
Le printemps est arrivé et la nature se transforme
Le voici qui vient, bondissant sur les montagnes » (Ct 2,8). Le Christ ne s’est fait d’abord connaître à l’Église que par sa voix. Il a commencé par lancer sa voix devant lui par l’intermédiaire des prophètes ; sans se laisser voir, il se faisait entendre. Sa voix portait dans les messages que l’on annonçait de lui,
Extrait du livre des Cantiques au chapitre deux
La voix de mon bien-aimé ! C’est lui, il vient… Il bondit sur les montagnes, il court sur les collines, mon bien-aimé, pareil à la gazelle, au faon de la biche. Le voici, c’est lui qui se tient derrière notre mur : il regarde aux fenêtres, guette par le treillage. Il parle, mon bien-aimé, il me dit : Lève-toi, mon amie, ma toute belle, et viens…
Vois, l’hiver s’en est allé, les pluies ont cessé, elles se sont enfuies. Sur la terre apparaissent les fleurs, le temps des chansons est venu et la voix de la tourterelle s’entend sur notre terre. Le figuier a formé ses premiers fruits, la vigne fleurie exhale sa bonne odeur. Lève-toi, mon amie, ma toute belle, et viens… Ma colombe, dans les fentes du rocher, dans les retraites escarpées, que je voie ton visage, que j’entende ta voix ! Ta voix est douce et ton visage, charmant.

Sulammith, l’une des jeunes filles du harem célébra le bonheur d’être l’objet des attentions d’un roi tel que Salomon. Elle entendit dans son rêve les pas de son bien-aimé, puisqu’elle le dépeignit sautant, bondissant comme une gazelle, ou au faon d’une biche. Cherchant à voir à travers les fenêtres ce qui se passa dans la maison. Elle aperçut son œil brillant, qui perça à travers le treillis qui ornait les fenêtres. Le bien-aimé invita Sulammith à une promenade pour jouir de toute la beauté d’une journée printanière.
Le printemps étant arrivé, toute la nature fut transformée, le chant des oiseaux, les premières fleurs, les premiers fruits et sur les figuiers la première récolte. Tout cela invite à la promenade. Comme Sulammith ne répondit pas, le bien-aimé la compara à une colombe qui se cacherait dans les fentes des rochers ; il désira intensément entendre sa voix. Quand le figuier produit ses premiers fruits, on est assuré que l’été est proche, de même le royaume de Dieu est proche : « Instruisez-vous par une comparaison tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent tendres, et que les feuilles poussent, vous connaissez que l’été est proche. De même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche, à la porte.… »(Mt 24, 32-33)
Note : Le figuier porte en Palestine deux espèces de figues : les précoces, qui poussent sur le bois de l’année précédente et qui sont mûres au mois de juin, et les tardives, qui poussent sur les branches nouvelles de l’année et apparaissent à la base des feuilles, mûrissant successivement dès le mois d’août, les unes encore durant l’été, les autres restant suspendues à l’arbre pendant tout l’hiver et n’étant mûres qu’au printemps, seulement après l’apparition des feuilles. Jésus Seigneur nous invite à le connaître pour mieux le suivre. Le but ultime de cette démarche est notre croissance humaine et spirituelle. Sur le chemin de notre vie, la rencontre avec Jésus doit nous transformer, nous humaniser davantage pour en être comme divinisé.
C’est ainsi que si nous cherchons à le connaître davantage, à en faire un maître et un ami, nous pourrons mieux servir l’humanité souffrante. Faire et répandre le bien sont inscrits dans notre vocation profonde. C’est une manière concrète de vivre et d’incarner notre consécration baptismale. Néanmoins, si le bien ne fait pas de bruit, il porte beaucoup de fruits, comme les grains de blé semés. C’est un travail, un exercice qui est avant tout spirituel. Pour marcher vers cet objectif, nous avons seulement à contempler le Christ. Il est la Parole du Père qui nous donne de le connaître pour que son nom soit glorifié.
Servons la gloire de Dieu
Portons ter le nom de Jésus dans notre entourage pour que sa lumière l’éclaire de la clarté pascale. C’est l’un des sens que peut prendre le Carême. Ce temps, pour chercher à mieux connaître le Christ, n’a de sens que s’il est orienté vers Pâques. Cette lumière qui éclaire le monde et nos vies, nous avons à en être les porteurs ; notre monde en a tant besoin. Notre appel à servir le monde, au nom du Christ, nous conduit à nous porter les uns, les autres, d’abord par la prière fraternelle. Offrir à Jésus les personnes qui nous sont confiées et qui partagent notre quotidien, de manière proche ou lointaine, est un impératif. C’est un acte humble, qui ne fait pas de bruit, mais qui doit être le cœur de nos journées.
La vie n’est pas faite que de joies. Il y a aussi les peines, les tristesses, toutes ces croix quotidiennes. Elles nous donnent parfois à être un grain de blé moulu par la dent des bêtes. Tel était fut le souhait d’Ignace d’Antioche. Cependant, nous ne sommes pas tous appelés à la vocation du martyre. Ces croix font parties de la vie. Elles sont parfois douloureuses et difficiles à porter. La force de Dieu nous est continuellement donnée, mais nous la portons dans des vases d’argile (2 Co 4, 7). Cette fragilité est, en même temps, l’être même de Dieu. De la crèche au tombeau, en passant par sa vie pèlerine, il s’est fait fragile. Il s’est laissé toucher par les détresses des personnes, a communié à leurs blessures pour les assumer, les parachever sur la croix.
Dieu nous invite à découvrir la grâce de l’incarnation de son Fils. Cet acte d’amour suprême est un marqueur indélébile de notre engagement à la suite du Christ. Entrons donc le cœur léger dans ces dernières semaines avant Pâques qui nous feront découvrir le cœur blessé du Christ. Il est le lieu où nous pouvons lui confier nos manques d’amour, de foi et de charité, et recevoir sa miséricorde.
Diacre Michel Houyoux
♥ Acceptons la volonté de Dieu
