Diaconos est un blog catholique, créé le mercredi 23 janvier 2008, par Michel Houyoux, diacre et ancien professeur au Collège saint Stanislas à Mons (Belgique),
# La Pentecôte est une fête chrétienne qui célèbre l’effusion du Saint-Esprit le cinquantième jour à partir de Pâques sur un groupe de disciples de Jésus de Nazareth, dont les Douze Apôtres. Cet épisode est relaté dans les Actes des Apôtres. Cette fête, qui clôt le temps pascal et dont la célébration est attestée localement à partir du IVe siècle, puise son origine dans la fête juive de Chavouot, prescrite dans les livres de l’Exode et des Nombres. La Pentecôte se célèbre le septième dimanche après le dimanche de Pâques, à une date mobile calculée par le Comput. Elle tombe toujours un dimanche entre le 10 mai et le 13 juin. Elle se poursuit le lendemain, dans certains pays, par un lundi férié ou chômé, dit « lundi de Pentecôte ».
Dans le calendrier juif, Chavouot se déroule « sept semaines entières » ou cinquante jours jusqu’au lendemain du septième sabbat »v , après la fête de Pessa’h. De là son nom de Fête des Semaines (Chavouot, en hébreu) et celui de Pentecôte (cinquantième [jour], en grec ancien) dans le judaïsme hellénistique. Cinquante jours constituent sept semaines, selon la façon de compter de la Bible, et le chiffre 7 est éminemment symbolique. Depuis le concile Vatican II, l’octave de la Pentecôte n’est plus solennisée hormis dans les branches traditionalistes de l’Église catholique. Depuis ce concile qui a remis à l’honneur le culte rendu à l’Esprit saint, cette fête donne parfois lieu à des célébrations particulièrement festives, notamment au sein des communautés charismatiques..
Pierre était un pêcheur de Galilée, Paul, tout en étant Juif, était aussi un citoyen romain, né à Tarse et avait reçu la meilleure formation intellectuelle qu’on pouvait alors recevoir. Pierre avait vécu avec le Christ durant toute la durée de son ministère public ; Paul n’avait rencontré le Christ que sur le chemin de Damas, dans une vision, alors qu’il allait persécuter les Chrétiens. Paul avait un tempérament fougueux et avec qui, il n’était pas facile de dialoguer.
Pierre, avec sa grande spontanéité qui lui faisait faire bien des gaffes, avait aussi la simplicité qui en faisait un chef que l’on ne craignait pas. Pierre et Paul eurent leurs moments de friction et d’explication et surent diverger d’opinions mais restèrent toujours unis dans l’amour du Christ que l’un et l’autre aima jusqu’à accepter la mort du martyre. À la question, toujours actuelle, de Jésus à ses disciples : « Mais pour vous, qui suis-je? » (Mt 16, 15), nous répondons, une fois de plus en cette solennité des saints Apôtres Pierre et Paul, en unissant nos voix à celle de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.
« Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 16, 17). » Après deux mille ans, le « roc » sur lequel est fondée l’Église reste toujours le même : c’est la foi de Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église » (Mt 16,18a) : le Christ a construit son Église, un édifice spirituel qui a résisté à l’usure des siècles. Assurément, l’Église n’aurait pas pu résister à l’assaut de tant d’ennemis sur des bases uniquement humaines et historiques.
Au cours des siècles, l’Esprit Saint a illuminé des hommes et des femmes de tout âge, vocation et condition sociale, pour en faire des pierres vivantes de cette Église : » Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel. »(1 P 2, 5) Ce sont les saints, que Dieu suscite avec une créativité inépuisable. Ils sont bien plus nombreux que ceux que l’Église a canonisé. Une seule foi, un seul roc, une seule pierre d’angle : c’est le Christ Jésus. La pierre angulaire, c’est bien le Christ Jésus lui-même.
» En lui, toute la construction s’élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous êtes, vous aussi, des éléments de la construction pour devenir par l’Esprit Saint la demeure de Dieu. » (Ép 2, 20-22) « J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course,
Si saint Paul vivait aujourd’hui, comment exprimerait-il l’aspiration missionnaire qui a distingué son action au service de l’Évangile ? Et saint Pierre ne manquerait certes pas de l’encourager dans ce généreux élan apostolique, en lui donnant la main droite en signe de communion : « Ayant reconnu la grâce qui m’a été donnée, Jacques, Pierre et Jean, qui sont considérés dans l’Église comme les colonnes, nous ont tendu la main, à Barnabé et à moi, en signe de communion : ainsi nous irions vers les païens, et eux vers les Juifs. » (Ga 2, 9).
C’est pourquoi nous confions à l’intercession de saints Pierre et Paul le chemin de l’Église dans le monde. Prions la sainte Vierge Marie, la reine des apôtres, afin que partout, le peuple chrétien grandisse dans la communion fraternelle et dans l’élan missionnaire.
Diacre Michel Houyoux
ISB: 13 978-3-8416-8809-4
AuteurDiacre Michel Houyoux - 252 pages , publié en fran9ais le 09 juillet 2012
Prix 49€
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# Le Salut de l’âme est l’un des thèmes fondamentaux du christianisme. Il permet l’accès au paradis. Son étude se nomme la sotériologie. Le Salut, dans le christianisme, est associé au Christ, considéré comme le rédempteur de l’humanité ; ainsi la sotériologie est-elle liée à la christologie. Dans le catholicisme, il est offert par la grâce, les sacrements et les bonnes œuvres. Dans le protestantisme et le christianisme évangélique, il est offert par la foi et la grâce seulement. Cette notion recouvre une grande variété de thèmes, qui ont été plus ou moins développés selon les périodes de l’histoire et selon les confessions chrétiennes..
Au IIe siècle, Clément d’Alexandrie, l’un des premiers chrétiens à maîtriser la philosophie classique antique, utilisa de nombreuses images pour décrire le salut apporté par le Christ. Il utilisa celle de la lumière qui donne l’intelligence, ou de la musique qui adoucit les cœurs. Au IVe siècle, Athanase d’Alexandrie décrit le salut comme étant le fait que Dieu, Père, Fils et Esprit habite en l’homme, déjà en cette vie. La théologie médiévale laissa peu de place à la liberté humaine : Thomas d’Aquin tenta d’organiser autour de la pensée d’Augustin un système métaphysique permettant de concilier grâce et liberté humaine.
De l’Évangile selon Jean
20 Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. 21 Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. 22 Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : 23 moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
24 Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. 25 Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. 26 Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. » (Jn 17, 20-26)
Croyons à Jésus pour être sauvés
Jésus, après avoir prié pour lui-même et pour ses apôtres, embrassa dans sa supplication tous ceux qui crurent en lui et seront sauvés. Le moyen par lequel ceux qui furent encore plongés dans les ténèbres de l’ignorance et de l’incrédulité furent amenés à la foi au Christ, ce fut la parole des apôtres. Témoignage éclatant rendu par Jésus. Jésus lui-même a la vérité et a l’autorité divines de la parole apostolique : elle a la puissance de créer dans les âmes la foi qui les régénère et les sauve. Toute l’Église chrétienne n’a connu Jésus-Christ et n’a cru en lui que par ce témoignage, qui conservera sa valeur jusqu’à la fin des siècles.
L’objet de la prière de Jésus pour son Église, ce fut l’union de tous ses membres dans la communion du Père et du Fils. Cette union qu’il demanda auparavant pour ses disciples , il pria Dieu de la réaliser dans tous ses enfants ; ceux-ci durent être un comme le Père et le Fils sont un, ils durent être tous ensemble unis à Christ, et par lui à Dieu. De là, ce mot profond : un en nous, qui élève tous les rachetés jusqu’à la gloire éternelle que Jésus leur a acquise. .
Cette partie de la prière de Jésus nous révèle la nature de son Église. Il est venu pour unir, en les réconciliant avec Dieu les âmes que le péché avait divisées. Le lien de cette union est le même que celui qui fait l’ineffable harmonie du Père et du Fils : « Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi. » Mais cette union, fondée sur la communion avec Dieu par Christ, ne doit pas et ne peut pas rester invisible ; elle se manifeste nécessairement au dehors, et c’est précisément cette sainte union des âmes, dans la foi et l’amour, qui doit être pour tous un éclatant témoignage que Jésus est l’envoyé de Dieu.
C’est par elle surtout que les âmes sont attirées au Christ et croient en lui. Elle fut, en effet, dès les premiers âges de l’Église, le plus puissant moyen de persuasion pour le monde : « Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur ». ) louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvé » (Ac 2, 46-47)
Aussi les exhortations à maintenir cette union des âmes dans l’amour, qui remplissent les écrits de Jean, reviennent elles également souvent sous la plume de l’apôtre Paul (Rm 12, 4-6 ; 1 Co 12, 12, Ép 4., 1-6 ; Ph 2, 1-5). Jésus, sûr d’être exaucé, rappela ce que déjà il fit pour élever ses rachetés jusqu’à l’unité parfaite qu’il demanda pour eux. Et moi, dit il, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée.
Cette gloire, que les exégètes essayèrent d’expliquer de manières si diverses, ne fut autre que la gloire éternelle, dont le Fils de Dieu est possesseur en sa qualité de Fils et en tant qu’il est l’objet de l’amour éternel du Père, la gloire dans laquelle il rentra. Il l’a donnée, non seulement révélée ou promise, mais déjà communiquée à ses rachetés en les rendant eux aussi les objets de l’amour de Dieu et en faisant d’eux des fils du Père.
Cette gloire est tout entière contenue en droit dans la parole de grâce qu’ils reçurent et leur fut assurée en vertu de la foi qui les unit à Jésus. Jusqu’à fa fin des temps, ils la possèdent pleinement en fait. Cette gloire, qui renferme en elle la vie éternelle et implique la communion avec Dieu, constitue nécessairement l’unité que Jésus décrit si magnifiquement dans ces paroles. Christ vivant, pensant, aimant, agissant dans ses disciples, comme le Père vit, pense, aime et agit en lui, telle est l’unité parfaite des âmes avec le Christ et avec Dieu, et par là même leur unité mutuelle.
Jésus-Christ est l’Envoyé, le représentant de Dieu même sur la terre, et ensuite, qu’un tel amour répandu parmi les hommes ne peut être que l’effusion de l’amour de Dieu lui-même. Il y a une révélation profonde de l’amour de Dieu pour tous dans cette parole : » Tu les as aimés comme tu m’as aimé ».
Jésus demanda pour les siens la réalisation parfaite de cette gloire que déjà il donna à leur foi par sa parole Père, répéta-t-il avec l’émotion croissante de sa prière. Et cette prière fut exaucée, car elle concerne ceux que le Père lui a donnés, tous ses rachetés, et non pas seulement les premiers disciples.
Si les disciples connurent Dieu, ce fut uniquement parce que Jésus leur fit connaître son nom ; et cette lumière divine, il la fit plus encore resplendir dans leur âme par l’effusion du Saint-Esprit : et je le leur ferai connaître.
Le but suprême de tant de grâces fut que les disciples fussent rendus participants de ce rapport ineffable d’amour qui unit le Père et le Fils ett que, par là même, leur communion avec Jésus fut complète : « que je sois en eux ».
C’est par cette grande promesse que Jésus acheva sa prière ; et elle fut faite dans toute l’expérience des disciples et dans tous leurs travaux. Rien ne les sépara de l’amour de Dieu en Christ ; Christ vécut en eux et ils furent plus que vainqueurs par Celui qui les aima.(Meyer)
# La Règle d’or est une éthique de réciprocité dont le principe fondamental est énoncé dans presque toutes les grandes religions et cultures : »Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ». Cette forme de morale universelle se retrouve dans les préceptes philosophiques de l’Égypte antique et de l’Antiquité grecque que dans les religions orientales (hindouisme, bouddhisme, taoïsme, confucianisme…), proche-orientales ou occidentales (judaïsme, christianisme, islam) ou encore dans l’humanisme athée.
La formulation la plus répandue de la Règle d’or en Occident est « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », commandement de la Torah ou Ancien Testament exprimé dans le Lévitique (Lv 19,18), développé à l’époque de Jésus de Nazareth par le rabbin Hillel, et que Jésus cite (Mt 22 37-40 ) comme étant l’essence des six commandements du Décalogue qui se rapportent aux relations humaines (Ex 20 12-17 [archive]). Cette règle constitue une source d’inspiration essentielle pour l’approfondissement du concept moderne des droits de l’homme. La Règle d’or fut reprise par Jésus en répondant par la parabole du Bon Samaritain . Elle fut complétée par le principe de non-agression : « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui la joue gauche »
De l’Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
11 Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde-les unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. 12 Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie.
13 Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. 14 Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. 15 Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. 16 Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.
17 Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. 18 De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. 19 Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. (Jn 17, 11-19)
Père, garde mes disciples et conduis-les à l’éternelle unité du Père et du Fils !
« Garde-les et conduis-les à l’éternelle unité du Père et du Fils ! » Tel fut l’objet de la prière que Jésus prononça pour les disciples. Avant de demander cette grâce, Jésus exprima le besoin qu’ils en eurent, parce qu’il les quittera et les laissera sans lui dans ce monde ennemi de Dieu et de son règne, où ils rencontrèrent de nouveaux dangers. Jésus ne fut plus avec eux, dans le monde pour les garder, et il ne fut pas encore auprès de Dieu, pour pouvoir les protéger du sein de sa gloire céleste.
Il y eut là un intervalle douloureux, durant lequel son Père se chargea de ce soin. (Godet) Père saint, dit Jésus avec le sentiment profond que la sainteté de Dieu, son éternelle vérité, son immuable amour est l’opposé absolu du mensonge et de là corruption qui règnent dans le monde, et dont Dieu préservera les siens en les rendant participants de cette sainteté par son Esprit. Garde-les en ton nom : ce nom est l’expression de toutes les perfections que Dieu déploiera en leur faveur pour les préserver du mal. Sa fidélité est engagée à les garder jusqu’à la fin.
Eux que tu m’as donnés : avec quel amour Jésus les désigna ainsi, pour la seconde fois ! Le but suprême de cette supplication fut que tous les disciples de Jésus, soient amenés à cette unité sainte de la vie divine et de l’amour, qui est celle du Père et du Fils. Le péché a divisé les hommes en les séparant de Dieu, leur centre et leur lien ; l’œuvre et la gloire de la rédemption opérée par Jésus-Christ c’est d’élever notre humanité jusqu’à l’unité que le Fils possède avec son Père.
Jésus nous y introduit en nous communiquant l’Esprit d’amour qui l’unit au Père, et c’est dans ce sens profond que la connaissance du Père et du Fils est la vie éternelle. Bengel fit, entre l’unité du Père et du Fils et celle à laquelle nous sommes destinés, cette distinction très juste : « Celle-là est une unité d’essence : celle-ci une unité par la grâce ; ainsi la seconde est semblable, mais non égale à la première ».
Un regard en arrière réveilla en Jésus la conscience d’avoir fidèlement gardé les siens jusqu’à ce moment suprême où il les recommanda à Dieu. Cette parole qu’il prononça : « Aucun d’eux n’a péri, lui rappelle une douloureuse exception, celle de Judas, qu’il évita de nommer, mais qu’il désigna de manière à montrer que sa responsabilité à cet égard fut couverte par une autorité souveraine, celle de l’Écriture qui dut être accomplie.
Si la trahison de Judas fut l’objet d’une prévision divine, cela ne voulut pas dire que ce crime ne fût pas l’acte libre de sa volonté et qu’il n’en dut pas porter toute la responsabilité. Le mal une fois vivant dans son cœur, Dieu en dirigea les effets de manière que, selon son insondable sagesse, il en résulta le salut du monde. Rien ne prouva mieux la liberté et la responsabilité de Judas que les nombreux avertissements que Jésus lui adressa jusqu’au dernier moment, afin de le ramener de son égarement et de le sauver.
Si Judas les avait entendus, et se fût repenti, même après son crime, il en aurait obtenu le pardon. La parole divine que Jésus donna à ses disciples les sépara du monde et de la corruption qui y règne, le monde les eut pris en haine, de là le besoin pressant qu’ils eurent d’être gardés préservés du mal ; de là aussi l’insistance de la prière de Jésus. Pour la seconde fois , Jésus présenta à Dieu cette considération qu’ils ne fussent pas du monde, comme motif de la grâce qu’il demanda.
Avec quel amour et quelle condescendance Jésus égala ses disciples à lui-même comme n’étant pas du monde ! Sa charité couvrit ce qui resta encore du monde en eux ; il le vit d’avance anéanti par la parole qu’il leur donna. Il ne regarda qu’aux dons de sa grâce et oublia ce qui, en eux, y fut encore opposé.Beaucoup d’exégètes, pour expliquer ce mot : sanctifier, remontèrent à la signification qu’il a dans l’Ancien Testament : mettre à part de tout usage profane, consacrer entièrement à Dieu et à son service ; et ils appliquèrent ce mot à leur vocation.
# On appelle Prière sacerdotale la prière que Jésus fait à son Père à la fin du ‘Discours d’adieux’ qui suit le lavement des pieds. Elle occupe tout le chapitre 17e de l’évangile de saint Jean. Y assumant implicitement le rôle de Grand-prêtre (sans que le mot soit employé) Jésus, à l’approche de sa mort (Passion), se perçoit mystiquement tout à la fois comme ‘prêtre et offrande à Dieu’, dans le sacrifice ultime de sa vie pour la Rédemption du monde.
Les Pères de l’Église, tel Cyrille d’Alexandrie (Ve siècle), soulignaient déjà le caractère sacerdotal du chapitre 17 de l’évangile de Jean. Le théologien du Moyen Âge, Rupert de Deutz (†1129) est explicite lorsqu’il parle de Jésus comme ‘prêtre propitiatoire’ autant que ’offrande de propitiation’. C’est cependant le théologien luthérienDavid Chytraeus (1530-1600) qui parle de chapitre comme étant la ‘Prière sacerdotale’ de Jésus. Il est repris depuis par tous les exégètes et théologiens. Lors de la fête de l’Expiation le Grand prêtre d’Israël suivait un rituel défini tel qu’on le trouve fixé dans le Lévitique, un des cinq premiers livres de la Bible Les sacrifices expiatoires d’animaux furent offerts pour le Grand Prêtre lui-même, puis pour la classe sacerdotale et enfin pour le peuple d’Israël. Jésus reprend le même schéma.
De l’Évangile selon Jean
01 Ainsi parla Jésus. Puis il leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. 02 Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. 03 Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. 04 Moi, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire.
05 Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. 06 J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. 07 Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, 08 car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé.
09 Moi, je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi. 10 Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux. 11 Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde-les unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. (Jn 17, 1-11a)
La prière sacerdotale de Jésus-Christ
Jésus a achevé les discours qui devaient préparer les disciples à son départ à sa glorification, à une communion invisible et spirituelle avec lui, il les a terminés par ce mot triomphant : « J’ai vaincu le monde ! » (Jn 16. 33). Levant lesyeux au ciel, Jésus s’adressa à son Père et il pria. Il Pria à haute voix, au milieu de ses disciples, et quelle prière ! Prière ardente, et pourtant sereine, dans laquelle, comme le dit Luther : « Jésus répand en présence de Dieu et de ses disciples le dernier fond de son âme ».
Il n’y a, ni dans l’Écriture, ni dans les littératures des peuples, rien qui égale la simplicité et la profondeur, la grandeur et l’intimité de cette prière. (Luthardt)
Quelle impression ne dut-elle pas laisser dans le cœur des disciples ! Il ne fut pas étonnant qu’elle resta gravée dans l’âme de Jean et qu’il put nous la conserver fidèlement. Tout dans cette inimitable prière, fut en parfaite harmonie avec la situation et avec les besoins de l’âme de Jésus et de ses disciples. On l’appela Prière sacerdotale, parce qu’en la prononçant Jésus fit acte de souverain sacrificateur : il s’offrit à Dieu comme une oblation sainte et il préluda à ce sacrifice en intercédant pour ses disciples et pour toute son Église.
Père, dit Jésus, il le prononça six fois, avec amour, dans cette prière. Ses disciples apprirent de lui à considérer Dieu comme un Père, car, quoique Dieu fût son Père dans un sens unique et exclusif, il les autorisa à invoquer Dieu comme lui le fit., parce que, rachetés par lui, ils reçurent l’adoption et devinrent des enfants de Dieu : « Et vous n’avez pas reçu un esprit d’esclavage pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba ! Père ! » (Rm 8, 15)
L’heure vint, l’heure de la mort, qui fut, par la suite, suivie de la gloire. Tant que cette heure marquée par la volonté souveraine de Dieu n’était pas venue, les adversaires étaient impuissants à rien entreprendre contre Jésus ; mais il se livra volontairement à eux. La première chose que demanda Jésus, fut sa glorification. Ce qu’il entendit par là, il le précisa : sa réintégration dans la gloire éternelle.
Jésus glorifia Dieu dans toute sa vie. Ce ne fut qu’après être rentré dans la plénitude de sa puissance divine qu’il en manifestant les attributs divins de la toute-puissance et de la toute présence pour achever son œuvre par l’envoi du Saint Esprit et par l’établissement de son règne dans le monde. L’intention miséricordieuse de Dieu, en conférant à Jésus ce pouvoir sur notre humanité, a été qu’il donne la vie éternelle, à tous ceux que le Père lui a donnés.
Ce serait peu de chose, s’il disait simplement : Tout ce qui est à moi est à toi ; car cela, chacun peut le dire, mais qu’il affirme l’inverse et dise : Tout ce qui est à toi est à moi, c’est ce qu’aucune créature ne peut prétendre devant Dieu.(Luther)
Les disciples furent dignes des grâces demandées pour eux, non seulement parce qu’ils furent à Jésus comme ils furent à Dieu mais parce que Jésus fut glorifié en eux. Il fut glorifié déjà en ce qu’ils crurent en lui et l’aimèrent ; et il le fut dans le monde par leur témoignage et par toute leur vie.
Garde-les et conduis-les à l’éternelle unité du Père et du Fils ! Tel fut l’objet de la prière que Jésus prononça pour les disciples. Avant de demander cette grâce, Jésus exprima le profond besoin qu’ils en eurent, parce qu’il allait les quitter et les laisser sans lui dans ce monde ennemi de Dieu et de son règne, où ils rencontrèrent à chaque pas de nouveaux dangers.
Jésus n’est plus avec eux, dans le monde pour les garder, et il n’est pas encore auprès de Dieu, pour pouvoir les protéger du sein de sa gloire céleste. Il y a là un intervalle douloureux, durant lequel son Père doit se charger de ce soin. (Godet)
Père saint, dit Jésus avec le sentiment profond que la sainteté de Dieu, son éternelle vérité, son immuable amour est l’opposé absolu du mensonge et de là corruption qui règnent dans le monde, et dont Dieu préservera les siens en les rendant participants de cette sainteté par son Esprit. Garde-les en ton nom : ce nom est l’expression de toutes les perfections que Dieu déploiera en leur faveur pour les préserver du mal. Sa fidélité est engagée à les garder jusqu’à la fin.
Enfin, le but suprême de cette ardente supplication fut que les disciples, tous les disciples de Jésus, furent amenés à cette unité sainte de la vie divine et de l’amour, qui est celle du Père et du Fils. Le péché a divisé les hommes en les séparant de Dieu, leur centre et leur lien ; l’œuvre et la gloire de la rédemption opérée par Jésus-Christ c’est d’élever notre humanité jusqu’à l’unité que le Fils possède avec son Père.
Jésus nous y introduit en nous communiquant l’Esprit d’amour qui l’unit au Père, et c’est dans ce sens profond que la connaissance du Père et du Fils est la vie éternelle. Bengel fit, entre l’unité du Père et du Fils et celle à laquelle nous sommes destinés, cette distinction très juste : « Celle-là est une unité d’essence : celle-ci une unité par la grâce ; ainsi la seconde est semblable, mais non égale à la première ».