la terre.» (He 1, 35-38)
Quant au fils que le maître de maison envoya ensuite dans son immense amour, l’Évangile tout entier nous dit qui il est, et nous l’entendons, dans cette parabole même, prédire sa réjection et sa mort. Les chefs de la théocratie de son temps eurent, malgré leur incrédulité, le pressentiment qu’il fut l’héritier et qu’en le mettant à mort ils resteraient les maîtres et les possesseurs du royaume. Mais eux-mêmes, en prononçant sur les vignerons ce double jugement, que la vigne leur serait ôtée et qu’ils périraient misérablement, proclamèrent leur propre condamnation.
Jésus confirma cette sentence par ces mots : le royaume de Dieu vous sera ôté, vous en serez exclus, et il sera donné, par pure grâce, à une nation, peuple de Dieu choisi du sein de tous les peuples, qui en produit les fruits. Jésus vit les premiers fruits de ce nouveau royaume. Cette prophétie fut accomplie par la destruction de Jérusalem et la ruine de la théocratie juive, et par l’établissement du royaume de Dieu parmi les nations païennes.
Diacre Michel Houyoux
Complément
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